Pierre-Christophe CATHELINEAU
Le retournement du tore et la fin de cure. (leçon II)
Compte tenu du temps qui m’est imparti, j’ai choisi de commenter les 2 premières pages et 2 dernières pages dans les éditions de l’ALI, de la page 21 à 22 et de la page 30 à 31 dans la leçon II du séminaire. Je les ai choisies, parce que leur contenu m’intéressait. Il s’agit de savoir ce qui peut être considéré comme valable dans la pratique psychanalytique. Ensuite de la fin de la cure envisagée par rapport à une topologie torique du nœud.
Lacan part du tore. Ce n’est pas une nouveauté dans son enseignement. Ce qu’il en dit dans ce séminaire est nouveau, car le tore est de la même structure que le réel, le symbolique et l’imaginaire et vient remplacer la corde pour les présenter. C’est un premier point. Ce sont les processus internes au tore auxquels il va s’intéresser et en particulier les déplacements à l’intérieur de son âme. Ces déplacements sont tels qu’au sein du tore on ne fait que tourner en rond et revenir au point de départ initial. Si le tore est par exemple celui du symbolique, cela aboutit à la conséquence suivante qu’il n’y a pas de progrès dans la science. Bref des gens du silex taillé à nous il n’y a eu que tournage en rond. L’affirmation est osée, elle est paradoxale, si l’on considère les réalisations techniques rendues possibles par la science et qui nous éloignent des gens du silex taillé.
Pourtant il y a un indice de ce paradoxe dans la structure des représentations dont nous avons le témoignage avec par exemple Lascaux. Elle témoigne d’un rapport à l’espace et au désir en tout point identique au nôtre et l’écriture qui vient après semble ne rien y ajouter.
Le second paradoxe, plus ennuyeux encore, c’est que la psychanalyse n’est pas un progrès. Cela découle du tore lui-même. La psychanalyse est un point de retour après avoir été un point de départ sans doute à des époques où elle ne portait pas ce nom. C’est la parole de l’Ecclésiaste. Rien de nouveau sous le soleil.
Lacan la définit d’une formule délibérément très modeste : c’est un biais pratique pour mieux se sentir. Ni plus, ni moins, avec dans « le mieux se sentir » tout le poids du sentiment et de la dimension imaginaire. C’est pour cela que dans le rapport à une certaine jouissance du bien-être, elle n’exclut pas l’abrutissement. Nous en avons des preuves dans notre pratique et dans nos associations…
Puis Lacan enchaîne sur une question logique : « Tout indique », dit-il. Et il va traiter cette question logique du tout, non pas à partir de la logique, mais de l’économie politique et de la linguistique, nommément à partir de Marx et de Saussure qui ici ne sont pas nommés, mais sont les deux références à partir desquelles il va traiter de la question du tout dans ses rapports avec celle de la valeur, avec ce qui est valable.
Tout d’abord il n’y a de tout que criblé, et pièce à pièce. C’est tout d’abord rompre avec l’idée d’un tout sans trou que la sphère ou le cercle se prêtent à représenter. Le tout est troué, et ce sont les pièces de monnaie qui servent ici à métaphoriser le rapport au tout. Ici Lacan reprend la définition marxiste de la valeur d’échange de la monnaie : c’est la seule définition du tout, une pièce vaut dans toute circonstance, ceci ne veut dire que circonstance qualifiée comme pour valoir homogénéité de valeur. Le tout, c’est ce qui vaut dans son genre un autre de la même unité. Je vous renvoie au Capital où c’est très bien expliqué. Ce qui fait la valeur d’échange la monnaie, c’est qu’elle fonde la possibilité de l’échange, grâce à la totalité qu’elle met en place dans la circulation des marchandises.
