1°) L’AMCPSY a pensé devoir rappeler dans ces temps difficiles les éléments princeps de l’éthique médicale au-delà de toute déontologie. Rappelant que les soins ne peuvent faire l’objet de ségrégation, quelles qu’elles soient. Ce manifeste a été signé par quelques médecins et en particulier par Gilles Errieau, Bernard Kouchner et Didier Sicard.
L’AMCPSY remercie Patrick Landman de l’avoir diffusé sur son site. Le texte est consultable sur amcpsy.com
2°) Le week-end dernier – les 28 et 29 juin – s’est tenu au Sénat, au palais du Luxembourg, à l’initiative de la sénatrice Jacqueline Eustache-Brini, un symposium international autour du thème “l’enfant au centre des mutations anthropologiques/ l’enfant peut-il encore grandir ?” Ces journées étaient organisées par Caroline Eliacheff et Céline Masson, initiatrices de l’observatoire La Petite Sirène (0PS), en partenariat avec la Société for Evidence-based Gender Medecine (SEGM). De nombreux collègues sont venus du Canada, des USA, de Finlande, d’Australie , de Belgique, d’Autiche ou d’Espagne, de Suède et de Grande Bretagne.
Les interventions, particulièrement riches et intéressantes, ont bien mis en évidence que la notion de genre qui s’est imposée dans les milieux intellectuels, dans la société jusque dans la médecine, sans avoir fait l’objet d’une conceptualisation proprement médicale autre que sensitive. Cette notion doit être réexaminée dans ses contradictions et plusieurs participants ont mis en évidence l’évolution qui se dessine déjà dans de nombreux pays pour que l’on n’intervienne pas (plus) sur le corps des enfants et adolescents – via les hormones ou la chirurgie.
Car on ne peut prétendre « guérir » un mal-être psychique auto diagnostiqué par des bloqueurs de puberté, des traitements hormonaux ou des mastectomies
A ce titre, il convient de rappeler que la Tavistock clinique – qui a été longtemps le lieu de la psychanalyse avec Mélanie Klein et Donald Winnicott – était devenue le fer de lance de ces pratiques en Grande Bretagne mais qu’elle a aujourd’hui fermé ses portes en désavouant ces pratiques.
En suivant l’adage de Camus : « mal nommer les choses, c’est ajouter au malheur du monde », l’Observatoire La Petite Sirène propose qu’au lieu de parler de dysphorie de genre (apparue dans le DSM en 2015) ou d’incongruence de genre (apparue en 2022 dans la CIM) on parle d’angoisse de sexuation pubertaire (ASP).
On avait déjà proposé de transformer les Troubles du Comportement Alimentaires (TCA) en troubles du comportement amoureux, ce qui convient d’ailleurs dans la pratique à toutes les anorexiques.
En effet :
La pression physiologique et neuropsychique pubertaire associée aux transformations corporelles liées aux développement de caractères sexuels secondaires bouleverse les repères de l’enfant (et de ses parents !). A cette période l’enfant peut ressentir un désarroi exprimé par un trouble anxieux allant d’un malaise diffus à un vécu d’angoisse avec son cortège de symptômes psychiques et somatiques, y compris dépressifs. Ce mal-être plus ou moins profond le pousse à fuir ce qui le dérange et à se réfugier dans des identités factices dans lesquelles il croit pouvoir rejoindre un collectif.
Or l’idéologie wokiste comme négation de l’identité collective ne conduit que vers un isolement de masse.
Cette angoisse de sexuation pubertaire nécessite une grande prudence dans les réponses à y apporter, il faut en convenir. Il importe pour un analyste d’entendre ce que certaines évolutions narcissiques imposent parfois comme étayage et d’avoir à l’esprit que tout acte invasif peut compromettre la construction de l’identité d’un jeune et son avenir.
L’entièreté de ces excellentes journées sera bientôt accessible sur la chaîne YouTube. Elle l’est déjà partiellement. Vous êtes ainsi déjà invités à écouter ou réécouter l’intervention liminaire de Didier Sicard tout à fait remarquable : “la médecine est-elle un humanisme ?” :
https://www.youtube.com/watch?v=rG9uySQNRDA&list=PLvATEhXWd8uE-okPeimEhkgmXFGRpTrlW&index=3
Et aussi la première table ronde sur les causes identitaires des mutations anthropologiques avec Nathalie Heinich, Jean-François Braunstein, Jean-Pierre Lebrun et Jean-Louis Renchon.
https://www.youtube.com/watch?v=_qaltcZ0LrQ&list=PLvATEhXWd8uE-okPeimEhkgmXFGRpTrlW&index=2
Rappelons aussi les interventions de nos collègues psychiatres et psychanalystes Thierry Delcourt, Jean Pierre Winter, Jean-François Solal, Thierry Lamotte, Christian Flavigny, Karinne Gueniche et des médecins Dominique Crestinu, Anne-Laure Boch. Leurs interventions seront bientôt accessibles de la même façon.
Paris le 7 juillet 2024