Un silence de mort
Il restera de notre ami Marcel les temps éphémères ou ineffaçables de l’attachement et de l’affection que lui valut de la part de ses suiveurs une personnalité hors norme.
Elle était significative dès Magnan où son bureau d’assistant était aménagé comme s’il s’était agi d’un salon privé, indifférent à l’espace public. Ce n’était nullement le cas puisqu’il s’agissait au contraire de trouver le moyen d’y inscrire une appartenance et une fidélité autrement incompatibles entre elles, au service de deux patronages s’entend : un exploit, celui de l’alliance, pas nécessairement celle prévue à l’origine. À cause d’un accident : la référence à Lacan pouvait vous faire considérer en effet comme le juif du corps de la psychiatrie française, la métonymie aidant, ce qui n’était pas forcément vécu comme un dommage mais une inconsistance pour certains, nombreux.
Bien que Lacan ait tenu à être le témoin de son mariage, Marcel souvent l’a raconté comme un trait d’humour, il s’agissait bien plus d’une interprétation, ou du moins de sa tentative d’une union difficile.
En ce qui concerne notre propre fraternité, équivoque ainsi à cause des conditions bi de l’alliance, Marcel savait que je n’appréciais pas son goût pour l’exhibition des couvre-chefs : feutre, borsalino, sombrero, stetson, casquette, chapka, képi, chéchia etc. qu’il arborait fièrement en se marrant. Il faut croire que le bébé – il était né en 40, son père parti à la Légion étrangère – avait appris tôt à adapter son bonnet.