Mais Lacan ne s’en tient pas là. Il va approfondir cette notion du tout par rapport à l’une-bévue, au même et à l’autre et à la matière. Il estime qu’il y a contradiction entre sa définition l’une-bévue et cette définition du tout : l’une-bévue est ce qui s’échange malgré que ça ne vaille pas l’unité en question. C’est un tout faux. Son type, c’est le signifiant. Là vient la linguistique. Il n’y a pas de plus type que le même et l’autre. Il n’y a pas de signifiant plus type que ces deux énoncés, ils sont semblables par l’aspect de la matière sonore qui les soutient. Comme il le dit, une autre unité est semblable à l’autre ; tout ce qui soutient la différence du même et de l’autre, c’est que le même soit le même matériellement. La notion de matière est fondamentale en ceci qu’elle fonde le même. Tout ce qui n’est pas fondé sur la matière est une escroquerie : matériel-ne-ment. La psychanalyse est un matérialisme. Cette phrase n’est pas unique dans l’œuvre de Lacan.
Certes rien de plus unique qu’un signifiant, mais comme il est semblable du fait de sa matérialité à une autre émission de signifiant, exactement comme la matérialité des pièces de monnaie, il retourne à la valeur d’échange, c’est-à-dire qu’il est le signe du tout. Le signe du tout, c’est le signifié, lequel ouvre à la possibilité de l’échange.
Et là nouvel écart, par rapport aux définitions qu’il a posées : Lacan parle d’un temps où le signifié ne tiendra plus comme fondant la même valeur, l’échange matériel : c’est de l’ordre du possible, ça cessera de s’écrire, parce que précisément « la même valeur » est l’introduction du mensonge : il y a échange, mais non matérialité même.
Donc ce n’est pas parce que le signifiant est matière, qu’il a toujours la même valeur. Enoncé saussurien du cours de linguistique générale, qui définit le signifiant comme pure différence.
D’où la question : Qu’est-ce l’autre comme tel ? C’est cette matérialité que je disais même à l’instant, c’est-à-dire que j’épinglais du signe singeant l’autre. Si les signifiants sont tous les mêmes en tant qu’unités. Entre eux une bévue est toujours possible, pure différence, qui fait qu’elle ne se perpétuera pas, qu’elle cessera comme bévue dans l’échange. Cela n’aura plus la même valeur. Nous avons donc une définition resserrée de l’une-bévue comme quelque chose qui n’aura plus la même valeur pour le sujet du fait qu’il l’aura dite, que la bévue pourra ne pas se perpétuer, et que quelque chose pourra s’écrire. Façon comme une autre de rappeler que par rapport au tout induit par la logique de l’échange du signifiant, il y a la possibilité de l’écart de l’une bévue, c’est bien un tout criblé. C’est aussi une façon de donner à la possibilité une définition nouvelle comme inscription d’un signifiant autre par rapport au même et au tout. Alors l’une-bévue n’est-elle pas comme écrit contingent le seul progrès dont puisse s’éclairer une cure analytique ? En tout cas si l’on tourne en rond, il y a moyen avec l’une-bévue d’inventer autre Chose…
C’est pour cela que Lacan dit qu’il croit devoir nous rappeler ces vérités premières.
Le second point intéressant que j’ai choisi de commenter et qui rejoint par certains aspects ce premier point, c’est le passage où Lacan évoque la possibilité du retournement du tore du symbolique sur les deux autres tores ou dimensions, comme un point transitoire dans une fin de cure et la nécessité d’un second retournement pour aboutir à un nœud borroméen et pouvoir parler d’une véritable fin de cure.
Il y a la description de la manipulation qui est assez simple à comprendre : « Si ces deux tores, vous les marquez, les deux, d’une coupure, […] vous ferez venir ce qui est à l’intérieur à l’extérieur et inversement ce qui est à l’extérieur viendra à l’intérieur ».
Or c’est ainsi que la psychanalyse opère sur le tore du symbolique, elle s’attache, ce qui est à l’intérieur (à savoir l’inconscient) à le mettre au dehors. La conséquence avec le retournement du tore, c’est que le Symbolique enveloppera totalement l’Imaginaire et le Réel du fait de cette coupure.
Cliniquement cela se marque dans ce moment transitoire par une préférence donnée entre tout à l’inconscient. On le voit chez les analysants et les analystes : cette préférence donnée au pouvoir de la lettre, et ça s’arrange parfois mieux cette préférence donnée à l’une-bévue. C’est un progrès dans le mieux se sentir.
