Marabout, bout de ficelle
Marabout, bout de ficelle
La responsabilité pénale du meurtrier a donc été jugée selon l’état de conscience, obnubilé ou non, qui était le sien au moment de l’acte, fortement parfumé paraît-il au cannabis. Voilà qui est bien sauf si l’on demande simplement aux intéressés, aux juges, aux théologiens et aux spécialistes : qu’est-ce que la conscience ?
Et qu’en dites-vous vous mêmes ? Parce que si l’on répond que c’est l’état déterminé par l’intervention active prévalente et responsable du sujet dans ses pensées et dans ses actes, que devient sa singularité lorsque son statut est la soumission à une idéologie, à une religion ou à un ordre plus simplement ?
Dans notre cas (celui de la petite mémé balancée par une fenêtre parce qu’elle était née juive) la soumission est exigée par une religion qui veut que le fidèle renonce à toute prescription qui ne serait pas celle du texte sacré, abolissant ainsi la réflexion, l’analyse et la responsabilité personnelles. De sorte que ce texte informe en permanence une conscience qui, au détriment de toute réalité, n’a pas d’auteur autre que Dieu lui-même : sacrifice du sujet pour rendre effective Sa gloire.
Le cannabis a certes pour propriété de lever les inhibitions mais celle qui est prescriptive des avantages de la liberté alors gagnée est la religion qui fait de l’obnubilation de la conscience la fin de son enseignement.
Il n’y a pas loin à remarquer que la véritable obnubilation provoquée par le procédé, est celle de l’inconscient, de tout désir qui serait singulier.
Pour revenir à notre meurtrier, dealer de profession par ailleurs et donc prophète, il paraît qu’il se serait plaint les jours avant son forfait d’être marabouté par son beau-père. La connaissance de la psychologie africaine fait que le maraboutage est pris localement pour un fait physiologique, illustrant qu’elle a une meilleure appréhension que nous de l’aliénation dans laquelle se débat une conscience toujours prête, partout, à renoncer à ses responsabilités et donc à étouffer son inconscient.
Mais que la conscience soit lâcheté et ce devant son propre inconscient, c’est bien vrai.
Freud d’ailleurs a dû le dire.