Séminaire de Lacan Les Structures freudiennes des psychoses(1955-1956)
Faut-il encore, aujourd’hui, parler de la forclusion du Nom-du-Père, au singulier, ou bien plutôt des forclusions ? Que signifie cette forclusion « de fait » dont parle Lacan pour Joyce ? Existe-t-il un pousse-à-l’homme qui ferait pendant au pousse-à-la-femme ?
La question qui nous animera tout au long de ce séminaire d’été sera celle du « traitement » effectif des psychoses et de la place du psychotique dans le lien social ; en effet, si le psychotique ne relève d’aucun discours établi, que peut-il attendre du discours psychanalytique ? Et « comment ne pas devenir fou ? » en ces temps de « disruption », interroge le philosophe.
Dans le titre de l’écrit que Lacan rédigera à partir de ce séminaire, « D’une question préliminaire à tout traitement possible de la psychose ». Que signifie le passage du pluriel au singulier ? Faut-il en conclure que toute psychose procéderait de la forclusion du Nom-du-Père ? On peut supposer que cette « question préliminaire », qui affleure déjà dans le Séminaire sur le Moi, concerne la distinction entre le réel, le symbolique et l’imaginaire, distinction théorique préalable à tout traitement des psychoses, où ces dimensions sont justement dissociées ou plus au moins confondues.
Une question de topologie, déjà.
L’abord topologique révèle la souplesse de la structure ou, plutôt, la souplesse de la forme par rapport à la structure; doit-on alors revoir la nosographie à la lumière de la distinction RSI ? Ainsi le schéma I, loin de pousser à une conception figée, essentialiste, ségrégative de la structure, rend compte, dans la mouvance du délire schébérien, d’un état relativement stable.
Le traitement de la psychose pose le problème de la place de l’analyste dans le transfert. Celle de l’Autre, écrasant et persécuteur, du fait de sa position à l’infini (le transfert désastreux de Schreber sur Flechsig) ? Ou plutôt celle de l’autre, seul point plus ou moins fixe, mais limitant le sujet dans la relation imaginaire ? Ou encore, en place de Sinthome, se nouant au nœud du sujet, comme Lacan l’envisage dans l’un des derniers séminaires.
La topologie permet, en outre, d’envisager pour les « psychonévrotiques » que nous sommes – en tant que parlêtres – des formes d’inscription nouvelles, voire inventives, dans le lien social. Comment le clinicien en tiendra-t-il compte dans son traitement ?