La question reste posée de savoir avec cette écriture quelle jouissance est privilégiée et inscriptible ? La jouissance phallique, la jouissance Autre, ce que nous pourrions appeler la jouissance de l’inconscient comme telle. Laquelle est inscriptible dans cette structure ? Il y a évidemment une forte accentuation du trou de l’âme du tore retourné du Symbolique qui manifestement se substitue à la fonction de l’objet a et du trou dont il s’instaure.
C’est pourquoi Lacan ne se satisfait pas d’une telle considération.
Il ne s’agit pas d’une vraie fin d’analyse, mais en fait d’une situation du sujet où la jouissance de la lettre et de l’inconscient fait obstacle à l’expérience du trou, comme tel. Certes le fait d’avoir franchi une psychanalyse est quelque chose qui ne saurait être en aucun cas ramené à l’état antérieur, soit le nœud borroméen initial sans retournement. Sauf bien entendu à pratiquer une autre coupure, celle qui serait équivalente à une contre psychanalyse et qui permettrait par un nouveau retournement du tore du Symbolique de revenir à ce que Lacan appelle l’état antérieur.
Le résultat, c’est que la jouissance phallique, la jouissance Autre et le sens vont retrouver leur place respective dans le nœud, le trou du Symbolique dans le Réel et le trou du Réel entre l’Imaginaire et le Réel vont être mis en place, comme le coinçage de l’objet a. La jouissance de l’inconscient se trouvera mise en perspective par rapport à ces différents trous. Il y a sans doute là une façon borroméenne de penser la fin de la cure, mais aussi – on ne le remarque pas assez – deux indications très claires sur ce qu’on appelle chirurgie des nœuds en psychanalyse. Lacan en corrobore l’usage par ce qu’il dit ici et ce qu’il montre. Les deux tranches d’analyse sont des illustrations de cette chirurgie.
Il est à noter que Freud dans Psychanalyse finie et psychanalyse infinie recommande lui aussi aux analystes en activité la pratique de deux tranches, voire plus, pour prendre des distances par rapport aux effets sur eux de la levée du refoulement chez leurs patients. Freud a lui ainsi pressenti que dans le contre-transfert c’est la jouissance de l’inconscient comme telle qui était mis au premier plan pour l’analyste, mais rien ne dit justement que cette jouissance puisse être considérée comme simplement conclusive.
Il y a donc dans cette leçon II des indications très précieuses sur la direction de la cure et sur ce qu’il convient d’en attendre pour le psychanalyste et son patient. Enfin c’est d’abord comme pratique de la chirurgie sur le nœud que la cure se déroule. À ce titre d’autres hypothèses peuvent être évoquées à propos de coupure et de retournement.
En effet il n’est pas a priori exclu que de même que le Symbolique puisse être retourné sur l’Imaginaire et le Réel, on puisse envisager que l’Imaginaire puisse être retourné sur le Symbolique et le Réel avec d’autres effets structuraux, voire le Réel sur l’Imaginaire et le Symbolique. Et là se pose la question du statut de cette fameuse coupure ; voire de l’illustration clinique de telles configurations. Angela doit nous en parler. Je n’en dis pas plus. Mais la chirurgie des nœuds offre un champ combinatoire intéressant. Voilà ce que j’avais à dire sur ces passages de la leçon II.
Discussion
Nicolas Dissez — Merci beaucoup Pierre-Christophe d’avoir bien voulu mettre en évidence les points saillants de la leçon. Tu t’es recentré sur les avancées de Lacan, les choses un peu…, les éléments nouveaux qu’il apporte dans cette leçon et en même temps les points qui semblent les plus délicats, les plus difficiles pour moi, les plus… points d’interrogation donc. J’aurai surtout des interrogations ouvertes à te proposer sur deux trois points que j’ai retenus.
Tu amènes la question, la première question : c’est celle du progrès. L’assertion très radicale sur le « pas de progrès » m’a laissé perplexe, je ne sais pas si l’illustration que tu en donnes par exemple du côté des fresques de Lascaux, interroge parce que tu dis on est plongé dans le même espace dans Lascaux que dans les orientations qui sont les nôtres. Et puis par exemple ça fait fi de ce que moi je prenais pour un progrès, en particulier grâce à Lacan et au séminaire sur L’objet de la psychanalyse, qu’est la question de l’invention de la perspective. En quoi est-ce que une invention comme celle-là, elle semble, dans cette leçon, effectivement ne pas constituer un progrès ? Moi, ça m’a, je te livre surtout ma perplexité et ma surprise devant le radical de cette affirmation.
