« Dans les années 1980-1990, beaucoup d’auteurs en sciences sociales nous éclairaient sur la remise en cause de la hiérarchie, du pouvoir, de la différenciation sociale et politique – pour le meilleur : la promotion de l’individu, et pour le pire : son isolement. Ils avaient une bonne connaissance de la structure sociale, mais une piètre connaissance de la structure psychique. Sur ce plan, “L’Homme sans gravité” fut une contribution essentielle, un chaînon manquant pour comprendre la dimension psychique des nouvelles interactions entre le sujet et le social.

On est saisi par la vitesse à laquelle notre actualité délaisse la complexité de ces interactions au profit du comportementalisme, la pensée au profit de la communication, les contenus au profit du procédural, le verbe au profit du numérique. Raison de plus pour nous inspirer de Melman et Lebrun : ils nous invitent à sortir du confort de nos catégories intellectuelles canoniques et de nos chapelles disciplinaires. »

Pierre Beckouche est professeur de géographie à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne