Je vais commencer par le désir insatisfait de l’hystérique, pour interroger, à partir d’un passage bien connu[1] d’une conférence que Lacan avait donnée à Bruxelles en 1977, la disparition des hystériques de jadis. Je vais tenter d’aborder l’interrogation de Lacan qui ouvre cette conférence par le déplacement des symptômes hystériques, déjà à cette époque, du niveau individuel au champ social. Je dirais que notre époque est hystérisée vu la place des revendications, qui touchent fréquemment le corps, mais aussi les invocations pour trouver de nouveaux maîtres, des signifiants maîtres post-modernes. Une piste pour tenter de donner une réponse à cette « devinette lacanienne » est, me semble-t-il, que l’hystérique pour Lacan, à partir de l’Envers de la psychanalyse n’est pas seulement une structure, mais aussi un discours.
De ce fait, le sujet, en place d’agent, a toujours affaire avec son partenaire maître en place d’Autre, le maître castré « le père idéalisé », pour Dora, par exemple, son père impuissant, mais « ancien combattant ». Ce père n’était qu’une version de ce maître, du moins au temps de Freud qui a ainsi pu rêver de l’Œdipe. C’est une particularité de l’hystérique de situer le féminin qu’à partir du phallus et de confondre le père avec le maître. L’identification structurale, selon Lacan de l’hystérique, est l’identification au manque de l’Autre. Par conséquent, je pense que la question qu’on pourrait se poser de manière légitime est que le devenir des hystériques à notre temps dépend du manque de l’Autre, du manque du maître qui n’a plus la même configuration.
Mais que ce passe-t-il au regard de la place du maître à notre époque où la transformation de la science va dans le sens de la mesure des probabilités ? « Prédire n’est pas expliquer » était le titre d’un livre bien connu de René Thom. Et le nouveau maître du savoir scientifique a comme vocation de prédire plutôt que d’expliquer comme le faisait l’ancien maître, celui par exemple de l’homme politique de la cité de Socrate. Vincent Berger, physicien haut-Commissaire à l’énergie atomique et ex-président de l’Université Paris 7, dit, dans une interview sur France Culture, que la physique peut démissionner d’être créateur de lien social quand elle va dans le sens du « Tais-toi et calcule », moto du célèbre physicien David Mermin. L’intelligence artificielle lui rendra, sans doute, le bras bien plus long à cet égard. Et, d’autre part, que ce passe-t-il au regard de la place du maître à notre époque avec la montée du capitalisme sous sa forme néolibérale, armé par les technosciences, c’est-à-dire un régime de production où la richesse des nations peut se produire seulement par spéculation à travers des algorithmes qui calculent les valeurs – et non par la production ? Et, où ce qui prévaut est la loi du marché « qui n’est pas supporté par un visage de l’autorité » ? Car ce qui régule le néolibéralisme n’est pas repérable immédiatement, puisque le marché se régule presque tout seul et la science qui lui sert à alimenter sa technologie n’a pas de Pape – juste des équations laïques. L’hystérique est tout à fait solidaire du savoir du maître à condition d’être en mesure de «se soustraire à titre d’objet de son désir ». Mais qu’est-ce qui peut se passer quand ce maître n’est plus repérable par rapport à son manque, quant à ce qu’il désire, et quand la loi qu’il ou elle pourrait contester n’est plus la loi du désir, mais celle du marché, de la physique et de la biologie ?
