Depuis plusieurs années, des psychanalystes de l’Association lacanienne internationale interrogent avec C. Melman les conséquences subjectives individuelles et collectives de l’expérience coloniale inédite qui a structuré les sociétés des Antilles et de certains pays d’Amérique latine. Le mode de régulation de la jouissance qui y est repérable interroge la référence à l’Un dans l’économie psychique. À partir du texte de Freud, Lacan a posé la problématique du père à l’envers du mythe freudien et a élaboré des outils pour nous dégager de notre passion pour le père. À partir de l’expérience coloniale, Édouard Glissant a élaboré des catégories pour penser “le passage de l’Un au Divers” qui a structuré ces sociétés. Ces catégories ne nous paraissent pas objecter à l’enseignement de Lacan : nous dégager de notre passion pour le père. Peuvent-elles éclairer la structure de l’économie psychique et la transformation de l’économie de la jouissance des sociétés des pays industrialisés, dans le contexte contemporain de libéralisation économique et de mondialisation ?