Sur le film «Simple comme Sylvain», de Monia Chokri
23 novembre 2023

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HASENBALG-CORABIANU Virginia Alicia
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Sur le film « Simple comme Sylvain », de Monia Chokri

À la douce expérience de l’accent canadien qui nous berce tout le long du film, vient s’ajouter un excellent jeu de caméra et de lumière, qui font de ce film quelque chose de très beau. Au-delà de la beauté, un jeu d’acteurs formidable fait qu’on oublie que l’on se trouve dans une salle de cinéma, ce qui n’est pas peu. Mais le plus intéressant c’est le message que nous adresse sa réalisatrice, Monia Chokri, son interrogation pour ne pas dire sa quête sur l’amour et dont son actrice principale, Magalie Lépine Blondeau, se fait le porte-parole.

On est surpris par l’impression que le film commence par ce qui devrait être sa fin : une rencontre joyeuse et pleine de désir avec un beau jeune homme qui semble la combler malgré le bouleversement qu’il produit dans sa vie.

La question que l’on se pose alors est celle de la chute du récit, ou pour le dire autrement, comment va-t-elle le boucler ?

Et c’est vrai que ça se boucle d’une façon pas banale.

Ce film, ou création d’une jeune femme qui se définit comme féministe (elle l’est et de bon augure) a le courage de tourner autour de la question de Freud, Was will das Weib ? Que veut la femme ? Elle a le courage de faire un tour à la question. Courage de rompre un lien et de s’embarquer dans un autre, portée par la passion et des mots d’amour simples, étonnamment simples, mais dont l’effet de vérité est époustouflant.

La réalisatrice cherche à définir l’amour, quels en seraient ses voies ? Mais le message qu’elle nous adresse, peut-être malgré elle, c’est le rapport foncier des femmes à la solitude. A partir de cette clef de lecture, on pourrait rembobiner le film et le revoir à l’envers. Et ça tiendrait aussi bien. Ce qui fait sa vraie scansion c’est le retour à une sorte de jouissance de la solitude, où elle semble se retrouver avec elle-même.

A partir de là, les conditions sont données, me semble-t-il, pour qu’un deuxième tour soit possible, et que la double boucle aboutie puisse donner les réponses attendues à une question si centrale comme celle de l’amour. On attend donc la suite…

Virginia Hasenbalg