Journées d’étude

Event details

Ces journées auront lieu les 6 et 7 décembre 2025 et nous vous proposons ici un argument provisoire qui pourrait susciter des discussions préparatoires.

 

Le corps de l’être parlant a toujours été inscrit dans un ordre.

 

– Parfois dans sa chair. Les tatouages, la circoncision, les scarifications (etc.) ont montré, dans nombre de systèmes sociaux cohérents, le statut social de leur porteur. Traces d’une initiation ou de l’accès à la nubilité, ils rendaient visible un statut qui a pu être prestigieux, flétri, ou marginal – légionnaires, délinquants, détenus, marins.

– À une place symbolique. Ce corps appartenait à un sexe, à une communauté, une famille, une religion, une « corporation ». Il figurait donc dans le Grand livre de l’Autre qui a été le savoir divin, laïcisé dans les Droits de l’Homme, avant de se rétrécir au registre de l’état civil ou au numéro national d’identité.

 

Cette intégration essentielle devient aujourd’hui précaire. En découle une errance subjective : le parlêtre, réduit à l’individu, semble parfois ne trouver un garant que dans ce corps devenu propriété privée et valeur d’échange sur les réseaux. Aussi ne réduirons-nous pas l’expansion contemporaine des marquages, et particulier du tatouage, à un phénomène de mode qui situe imaginairement dans une classe d’âge ou un statut économique.

 

D’abord ces tatouages se veulent singuliers et souvent on pourrait croire qu’il s’agit de s’engendrer soi-même. Le sentiment d’un nouveau départ, non sans élation, est rapporté par nombre d’anthropologues et de cliniciens.

 

Indélébiles, contrairement aux maquillages, ils témoignent du sacrifice d’une partie du corps définitivement aliénée par une opération assez douloureuse.

 

Les motifs sont souvent empruntés à l’ailleurs, à la tradition d’une Autre civilisation ici réduite à l’exotisme : Inuit, Maori, Japon…

 

L’opération est parfois faite, maladroitement mais dans une urgence, par l’adolescent lui-même, ou même par l’enfant

 

Mais il y a plus. L’opération et son résultat ne sont pas sans résonnances érotiques. Pourquoi ? Croire que la marque relève du bon plaisir du porteur laisse échapper l’essentiel. C’est à la jouissance qu’elle est liée. Il y a une gloire de la marque. Jouissance phallique, jouissance Autre, jouissance du corps ? Qui jouit, qu’est-ce qui jouit dans cette marque aujourd’hui visible ?

 

Ce qui fait un corps, c’est l’incorporation du symbolique à un organisme, dit Lacan. Sa surface, ici page blanche où inscrire ce qui sera offert au regard de l’autre, témoigne d’une topologie tout autre que celle d’un sac de chair. La peau serait-elle le dernier lieu – « le plus profond » dit Valery – où graver comme le bricolage d’une écriture de l’âme ?

 

Avançons déjà que le tatouage remédie au défaut d’une inscription symbolique, fait suppléance : il veut garder dans la peau les traces d’événements, de deuils, de liens familiaux, tenter des écritures nouvelles du nom propre, du sexe, de la filiation, de la mémoire.

 

Avec quels effets pour le sujet ?

 

**

 

Nous avons pour ambition de toucher un public plus large, et ferons appel à des intervenants venant d’autres disciplines pour une lecture clinique de ce nouveau phénomène de société qui nous interroge en tant que praticiens.

 

 

 

Organizer(s): Jean-Paul Beaumont, Claire Brunet, Angela Jesuino

From

6 December 2025
to 7 December 2025

From

09:30 h

at

17:30 h
Paris

Preparation file

270x295 MAL FEV25
2025

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Ana Maria MEDEIROS DA COSTA
La gloire de la marque
Cartel franco-brésilien de psychanalyseTextes
Préambule               Je ferai un préambule pour mieux situer les problématiques que j’aborde...

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