Du tissage
2024

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Cyrille NOIRJEAN
Cartel franco-brésilien de psychanalyse

Aujourd’hui s’ouvre un nouveau cycle du Cartel franco-brésilien à la Maison de l’Amérique latine,« Qu’est-ce qu’on fabrique, inventions et subjectivité. » Pour maintenir le bilinguisme, nous avons choisis cette modalité : le texte en portugais brésilien – puisque je parle en français – est projeté. Il a été traduit par chatgpt, relu ensuite par Amelia Lyra & Angela Jesuino. En disant c’qu’on fabrique, j’entre de plain-pieds dans le thème, en ayant recours aux outils d’aujourd’hui. C’est ce que nous voulions questionner cette année, essayer d’en savoir un peu plus sur ce qui s’invente pour tenir dans le monde d’aujourd’hui, notamment à partir des inventions de nos analysants en cure. Bien entendu, par rebond, nous questionnons l’invention en psychanalyse, soit la position analysant que se doit de maintenir chaque psychanalyste.

 

Aussi souhaitons-nous prendre au sérieux l’assertion de Freud que l’artiste toujours précède de le psychanalyste, qu’il fraye la voie. L’art n’est pas un loisir – ravaler l’invention au loisir a bien pour visée d’étouffer la subversion du sujet qui ouvre au désir. Si ce sont des analystes qui ouvriront les premières séances de notre cycle, très vite la parole sera à des artistes qui nous permettront, je l’espère, d’articuler et de donner une écriture de leurs inventions en écho aux inventions de nos analysants.

 

Avant d’entrer de ce « Du tissage », en vous donnant en prolégomènes les fils de la chaine de mon tissu de ce soir que vous entendrez réapparaître au gré de son emmêlement à la trame,  et pour rendre sensible que ce dont il s’agit n’est pas une seule cosa mentale, mais que le corps y est pris, tissé de langage, et qu’il est tisserand (sans doute à ses dépends). Je ferai appel au tissage des tapis Mamelouke, je laisse la parole à Claude Ritschard, éblouissante historienne de l’art, férue d’égyptologie, conservatrice au Musée d’art et d’histoire de Genève, morte il y a bientôt dix ans :

 

« Que dire, aux antipodes, des artistes islamiques qui, au travers de la calligraphie ou de ce que l’on a faussement appelé les « motifs décoratifs » – le développement du carré d’Avicennes ou l’Entrelacs et l’arabesque –, ont cherché à exprimer la spiritualité du monde créé par Dieu, tels les tisserands qui montent sur le métier les tapis à motifs géométriques ou à motifs floraux dits « jardins du paradis », et dont la composition est conduite par le maître d’atelier qui, les terminaisons des lisses fixées aux dix doigts de ses mains et de ses pieds, dicte aux ouvriers le passage des navettes en suivant une partition qui n’est pas faite de motifs figuratifs, mais de leur transcription en une écriture codée, totalement abstraite, indiquant couleurs et rythmes.

 

[vous entendez la proximité d’avec la structure et les effets de l’inconscient]

 

» La musique [lalangue] a, elle aussi, une texture ; elle tisse les sons pour composer des motifs. Elle entrelace les rythmes pour construire un espace sonore aussi coloré que les “ jardins du paradis ” du licier cairote, jouant des tonalités sourdes ou stridentes, étirant les traits jusqu’à leurs limites, façonnant la rotondité des sons. La musique dessine des volumes qui, pour éphémères qu’ils soient, n’en sont pas moins concrets [réels]. Le langage et ses métaphores ne mentent pas : la musique crée des images, la musique parle. […] La partition, l’écriture, l’objet, sont là dans l’attente silencieuse d’une interprétation. » Claude Ritschard n’était pas analyste, les tisserands dont elle parle pas plus. Et pourtant, elle, ils nous frayent la voie sur ce corps tissé de langage.

 

Trois fils de chaine.