Alors quel est le devenir, par exemple durant l’adolescence, d’une personne qui pourrait devenir un sujet hystérique si la revalidation du Nom-du-père par les signifiants sociaux – Noms-du-père au pluriel – ceux qui devraient venir pour représenter le sujet en regard de l’incomplétude de l’Autre – sont eux-mêmes inconsistants ? Car, l’Autre, au lieu de lui proposer une signification fondée sur l’altérité de places entre un S1 et un S2 qui pourrait faire, éventuellement, sens phallique et qu’il pourrait par la suite contester, il lui propose plutôt des algorithmes. Et, par ce biais, des séries de « plus de jouir » quasi indifférenciées, et rapidement obsolètes, des « lathouses » disait Lacan, quand il ne s’agit pas d’un défilé de personnes sur des plateformes de rencontres. En outre, ce nouveau maître a la fâcheuse tendance à lui faire la publicité par mimétisme, c’est-à-dire, à lui proposer des produits qui sont en miroir avec ce qu’on lui a déjà proposé. Ce gavage métonymique, qui est une offre par ressemblance, n’est plus « la métonymie du désir en tant que manque à être », et produit un ratage du passage du signifiant au corps pour créer du manque. Que faire du S de grand A barré et comment s’introduire au « pas toute phallique » si la place du phallus, déjà, n’est pas repérable ? Comment une fille, devenue adolescente, pourrait situer cette chair qui lui vient en plus, ce « plus de jouir », chair qui lui vaut le regard de l’Autre lequel est devenu, pourtant, du moins en partie, virtuel et parfois persécuteur ?
Une solution qui peut faire résistance à cette persécution est de faire la grève, mais pas comme la faisait l’hystérique de jadis qui démasquait la fonction du maître, dont elle restait pourtant solidaire : « très précisément en mettant, disait Lacan, en valeur ce qu’il en a de maître dans ce qu’il est l’Un (avec un grand U) dont elle se soustrait à titre d’objet de son désir ». Mais, sans la possibilité de repérer ce Un, la nouvelle modalité de grève, pourrait être de tenter de fonder soi-même ce « Un » comme le soulignaient dans leur discussion sur l’ anorexie mentale Charles Melman et Jean-Luc Cacciali il y a déjà quinze ans. Si la jouissance de la privation était soutenue par un désir insatisfait chez les hystériques de jadis, ici la question n’est plus d’avoir ou pas par identification, mais de maîtriser l’être par l’identité. Je voudrais parler de ceux cas de figure de « jouissance identitaire » (je dirais, avec Lacan, de « jouissance de l’être ») chez les adolescentes et les jeunes femmes à partir de l’ anorexie mentale et les jeunes femmes dites « transidentitaires ».
Pour certaines anorexiques, il s’agit d’une jouissance de comptage (des calories, de kilos, des résultats scolaires et des performances corporelles) afin d’accomplir, elles-mêmes, ce « Un » qui était pour l’hystérique de jadis le signifiant Un qu’elle repérait chez l’Autre pour s’y soustraire à titre d’objet de son désir. Et, par là même, l’anorexique se trouve dans l’obligation de faire des calculs pour mesurer la distance par rapport à ce « Un » qu’elle souhaite accomplir. Calculs qui prennent, bien entendu, volontiers l’aspect d’obsessions. Comme le dit Lacan à propos de l’anorexique « elle [est] tellement préoccupée de savoir si elle mange » et Charles Melman disait que ce dont elle jouit est du mental. Peut-être sa qualification « d’anorexie mentale » (1874) par Sir William Gull n’est pas pour rien là où son contemporain Charles Lasègue parlait « d’anorexie hystérique » (1873). C’est-à-dire que manger le rien l’obsède, c’est une activité mentale en soi, de même, selon Melman, quand elle essaie « d’empêcher toute intrusion dans le réel d’un quelconque signifiant qui pourrait avoir portée phallique »; opération qui la rend, disait encore Melman, « toute pas phallique » : Il avait employé à ce propos les termes de « récusation de l’ordre phallique », de « forclusion du phallus » ou « de mise entre parenthèse du phallus », et cela chez des personnes qui ne sont pas à priori des psychotiques. Ce phallus forclos peut revenir sous l’aspect des images intrusives du sexe masculin qui parasitent parfois l’anorexique. Qui, quelquefois, est anorexique plus du fait de son évitement de la sexualité et de sa place d’exception chiffrée qu’au regard de son rapport à la nourriture. Il s’agit là plutôt d’une logique anorexique, et le terme logique lui convient bien, car l’anorexique raisonne de manière très scientifique. La virtualisation de la féminité par les images publicitaires retouchées de mannequins – figures androgynes adolescentes – est le miroir de ces filles qui tendent à créer une « féminité en soi », sans rapport à l’Autre, hors sexe, enfant éternel au potentiel ouvert.
