Deux zéro deux zéro

Deux zéro deux zéro
Deux faits illuminent l'année qui commence.
La porte de mon bureau, taguée parmi d'autres, et la sortie du livre de V.S. intitulé "Consentement". Leur parenté est évidente : dans les deux cas il s'agit d'effacer par un barbouillis une issue estimée jusqu'ici assez honorable pour rendre hommage (c'est vrai hélas qu'il y a de l'homme là-dedans) au sexe.
Celui de la directrice des éditions Julliard raconte donc, avec sentiment, comment adolescente elle fut séduite par un vieux graphomane qui une fois calmé y avait trouvé des ressources pour aller pisser copie. Pédophilie célébrée en outre à cette occasion par un chrétien orthodoxe pas moins traversé par des élans mystiques et dont le tort, qui provoquera la rupture d'une liaison passionnée et réciproquement scribogène, se révèle être moins la perversion que l'infidélité.
Je l'avoue : il est difficile de pencher en faveur du fidèle d'un patriarcat connu pour la servilité à l'égard d'autorités sanguinaires de serviteurs mitrés obèses. Mais la parution de ces confidences rend sensible à notre époque : l'exploitation graveleuse d'un lectorat invité à jouer le rôle du juge et du docteur (il paraît que les descriptions délicates sont cliniques) et sommé d'enfiler les gants de chirurgien pour corriger le coupable, en même temps que la prolifération sur papier, sur les murs et sur les portes, d'un graphisme devenu illisible puisque désaccordé de la parole.
Ceci dit, bonne année 2020.
Charles Melman
5 janvier 2020