 

Dès la naissance de la psychanalyse, la question des liens, des effets, de la culture, de l’ambiance, du pouvoir en place, du discours dominant et de leurs effets sur les constructions subjectives se posent. Chacun de vous a pu faire l’expérience, aujourd’hui, que la nov-langue managériale plonge les sujets dans une jouissance qui à la fois les malmène et dont à la fois ils refusent de ce décoller. Ceux d’entre nous qui reçoivent des enfants ont fait l’expérience de la difficulté de mettre un coin dans le bien-être, la confiance en soi, le respect des règles, le lissage de comportements qui ne doivent pas déborder. Avec les enfants et les adultes nous faisons l’expérience de l’abrasion de l’invention subjective. J’ai déjà parlé et écrit le cas de Guillaume qui arrive en séance ; se jette sur le fauteuil, affligé : « J’ai encore fait n’importe quoi, je n’ai pas su écrire euro. » J’entends « heureux » – déjà un tissage. « Pas heureux, euro ! » À ma demande de me dire comment il l’a écrit, l’épellation des lettres s’embrouille, l’ordre n’est jamais le bon (la cure avec commencé avec cette question du bon ordre). Je lui tends un papier et un crayon (je n’ai jamais eu recours au dessin auparavant avec cet enfant). Il inscrit, quasiment au milieu de la page : « Heurrot. » Je m’exclame que c’est une très belle invention (lheure, c’était bien ce qui le fait roter, hoqueter : ses parents ont sollicité la consultation pour ces hoquets). Passé le temps de sa sidération devant mon enthousiasme, je me lève pour attraper dans la bibliothèque un exemplaire des Calligrammes d’Apollinaire. Il y a une montre, un miroir en mots… Heurrot, une suite de lettres éructée, qui laisse sur le pas de la porte du sens, articulant réel, symbolique et imaginaire : un néologisme qu’un sens univoque ne peut pas fixer. Dans la famille scientifique de Guillaume, la poésie n’avait pas d’espace… Au-delà de l’actualité de la manifestation, symptomatique  la structure s’aperçoit.

 

Un autre fil de chaine. Lors d’une séance de ce cartel, c’était pendant le covid, il m’est venu, à partir d’une conférence de Roland Chemama (je n’ai pas cherché laquelle) une remarque que je ramasse aujourd’hui ainsi : « l’opinion politique pare au désir. » C’est-à-dire que l’opinion politique recouvre la manifestions du désir : elle constitue la tentative que l’objet, la production commande au savoir inconscient. C’est bien l’une des difficultés de notre modernité : l’opinion commande.

 

Le dernier des fils de chaîne que je dis, mais il y en a sans doute d’autres que vous me ferez entendre, ce fil, que j’ai beaucoup travaillé, naît de la fréquentation de l’art qu’on dit contemporain. Et de la façon dont des artistes, prenne dans leur œuvre appui sur une jouissance du corps, sur l’abandon dans une jouissance du corps jusqu’à ce que du symbolique arrête. De la même manière qu’en littérature le poète fait vaciller la métaphore en révélant son substrat métonymique, il s’agit de mettre en tension réel et imaginaire pour que se révèle le tiers symbolique. Il n’est pas question ici d’une érotisation de la limite, du franchissement. Tout simplement parce qu’il s’agit là d’un littoral. Dans ce jeu à deux la nécessité d’un troisième surgit pour en dire, en tenir un bout.  C’est ainsi que j’entends Lacan dans cet extrait de « Litturaterre » : « Entre centre et absence, entre savoir et jouissance, il y a littoral qui ne vire au littéral qu’à ce que ce virage, vous puissiez le prendre le même à tout instant. C’est de ça seulement que vous pouvez vous tenir pour agent qui le soutienne. » Se tenir pour agent de ce qui soutient le virage… ça place l’analyste (et l’artiste) dans l’artisanat, soit un faire, une fabrique qui se loge dans l’écart entre jouissance et savoir.

 

Qu’est-ce qu’on fabrique hein ?