L’anorexique en se nourrissant « du rien », en jouant « de son refus comme d’un désir », incarne, par sa maigreur, son refus d’engager son être ainsi « spiritualisé », désincarné, à la métonymie du manque à être. Elle garde, ainsi, son désir en état pur, non contaminé par ce qui pourrait la séparer de l’omnipuissance du désir de l’Autre, en particulier l’Autre maternel dont elle maîtrise parfaitement le regard. C’est, en même temps, la dimension phallique du désir qu’elle maîtrise par le biais de la mise entre parenthèses de la valence différentielle du signifiant, qu’elle rabat au niveau des chiffres et des images bien calibrées, images qui ne sont pas sans rapport avec ce que la sociologue Eva Illouz appelle « capitalisme scopique ». Opération qui ne peut que se répéter, comme aussi les vomissements provoqués, en cas de crises de boulimie qui deviennent une compulsion à l’infini. On voit s’esquisser ainsi un en deçà de ce qui la ferait être une hystérique de jadis, car l’anorexique n’interroge pas le savoir de l’Autre et encore moins c’est difficile d’obtenir de sa part « un amour qui s’adresse au savoir » qui lui permettrait, à l’instar de l’hystérique de jadis, comme l’a écrit Marie Pesenti-Irmann, de se débarrasser de sa revendication et de se risquer à la rencontre avec un partenaire. Pas d’ouverture non plus, bien entendu, pour l’anorexique au champ du féminin à proprement parler qui est supplémentaire et qui ne la ferait « pas toute » par rapport à la jouissance phallique.
L’augmentation des anorexiques dans les sociétés occidentalisées depuis les années 1990 est évidente chez les filles et les jeunes femmes. Cette augmentation, liée à la place des objets addictifs, des images et des réseaux sociaux, me semble aussi relative à la propagation d’autres pathologies « narcissiques », les pathologies du « self ». Mais aussi avec l’expansion de la volonté de se façonner selon son propre choix, comme cela se passe avec les revendications identitaires actuelles, notamment en rapport avec l’identité sexuée, qui touchent tout particulièrement cette même population d’adolescentes et jeunes femmes. Ces revendications sont plus en rapport avec l’identité sexuée qu’avec le choix d’objet sexuel. Se dire « asexuée » est un exemple qui me parait éloquent quant à ce type de plasticité. Je crois qu’on peut légitimement se poser la question : à quoi tient ce type d’autoproclamation qui pourtant demande une validation par le socius, par le maître de chaque époque, car il n’y a pas, que je sache, d’autonomination, si ce n’est dans le délire ? Et, alors, l’adolescente qui va rencontrer la question du féminin à la puberté (comme, d’ailleurs, tout adolescent, fille ou garçon) ou devenue jeune femme, un peu plus tard, comment pourra-t-elle faire face à ce nouveau maître du marché et des technosciences ? Comme le disait Serge Lesourd la puberté est la période durant laquelle « le réel de la chair (celui qui n’a pas été pris dans le langage) fait irruption dans l’image du corps consciente et inconsciente », d’où d’ailleurs l’effet de dysmorphophobie qui peut se produire par la rencontre de ce réel. Quid aussi de ce que ce même auteur appelle l’incontournable hystérisation adolescente, faite de plainte sur l’injustice du monde et de revendication d’existence et de puissance ? La question de la nomination par un nouveau maître, « Un » repère, pourrait se poser, par-là même, manière aussi de s’identifier au désir de ce nouveau maître « sur mesure » qui pourrait s’intéresser à ces nouvelles maigres théoriciennes « toutes phalliques », enfin en égalité spéculaire avec leurs congénères garçons.
