Godille
Godille
Sur l’écran de l’opinion publique chacun fait en même temps passer son propre film, de sorte qu’un vacarme incohérent est aujourd’hui le bruit de fond généralisé qui absorbe aussitôt toute intervention. Il n’y a donc plus de savoir partagé qui fasse autorité, et c’est même la dénonciation de ses gardiens supposés, dits “les élites” qui a pu servir de programme gagnant au leader de la première démocratie. Pour, à la place de la vérité, “dire au peuple ce qu’il veut entendre” encore faut-il avoir une idée de ce qu’il souhaite. Or ce qu’il souhaite est connu : il veut l’égalité, qu’elle soit de classe ou de sexe et que la force rendue ainsi totalitaire du chef se transmette directement à chacun de ses troupiers, le bonheur. Sparte contre Athènes, vieille histoire.
Mais, pour sagement en rester à notre petit domaine, il est amusant de voir qu’il semble réglé par le même dispositif. Combien de fois ai-je dû entendre des bonnes dames de l’École rappeler que la théorie n’était que la façon qu’avaient les petits garçons de se rassurer sur le fait d’en savoir un bout et que le vrai patron est l’insu. Ce qui est bien vrai – admirons au passage l’égalité ainsi affirmée entre inconscients – sauf que nos amies restaient en panne de découvrir ce qui meut leur savoir inconscient faute de théorie. À l’autre extrême, on voit des groupes se réclamer d’une maîtrise du savoir, domination de tout ce qui bouge et donc de l’inconscient.
Admirons donc l’équilibre de notre Association, sa façon de substituer avec humilité la godille à Godot.