 

Au cours de mon enfance, j’ai entendu souvent qu’est-ce que tu fabriques ? plutôt porteur de la marque de la désobéissance, en tout cas d’un écart avec la règle. Qu’est-ce que Guillaume que j’évoquais plus haut a fabriqué avec cet « heurrot » ? La formulation juste est : qu’est-ce qui s’est fabriqué ? Quel nouage ? Quel tissage ? Guillaume, est affligé du petit morceau de tissu avec lequel il arrive en séance.  Bien souvent afflige-t-on les enfants de leurs inventions, plutôt que d’y repérer l’épiphanie heuristique. Dans l’argument que j’ai donné à la hâte pour ce soir, je semble opposer montage et invention. Le montage, comme le collage, est une manière, un territoire de l’invention, un résidu du virage du littoral au littéral. Les artistes que j’évoquais à l’instant font ce virage, faire œuvre, c’est aussi faire résidu.

 

Quelqu’un qui vient à la rencontre d’un psychanalyste n’est pas sans savoir qu’il faudra faire un virage.  Un sujet qui demande une cure, ça jouit. Sa jouissance le malmène, c’est souvent par là que commence l’analyse, l’appui à la demande. Aussi la jeune femme que j’évoque dans l’argument est étonnante, à la question inaugurale d’une cure, « qu’est-ce qui vous amène ? », répond-elle « j’ai trouvé pour que ça aille bien, j’aimerais que ça continue. » S’énonce la fragilité de la trouvaille qui ne pourra prendre forme comme trouvaille que dans un après-coup. Il faut dire qu’elle en sait un bout sur l’éprouvé des jouissances du corps. Depuis l’adolescence elle s’est abîmée dans la consommation massive d’alcool et de drogues. Ce qui allait devenir la première séance de son analyse se tenait quelques jours avant son premier séjour en maison close. Telle était sa solution pour payer des études. Ainsi s’ouvraient de façon concomitante deux lieux clos – la maison ainsi désignée, mais aussi le lieu spécifique de la psychanalyse, le cabinet –, deux lieux clos qui offrent l’accès à un ensemble ouvert, soit à un appui sur la jouissance de l’a/Autre. Le travail analytique lui permettra d’ouvrir à la pluralité des demeures de la jouissance de l’Autre. J’emprunte la formule à Catherine Millot, et signale en passant, qu’il me semble que dans la direction de la cure, c’est un élément important que ne se fixe pas la jouissance de l’Autre dans une compacité, mais que puisse se révéler au sujet, précisément qu’elle n’est pas une, qu’il y a une pluralité d’habitat de la jouissance de l’Autre. Pour cette jeune femme, la drogue n’est jamais entrée dans la maison close. Une marque sur le corps (un tatouage – ce sera le sujet d’une des séances à venir ici) lui permettra d’inscrire et de solder (soit de reprendre à son compte une dette symbolique). Ainsi pour elle, mais il me semble que c’est commun aujourd’hui, le symbolique prend sa valeur à partir de l’imaginaire (du corps) et du réel (de la marque, qui devient trace sous l’effet d’une imaginarisation du symbolique).

 

Revenons à la séance inaugurale. Un sujet qui demande une cure, ça jouit. La jouissance de cette jeune femme, prise du côté de la trouvaille ne semblait pas la malmener. Pourtant, sous « j’aimerais bien que ça continue », alors que précisément ça n’a pas encore commencé, laisse poindre de l’angoisse. La jouissance se manifeste par inhibition, symptôme, angoisse. Ce sont trois modes, trois « chants » des jouissances. Des chansons et des champs, des territoires, qui offrent un tissage ici singulier, comme celui du tapis Mamelouke qui répond pourtant à une partition. Il s’agit d’une localisation, fiction et fixation, qu’un sujet offre à l’analyse, pour aborder comment il fait ou il ne fait pas avec réel, symbolique et imaginaire. Partir d’inhibition, symptôme, angoisse permet de commencer de tisser, d’écrire : en lisant, en écrivant (Julien Gracq) ; ça s’écrit en lisant, ça se lit de s’écrire.