Je te remercie du développement que tu as fait sur les outils marxistes que Lacan reprend en les intégrant à la cure. La soumission de la valeur d’usage à la valeur d’échange avec la façon dont tu nous as illustré ça, cette question du valable. Ce qui est valable ça passe par la soumission de la valeur d’usage à la valeur d’échange. En t’écoutant et en essayant de reprendre ça du côté de la pratique, et de la pratique hospitalière, il m’est revenu, une petite anecdote que l’on m’a relatée qui concerne un Monsieur que, peut-être, certains d’entre vous ont connu qui s’appelle Horacio Torrubia. Histoire qui se passe à l’hôpital, l’hôpital de Fleury les Aubrais, et où Horacio Torrubia sortant de son bureau croise un patient, dans le couloir et le patient, sans un mot, lui met une paire de claques, plang-plang ! Un peu violemment. Et réaction du Dr Torrubia : « Ah, monsieur Georges, vous vouliez discuter. Entrez ! » Et il le fait entrer dans son bureau.
Ça m’a semblé un exemple frappant de ça, de soumission de la valeur d’usage à la valeur d’échange. Voilà.
P.-Ch. Cathelineau — C’est frappant ! (Rires)
N. Dissez — Y’a du matériel et on va en faire une bévue, ou du moins tenter. On ne sait pas ce qui se passe dans le bureau après, c’est pas garanti, mais c’est ce que ça m’a rappelé cette histoire qu’on m’a racontée récemment, ton dépliage très précis sur ce passage.
Les points qui m’ont laissé, moi, le plus perplexe, on y reviendra dans les exposés qui suivront, c’est effectivement la fin de la leçon, cette question de la deuxième tranche, où quand même on a l’impression que Lacan tord un peu les formulations freudiennes, il proposait, si mes souvenirs sont bons, de reprendre une tranche tous les cinq ans, plutôt que cette question de la deuxième tranche et puis ce que tu as toi-même un peu déplacé, en un premier temps de l’analyse et un deuxième temps de l’analyse, ce qui n’est pas tout à fait, et donc la question de la fin de la cure , ce qui n’est pas tout à fait la même chose que première tranche, deuxième tranche et ce retour à l’état antérieur.
J’aurais bien une question à partir de l’écriture topologique qu’il propose, donc des effets d’une deuxième tranche, comme deuxième retournement du tore du symbolique, si j’entends bien mais qui revient à l’état antérieur, c’est que tu n’as pas eu le temps de le signaler, mais juste avant, de proposer cette écriture-là de la deuxième tranche, Lacan indique quelle est sa position propre à lui, il dit celle de l’hystérique parfait, sans symptôme, ou sauf cette petite erreur de genre-là, mais dans la position qu’il se donne là comme hystérique parfait il serait plutôt, à la fin de la première tranche, la position qu’il se donne, c’est après celle d’un retournement unique et pas du deuxième retournement. Voilà. Quid de la question de la fin de la cure que Lacan semble indiquer pour lui-même, d’être enfin sa position pour lui-même ? Voilà ces quelques interrogations et remarques que j’avais.
P.-Ch. Cathelineau — Oui, alors sur les hypothèses… Enfin, il parle du tore, on pourrait penser qu’en parlant du tore il s’éloigne du nœud borroméen et dans cette leçon II il y revient et il revient à la structure du nœud borroméen comme tel, c’est-à-dire pas à une structure retournée. C’est-à-dire que le tore lui a permis de penser quelque chose qui je dirai se vérifie cliniquement, à savoir une certaine relation à la jouissance de l’inconscient. Ça, ça se vérifie cliniquement, c’est pas une hypothèse en l’air. Donc la question est de savoir si c’est ça, qui peut être…, si cette jouissance de l’inconscient, si cette préférence, dit-il, donnée à l’inconscient peut être considérée comme un terme ? C’est ça la question.
