« Sommes-nous les enfants du signifiant ou de la topologie ? »
C’est ainsi que Charles Melman introduisait une des premières journées de notre Association consacrée à la topologie en psychanalyse, il y déjà quarante ans. Ainsi marquait-il sous la forme d’une opposition, voire d’une rupture, ce que la plupart d’entre nous percevait au mieux dans une continuité, au pire comme un fourvoiement inutile et embarrassant. L’importance que notre maître accordait aux dernières productions de Lacan, à ses dessins de nœuds énigmatiques, étonnait les uns, repoussait les autres. Par exemple, pourquoi cette insistance sur le nœud borroméen à trois ou à quatre ? Qu’est-ce que ça change ?
L’exemple de Freud aurait pu nous éclairer. Devant les difficultés nouvelles rencontrées dans sa pratique, Freud, en inventant la deuxième topique, pensait créer un outil plus efficace pour ce qui se présentait comme une nouvelle clinique. L’appui pris par Lacan sur les mathématiques et en particulier sur la topologie pour donner à la psychanalyse un socle scientifique, répond sans doute à une nécessité analogue de travailler sur cette nouvelle clinique, celle des enfants du discours scientifique que nous sommes, ce dont nous pâtissons… En quoi la topologie est-elle à même de rendre compte de la clinique contemporaine ? Telle est la question posée au cours de ces journées.