On peut supposer que certaines demandes de transition identitaire chez des adolescentes et des jeunes femmes ont affaire avec l’angoisse suscitée par la confrontation avec « le féminin », lieu de l’altérité. Et cela, dans une tentative de parer par un sens unique, un unisexe tout phallique, à cet excès de chair exposé au regard de l’autre et, en même temps, au regard de l’incomplétude du grand Autre. Mais cette revendication est, cette fois-ci, une mise en parenthèse de « l’organe pénien », en même temps que l’imaginarisation du phallus symbolique. Le phallus dit « lesbien » prend cette place dans la théorie de Judith Butler, de phallus imaginaire, activé à volonté ce qui n’est absolument pas le cas de son si j’ose dire archétype – qui subit de plein fouet les effets du langage. Je parlais de certains car il y a d’autres où la transition se passe de manière tout à fait classique, en faisant l’homme par amour névrotique pour le père, à la manière de l’hystérique de jadis, comme dans le cas de la jeune homosexuelle de Freud.
Mais, fréquemment, à contrario de ce qui se passe avec la revendication phallique de l’hystérique « à l’ancienne », l’adresse au maître ne comporte pas de division, car ce sujet n’a pas tellement tendance à se diviser. Car il est façonné par le nouveau maître : Dans l’écriture du « discours capitaliste » (qui est une mise à jour du discours du maître par Lacan en 72), le signifiant maître, le S1 passe, au-dessous de la barre tandis que le sujet, vient à sa place, et devient agent qui se croit bien conscient de ses droits et de ses revendications. Donc sujet-maître, identifié à sa conscience, c’est-dire plutôt individu, non-divisé, et en quête de la jouissance de l’être. Il devient cette « belle âme » de Hegel qu’en psychanalyse on appelle narcissique qu’on découvre au fur et à mesure à tout bout de champ, avec la tendance à l’identification participative par le biais des slogans. Et ceci, par le partage d’un trait, par exemple, malheur d’amour d’une camarde du collège de jeunes filles qui finit par une épidémie de larmes dans la « Psychologie de masses » de Freud, ou dysphorie du genre ou, encore, régime proposé sur le site pro-ana dans le cas de nos anorexiques.
Y a-t-il un rapport entre la problématique de l’anorexie et le trouble dans le genre comme le soutient la philosophe et professeur en sciences politiques Camille Froidevaux-Metterie dans son livre « Un corps à soi », qui défend l’idée d’une performativité anorexique, je la cite : « Je pense que la centralité de l’interprétation qui lie de façon causale anorexie et injonctions esthétiques peut se comprendre que c’est en réalité l’inverse, que l’effacement anorexique des marqueurs de la féminité retourne en fait la logique patriarcale d’assignation des femmes à leurs rôles sexuels et maternels ». Camille Froidevaux-Metterie et d’accord, aussi, avec une autre philosophe Corine Pelluchon, qu’elle cite, quand celle-ci écrit qu’il s’agit d’une revendication de l’affirmation de soi : « L’anorexique, en maigrissant, s’affirme comme un sujet ». Ces philosophes me donnent l’occasion de commenter cette idée, quant au rapprochement qui me paraissait plausible entre la problématique de certaines anorexiques et la problématique transidentitaire de certaines adolescentes et jeunes femmes. Je ne pourrais pas me mettre d’accord avec un tel raisonnement, mais cela me donne l’opportunité de souligner la fausseté d’un tel syllogisme qui même s’il est philosophique ne prend en compte le fait que l’anorexie n’a pas augmenté par l’effet du patriarcat mais plutôt par celui du néolibéralisme. Et que si l’anorexie n’est pas sans psychopathologie, loin s’en faut (ce qui n’empêche pas que sa prolifération peut avoir indirectement des effets subversifs pour l’art de la photographie, la publicité, le mannequinat, les études des questions féminines etc.) il y aurait de quoi essayer d’indiquer le pourquoi on ne peut pas dé-pathologiser les questions transidentitaires « en tournant notre fauteuil dans le sens de l’histoire » de la même manière qu’on ne peut pas faire l’économie de l’érotologie qu’est la psychanalyse. Que devient alors l’amour si, comme le disait Lacan, « tout discours qui s’apparente au capitalisme laisse de côté les choses de l’amour et de la castration » ? Le sujet de la philosophie ou l’agentivité en sciences politiques ne pourraient se confondre avec le sujet divisé de la psychanalyse lacanienne, même si certains mouvements sociaux qui interrogent des stéréotypes peuvent contribuer à faire évoluer nos concepts à travers ce qui nous arrive de la société par notre pratique, qui est une clinique sous transfert. La sociologue Eva Illouz rejoint à sa manière ces constats quand elle écrit dans la dernière page de son livre « La fin de l’amour », en faisant référence à Charles Melman : « La sexualité et l’amour constituent aujourd’hui le terrain parfait pour reproduire le capitalisme consumériste et aiguiser l’aptitude à l’autonomie et à l’indépendance exigées et pratiquer partout ».