L’autre sujet sur le progrès, il y a un paradoxe dans cette leçon, parce que la façon dont il théorise l’une bévue et le possible, pourrait laisser penser qu’il y a du progrès. C’est ça, il y a un paradoxe, il dit : d’un côté il y a pas de progrès, c’est plutôt mieux se sentir et de l’autre il introduit la dimension du possible, et il dit l’une bévue c’est ce qui permettrait que ça s’écrive, donc si effectivement quelque chose s’écrit c’est qu’il y a un déplacement qui s’opère et donc moi j’ai trouvé que c’était paradoxal ! C’est-à-dire d’un côté il va dire qu’il n’y a pas de progrès, on est dans le tournage en rond et puis il introduit cette dimension du possible pour penser l’une bévue qui laisse entendre que quelque chose va pouvoir se déplacer. Je vous dis ma perplexité, je suis aussi perplexe que tu peux l’être, mais il me semble que cette première page est elle-même paradoxale.
Hubert Ricard — J’ai beaucoup apprécié votre intervention. Je la trouve très honnête et vous serrez le texte d’une manière convaincante, je préfère une intervention comme celle-là à celle où l’enthousiasme se manifeste quelquefois et…
P.-Ch. Cathelineau — Merci, merci, c’est une critique ça ! Merci (rires).
P.-Ch. Cathelineau — Oui, je me souviens, effectivement.
H. Ricard — Je crois que c’est lié à la structure subjective, du progrès scientifique il y en a, bien entendu et il va continuer d’en avoir, mais ça n’a pas d’incidence, voilà c’est ça, c’est tout.
P.-Ch. Cathelineau — Je suis tout à fait d’accord, mais ça n’a pas d’incidence, entièrement d’accord.
Marc Darmon — Merci Pierre-Christophe pour cette lecture très serrée et très pointue.
J’ai pensé à deux choses, par rapport à ce que tu as traité. C’est cette réflexion de Lacan sur le progrès, qu’il a faite plusieurs fois, c’est-à-dire « il n’y a pas de progrès dans la mesure où ce qu’on gagne d’un côté on le perd de l’autre ». Donc, ce qui dialectise un peu cette question et la rend moins paradoxale.
Et d’autre part, sur la deuxième tranche, le retournement. Avec ce retournement et ce contre retournement, Lacan présente quelque chose qu’il avait abordé différemment. Par exemple dans Les quatre concepts il parle de faire plusieurs fois le tour de l’objet, plusieurs fois la boucle. Alors si on considère que le retournement c’est l’identification, on pourrait supposer que la première tranche ne dépasse pas l’identification à l’analyste, et la deuxième tranche permet le retournement dans le sens contraire. Que cette deuxième tranche soit faite avec un autre analyste ou avec le même. Donc, si l’on admet la conséquence de la première leçon, c’est-à-dire que le retournement c’est l’identification, on pourrait interpréter cette deuxième tranche ou ce contre retournement comme l’équivalent de la séparation de grand I et de petit a ?
P.-Ch. Cathelineau — Oui, oui, je suis tout ouïe !
Pierre Marchal — J’aurais voulu savoir si on pouvait faire un rapprochement entre la manière dont Lacan là dans cette seconde leçon conclut sur la fin de la cure et ce qu’il avait annoncé ou affirmé dans la première leçon en parlant de la fin de la cure sur le mode de savoir y faire avec le sinthome. Est-ce que c’est possible de faire un rapprochement ou une articulation de ces deux énoncés comme ça ?
P.-Ch. Cathelineau — Disons que l’idée qui me vient en associant librement, c’est que, à partir du moment où le tore du symbolique enserre les deux autres dimensions, il y a quelque chose de l’ordre du sinthome par rapport à quoi on ne sait pas y faire ou en tout cas qui prédomine dans la façon dont on aborde le Réel et l’Imaginaire par exemple. Or, si effectivement on retourne le Symbolique, le fait que les trois dimensions soient, en quelque sorte, rendues possibles dans leur expression, permet précisément qu’on sache y faire avec la texture du symbolique. C’est en tout cas comme ça que je relierais les deux.
Transcription : Dominique Foisnet-Latour ; relecture : Monique de Lagontrie