Deux places dissymétriques
Deux places dissymétriques
L’enseignement de Lacan tel qu’il nous a été transmis par Charles Melman a ceci de précieux en nos temps de tempêtes de tous ordres : il nous donne des indications sur ce qui fait le lot de notre condition.
Ainsi, prenons l’exemple des inégalités. Bien sûr, celles-ci sont à combattre, bien sûr, la nouvelle donne sociétale ne semble pas les avoir fait régresser… au contraire ! Mais, en fin du compte, l’inégalité sera toujours au rendez-vous, elle n’est “assignée” par personne, même pas par le patriarcat, encore que celui-ci est loin d’avoir eu l’élégance de ne pas en abuser.
L’inégalité est conséquence des deux places que génère le fait de parler : celle de l’auditeur et celle du locuteur. Ce dernier a certes en apparence l’avantage mais le premier en a un autre, il faut son acquiescement et c’est toujours à cette dissymétrie que l’on a affaire.
Prendre la mesure de ce fait inhérent aux parlêtres pourrait nous être bien utile pour entendre, par exemple, que gouvernants et gouvernés occupent des places différentes et que, à vouloir les rendres symétriques, on s’expose à plus d’un déboire, dont l’affrontement imaginaire et la violence qui s’ensuit ne sont que les effets les plus tangibles.