Sommes-nous vraiment lacaniens ?
2022

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MELKA Marc
Journées d'études

Sommes-nous vraiment lacaniens ?

 

Le docteur Freud, disparu le 23 septembre 1939, avait laissé un certain nombre de questions en suspens, parmi lesquelles celles-ci, saillantes:

  • la question de la castration ;
  • la question de la pulsion de mort.

Quarante ans après sa mort c’est-à-dire en septembre 1979, force est de constater que sa théorie avait considérablement évolué  grâce à la transmission, féconde, de puissants théoriciens en Grande-Bretagne et en France.

En France: Jacques Lacan à qui l’on doit -dès les premiers écrits et séminaires– des articulations éclairantes sur la question de la castration, sur la question du phallus et sur la pulsion de mort.

Et bien plus par la suite.

Le docteur Lacan a disparu le 9 septembre 1981.

Quarante ans plus tard, c’est-à-dire en septembre 2021, peut-on dire que la transmission de son travail a été prolongée avec la même fécondité ?

Sans parler des associations de la sphère lacanienne qui s’appuient sur le côté «juridique» de l’héritage et où sévit, en grande partie, avec l’hagiographie, la messe, ne semble-t-il pas que l’on en soit toujours un peu (ce n’est certes pas sans immense intérêt) à simplement répéter ce que Lacan a apporté concernant “l’objet petit a” par exemple, ou “la lettre”, etc…, sans (oser) aller réellement plus loin -et de façon précise- en particulier sur ce qui en découlerait quant à la direction de la cure et aux principes de son action?

Autrement dit : serait-on arrivé avec Lacan à une butée absolue, à un point au-delà duquel il n’y aurait plus de renouvellement possible? Un mur, en quelque sorte…

Une partie des journées sur «Le désir de Lacan» a, en effet, livré des moments, des ex-périences subjectives de ce que fut pour certain(e) le moment de son entrée en analyse avec Lacan, ou de quelques temps de celle-ci.

Et, pour d’autres, mais plus allusivement encore, de ce qui leur fut transmis par ceux (celles) qui furent en analyse avec Lacan, ou de ce qu’il leur a semblé que Lacan aurait transmis à ceux (celles) qui étaient en analyse avec lui.

Pour les tiers: σκιᾶς ὄναρ, en quelque sorte…

Est-on allé plus loin, en effet, dans les implications cliniques de ce qu’il considérait comme son apport le plus important : “l’objet a”, de façon à «faire un retour à Lacan» comme lui-même fit «un retour à Freud» ?…

Lacan a dit qu’il était «freudien», nous sommes «lacaniens», mais sommes-nous lacaniens comme il était «freudien» ?

Ou le sommes-nous comme le furent Karl Abraham ou Otto Fenichel ?…

Étudier les textes de Lacan assidûment, continûment, c’est assurément être plus près de Lacan face à Freud que de Fenichel face au même.

Mais répéter les “formules” (topologiques ou borroméennes) de Lacan en leur donnant parfois caractère hiératique de “dernier mot”, est-ce bien là suivre Lacan sur la voie qu’il ouvrait : «Faites comme moi !» ?

Marc MELKA