À qui s’en prendre ?

À qui s’en prendre ?
Certains disent qu’il y a deux sortes d’épidémie. L’une qui diffuse par internet et qui fait, par exemple, une foule se rassembler autour d’une fausse nouvelle, voire parfois d’une vraie et qui réclame vengeance : à la lanterne ! la tête sur une pique ! L’autre qui aujourd’hui fait l’actualité et est virale mais partage des traits avec la première par la multiplication des opinions et leur rassemblement dans la recherche du coupable qui, commission d’enquête à l’appui, va connaître un mauvais quart d’heure.
Car voilà bien le godant de l’époque : libérale, dit-elle, elle ne sait plus qui en est le maître ni ce qui la cause. C’est ainsi que le maître effectif, le pouvoir élu, passe son temps à s’excuser, à se justifier, à promettre qu’il fera mieux, à se présenter comme le meilleur serviteur d’un électorat en colère. Tandis que la foule instituée en maîtresse se disperse dans toutes les directions pour repérer la cause et ses remèdes.
À l’époque de l’intelligence artificielle, celle du bon sens semble ainsi avoir disparu. Et la science, notre référence suprême, semble désarmée dès lors que le virus rappelle qu’il est capable d’adaptation, c’est-à-dire de muter et peut en annoncer d’autres à venir avec le dérèglement climatique. Il paraît qu’on manque de masques alors que le chinois, sinistre, et l’américain, pitoyable, font croire que nous sommes à Carnaval.
Au moment où l’empire chinois est à l’œuvre pour conquérir la planète, une toute petite bête rappelle, conquérante, qu’elle peut pour sa part gagner en la nettoyant d’une espèce occupée à jouir sans égard pour la vie. La nature qui se rappelle ainsi à nous, déjà masquée bien avant le virus par le fog de Pékin, ouvre Freud à la page de la prévalence de l’instinct de mort. Lui donnerait-elle raison ?