 

Je vous laisse le soin d’articuler ici aux modes lacaniens du nécessaire, de l’impossible, du possible et du contingent. Et, je reprends un fil passé dans le dessous que je peux ici nommer : déposition de l’opinion politique, qui réapparait sous la forme de la déposition de la morale. Déposition, l’image est forte : il s’agit de détacher le Christ, cloué à sa croix, signification réelle qui prend métaphore dans dépouiller de sa souveraineté, de sa fonction. L’obsessionnel ligoté, empêché par la morale rechigne a abandonner la jouissance de la souffrance christique. L’inhibition qui marque la vie obsessionnelle tient dans cet arrêt de l’imaginaire, ce refus d’imaginer autrement… Je pourrais aussi évoquer la déposition de l’éducatif, certes dans la clinique avec les enfants mais pas seulement : la psychiatrie aujourd’hui est entièrement tournée vers l’éducatif. Pensez au borderline, qui se laissent porter « sur la crête d’une vague qui déferle » et à qui il conviendrait d’apprendre à contrôler leur impulsivité…

 

Par cette déposition, il s’agit de dépouiller ce qui commande, ce qui prend la place du commandement, ce qui aura pour effet de déplacer ce qui commande (pas de déplacer le commandement). C’est précisément l’écart entre la structure, et l’habit qu’elle prend, les oripeaux dont elle se pare.

 

La technique psychanalytique repose sur la déposition du regard, quelque chose de l’axe imaginaire se dépose pour que s’entende la structure de leurre qui ligote tout parlêtre. Il est fréquent que des patients reçus en face à face cessent d’accrocher leur regard à celui de l’analyste ; c’est une plante, un tableau qui prend la place du point de fuite de la parole. Un jour un patient indique que le dessin d’un phalène accroché au dessus du divan, auquel il fait face, assis dans le fauteuil, lui est extrêmement inquiétant. Il lit une mante religieuse. Il est vrai, que les relations avec sa femme (très religieuse) sont difficiles…

 

C’est dans l’expérience de l’aperception du dispositif imaginaire que peut se déplacer ce qui fait commandement, qu’une invention peut se produire. Ou pour être précis, que s’ouvre un espace et un temps possible pour l’invention. Il faudra recommencer…

 

Le lien social dominant porte la pauvreté imaginaire, c’est-à-dire fixe l’imaginaire en idéal : bien dormir, avoir confiance en soi, ne pas être angoissé, ne pas être déprimé, ne pas être affecté. L’un des premiers d’une cure est de décoller idéal du moi et moi idéal, que dans cet espace qui s’ouvre s’aperçoive un écart, la possibilité d’un entretien (ce qui se tient entre).

 

Le dispositif en place, déjà du temps de Freud, que Lacan a nommé plus tard (plus récemment) discours du capitaliste est simple. Je prends à Alexis Chiari sa façon de le dire, c’était au séminaire de cet été à Nice : « ce dispositif relève de la montée au zénith de l’objet a, et de sa tyrannie aujourd’hui, par le coup de génie qui fait passer l’objet cause pour l’objet du désir en court-circuitant la demande avec pour conséquence la prolétarisation générale, forme de démocratisation à l’envers, et la soif du manque à jouir. Il est donc difficile désormais que s’applique la phrase de Lacan : “ je te demande de refuser ce que je t’offre parce que ce n’est pas ça. ”» Le trou dans le savoir, c’est-à-dire la structure réelle qui afflige le parlêtre d’avoir à habiter réel, symbolique et imaginaire dans une dysharmonie inaugurale est voilé. Le trou, qui cause le désir, est voilé, obturé par un objet préhensile (sans cesse renouvelé) autour duquel s’acharne la pulsion (qui n’a rien à faire avec la dite impulsivité que j’évoquais plus haut). Un objet déjà là, c’est bien le rôle pris par les algorithmes qui présentent des objets avant même que la demande ne se formule. Aussi Alexis Chiari conseille-t-il « aux nostalgiques invétérés de relire l’autre Capital, à savoir La vie sexuelle de Freud, où il décrit la fin pathétique de la première phase de la vie sexuelle infantile et le terreau de ressentiment et de mésestime de soi où va éclore le capitaliste de demain, à savoir le petit névrosé ordinaire. » La plainte aujourd’hui d’une défaillance de la confiance soi est généralisée, vous entendez à quel point porter la confiance en soi comme idéal nourrit le dispositif.