Dans les nouvelles modalités de demandes adressées aux analystes par ce « nouveau type d’économie psychique » la « rectification subjective » pour entrer en analyse se passe peut-être encore plus par une interlocution, en contraste avec les hystériques de jadis qui demandaient à Freud de se taire. À condition bien entendu de laisser aux analystes la possibilité d’interpréter les demandes, et la question des thérapies affirmatives, transaffirmatives ou « scientifiquement » comportementalistes pour les anorexiques, vont justement à l’encontre de cette possibilité. Dans un article de deux auteurs allemands avec le titre Affinités électives ? Transidentification et anorexie mentale comme tentatives mal adaptées pour résoudre les conflits développementaux à l’adolescence féminine paru récemment on trouve le syllogisme suivant : « Dans le cadre de l’approche thérapeutique affirmative basée sur des mesures somatiques, dans laquelle une perte de fertilité ainsi que d’autres dommages physiques à long terme sont acceptés à bon compte avec l’introduction d’une transition médicale, il convient de mentionner au moins une chose en marge et de l’avancer comme objection à la tentative digne de discussion de vouloir résoudre un problème psychique par des mesures somatiques : Dans le cas de l’anorexie mentale, qui repose de manière similaire sur un trouble de la perception du corps et souvent sur un refus de la sexualité, personne n’envisagerait de prescrire à la patiente anorexique des laxatifs, des coupe-faim, des diurétiques ou des hormones thyroïdiennes afin de lui permettre la modification corporelle souhaitée – ici une nouvelle perte de poids auto-induite ».
Enfin, si une analyse peut finir par le « pas-tout du phallique », l’analyste n’aurait-il pas à le redécouvrir poussé par cette nouvelle demande individuelle et sociétale ? Et sa place, en position d’objet petit a, pour aller vite, de « lathouse », n’est-elle pas une chance pour faire entendre, comme le disait Serge André, par son mi-dire et par sa présence qui sait s’éclipser, quelque chose du rapport avec les autres « lathouses », afin d’amortir leur cumul ? Ce qui peut-être ne pourrait se faire qu’à condition que, comme le disait Lacan, le Tirésias qu’est le psychanalyste ait aussi des mamelles. Et cela pour faire entendre quelque chose de la position du sujet, même en deçà du désir, temps de son angoisse face à la jouissance de l’Autre, avant qu’il n’advienne comme sujet divisé, période d’ailleurs propice pour l’anorexie du nourrisson. A condition, comme le disait encore Serge André, que l’analyste ne nourrisse pas le manque-à-être du sujet, qu’il fasse « lathouse » tout en ayant la prudence d’en faire parade, et qu’en fin d’analyse permette le dévoilement du « paraître/parêtre » de tout objet cause du désir. L’analyste aurait ainsi comme horizon à montrer que ses mamelles relèvent du semblant. Et que par là -même son discours relève de l’envers du discours du nouveau maître capitaliste. C’est, par ce même biais que son acte psychanalytique devient, aussi, un acte politique.
[1] « Ou sont-elles passées les hystériques de jadis, ces femmes merveilleuses, les Anna 0., les Emmy von N… ? Elles jouaient non seulement un certain rôle, un rôle social certain, mais quand Freud se mit à les écouter, ce furent elles qui permirent la naissance de la psychanalyse. C’est de leur écoute que Freud a inauguré́ un mode entièrement nouveau de la relation humaine. Qu’est-ce qui remplace ces symptômes hystériques d’autrefois ? L’hystérie ne s’est-elle pas déplacée dans le champ social ? La loufoquerie psychanalytique ne l’aurait-elle pas remplacée ? »