Tous topologues
Tous topologues
Est-ce que le maniement de la topologie lacanienne est une condition pour être psychanalyste ? Est-ce que cette pratique serait réservée aux plus aguerris, à ceux qui auraient un type d’intelligence - ou de refoulement - qui leur permettrait de percer les secrets abstraits des surfaces, des volumes et autres noeuds ?
L’un des nos collègues, parmi les plus habiles aux ficelles, nous rappelait il y a quelques jours : puisque nous parlons, nous faisons tous de la topologie sans le savoir. Et comme ça, en une phrase, il réussissait cette articulation, ce coinçage entre la théorie et la pratique, que nous appelons la clinique. Chapeau bas à sa mèche blanche car le signifiant est en effet une topologie quotidienne, qui découpe une surface et en limite sa jouissance : vous êtes l’enfant de quelqu’un, par exemple, et cela encadre votre relation.
Les Wahrnehmungzeichen de Freud, c’était déjà une prise en compte du réel, une tentative d’écriture, une topographie. Puis, grâce à la linguistique et à la logique mathématique, Lacan nous a permis d’échapper à la dérive qu’aurait été une evidence based psychoanalysis car les outils de sa topologie nous obligent à considérer d’autres dimensions, d’autres bords, qui se dérobent au regard.
Cette topologie est même inscrite sur l’acte de naissance de notre association : ce n’est pas une fleur de lotus qui nous sert de « logo » mais un diagramme de Venn en réalité, qui symbolise un ensemble vide faisant tenir les autres.
Nos journées de juin mettront tout ça en mouvement et nous concernent tous.
Omar Guerrero