 

Freud s’est posé la question d’un état névrotique qui tire sa source dans les conditions de vie actuelles. Vous avez entendu que je soutiens un va-et-vient entre les conditions de vie, soit ce qui domine le social et la possibilité d’une invention subjective. Cette question de Freud, reprise par Wilhem Reich, peut se formuler ainsi : comment fait-on pour inventer dans un monde où la mécanisation des corps annihile le sujet ? Je n’ai pas pris le temps de revoir « Les temps modernes » (1936) de Charlie Chaplin. Je relèverai simplement aujourd’hui que le commandement de la cadence des chaines de production à l’usine vient par un écran de télévision, que le déclencheur de la cadence, l’agent, est un homme au physique sculpté par les canons de la bonne santé… Reich, dans « Les hommes dans l’état » (1953) esquisse une critique de Freud : « la théorie freudienne de la sublimation était peut-être applicable au chercheur scientifique, à l’ingénieur ; elle s’appliquait mal au travail du médecin moyen ou du technicien, et pas du tout au travail mécanique des multitudes. » Le terme de mécanisation peut paraître inapproprié dans notre monde où précisément la mécanique a laissé place à l’informatique, à l’intelligence artificielle, etc… Pourtant c’est bien à l’action mécanique qu’il est fait appel dans le travail quotidien. Elle n’a rien à voir avec le geste de l’artisan qui s’appuie sur un savoir-faire et qui nécessite pour qu’il serve l’oubli. Tout le travail de l’artisan (mais s’y trouvent inclus l’artiste, l’interprète en musique, le comédien, le danseur, …) est de penser avec les mains, soit que le geste s’oublie dans le faire. Le corps va plus vite, devance la pensée, reste sur le pas-de-porte du sens. Pour parvenir à cet endroit, c’est un long travail. Penser avec les mains, est-ce le cas d’un analyste, peut-être de Lacan, qui à la fin de sa vie manipulait des bouts de ficelle.

 

Il n’est pas anodin, que le désêtre spécifique de l’homme capitaliste se rencontre aujourd’hui par le burn-out. Le tissage subjectif reprend souvent à partir de la perte du sens : « ce que je faisais n’avait plus de sens… » Le sens perdu, ça n’est pas le pas-de-sens, ce seuil qui place sur le pas-de-porte du sens. Ce seuil réel fait tenir imaginaire et symbolique, c’est-à-dire donne une consistance à la réalité : ce seuil qui fait lire le dessin comme mante religieuse ou phalène, et suspend le vrai.

 

Lors de la rencontre que nous avons fait à Rome avec Clément Cogitore en mai, à une remarque que je lui faisais il explique que dans ses films, il cherche à « installer un récit qui instaure un pacte de croyance avec le spectateur, puis de le mettre en crise. » En somme l’artiste comme le psychanalyste font trembler la représentation. Ainsi ai-je choisi l’image pour l’affiche de ce soir, extraite d’un film d’Alexandre Roccoli, que nous accueillerons ici en mars, la pièce s’appelle « Weawer Raver », soit « Tisserand rêveur. » Il s’agit en image du dialogue entre une tisseuse à Lyon, sur metteur Jacquard (soit la naissance du tissage industriel, mécanisé, capitaliste) et d’un tisserand à Tanger. De ce mouvement du corps, des mains, et des sons produit par les métiers, Alexandre Roccoli extrait une structure qu’il habite, qu’il habille différemment. Est-ce une manière de rendre compte du déplacement d’un symptôme ?