(rencontre avec l’auteur à Paris le 22 novembre 2010)
Dans une de ses nouvelles, intitulée Ulrika, Borges écrivait qu’être colombien était un acte de foi. Bien que son intention était de dire que toute identité nationale était de cet ordre, le fait d’avoir choisi comme exemple la colombienne a sûrement un sens particulier.
A la différence du Mexique qui avait été unifié par les Aztèques ou du Pérou qui l’avait été par les Incas, il n’y avait pas à l’arrivée des européens une nation unifiée dans le territoire de ce qui est aujourd’hui la Colombie. Cent vingt nations indiennes nommaient ce monde en cent langues différentes sur un territoire d’une extraordinaire diversité topographique, une forêt equinoxiale complexe où poussaient et continuent à croître cinquante mille espèces de plantes différentes, la plus grande diversité d’oiseaux au monde et une pluralité de climats simultanés qui suscite toujours le ravissement des voyageurs.
L’idée d’une nation unique est arrivée avec les européens et a inscrit sa marque dans la vocation européenne des Colombiens, notable dans leur usage soigné du castillan, dans la religiosité chrétienne de leur peuple, dans leur fidélité aux formes de la démocratie, héritées de l’exemple de la Révolution Française. Le fait que nombre de ses idées vienne d’ailleurs a fait du Colombien un être fasciné par les diverses et lointaines cultures et, en même temps, en retard quant à la connaissance de son propre univers.
La langue de Castille est arrivée avec la Conquête et elle était déjà une langue si mûre qu’elle était sur le point d’écrire le Quichotte, mais cette maturité même la cuirassait d’arrogance. Elle n’était pas du tout disposée à recevoir les enseignements du continent américain, et cependant elle était muette face à l’Amérique. Elle n’avait pas de mots pour nommer les arbres, les oiseaux, les climats, les peuples natifs, leurs coutumes, leurs légendes. Et ceci est un thème passionnant, celui d’un monde qui parle dans une langue née à distance de sa réalité, dont les mots ne se sont pas nourris de la sève de son territoire. Celui d’une langue qui, en outre, est vécue dès le départ comme une musique étrangère.
Du fait du colonialisme, un phénomène semblable a pu être vécu dans d’autres régions du monde, comme en témoignent ces vers d’un poète africain:
Connaissez vous cette souffrance,
ce désespoir qui n’a pas d’égal,
que de dompter avec les mots de France,
ce coeur que m’a donné le Sénégal?
En effet, parler de la Conquête espagnole, c’est aussi penser comment a avancé une langue qui prend possession d’un territoire. Le castillan a dû apprendre des langues indiennes à dire caïman et ouragan, canoë et iguane, et les noms de fruits comme piña –ananas- ou guanábana, d’arbres comme guayacán ou d’animaux comme tiburón –requin-. Et ce processus de métissage a été très lent jusqu’à faire finalement du castillan une langue d’Amérique, une langue apte à exprimer ce que nous sommes et le monde auquel nous appartenons. On pourrait croire que ces processus sont automatiques mais l’histoire des langues et des cultures est la chronique permanente de ces métamorphoses presque imperceptibles qui vont former un fleuve unique à partir des eaux variées de nombreux affluents.
De la même manière le fleuve des sangs s’est unifié dans le flux métis qui fait de la Colombie un pays un peu différent de ses frères latinoaméricains. Il y a en effet en Amérique Latine des pays qui montrent de manière plus évidente le cuivre indien comme le Pérou, ou un acajou africain plus décidé, comme le Brésil ou Haïti, ou encore une physionomie plus claire et européenne, comme le Canada ou l’Argentine. Mais en Colombie tout est mélangé, à la manière de nos musiques où il n’est plus guère possible de distinguer la mélodie indienne, les harmoniques européennes et le rythme africain et la Colombie pourrait être un exemple parfait de métissage réussi s’il n’y avait pas eu depuis le début ce phénomène que Germán Arciniegas appelait “el cubrimiento de América”, le recouvrement de l’Amérique. Arciniegas écrivait que, plus que de l’avoir découvert, le monde européen avait recouvert de ses symboles ce monde récemment conquis: ainsi le sens divin de la nature qui fait dire aux indiens qu’ils ne sont pas les fils de Dieu mais les “fils de l’eau et de l’étoile” a été déplacé par le dieu spirituel européen, l’exubérance de l’espace equinoxial a été éclipsé par le rêve de rendre européen le paysage et la richesse d’une vie de respect et de simplicité a été dévastée par la malédiction de l’Eldorado, qui ne nous a plus quittés depuis lors.
La malédiction de l’Eldorado consiste à ne pas voir le trésor mais seulement le fétiche. Il ne viendrait à l’esprit de personne que la Pieta de Michelange ne soit qu’un morceau de marbre. Ni que Notre Dame soit une accumulation de pierres. Personne ne pense que Les noces de Cana de Véronèse se réduisent à des huiles sur une toile. Ce fut pourtant le cas du conquistador qui ne vit rien d’autre que de l’or dans l’orfèvrerie exquise des civilisations d’Amérique. Aujourd’hui il regarde la nature et ne voit pas l’arbre sacré sinon la drogue industrielle. Et aujourd’hui tout comme hier il voit la forêt amazonienne mais ne voit pas l’eau primordiale, ni “cet air partagé qui baigne la planète”, il ne voit pas la source des mythes futurs, mais des ressources à exploiter, une richesse immédiate et comptable.
Dans son oeuvre Roland le Furieux, Arioste dit que tout ce qui se perd sur terre réapparaît sur la lune. Mais pendant la Renaissance, l’âme européenne tout juste sortie du Moyen Âge avait l’illusion de retrouver en Amérique ce qu’elle avait perdu en Europe. Elle y cherchait les sirènes et les andriagues, les nains et les géants, les dragons et les amazones. Les pupilles des conquistadors, aveuglées par leurs rêves ne pouvaient voir le trésor. A la recherche de la canelle, ils rencontrèrent la forêt amazonienne, cette richesse majeure de la planète et ils pleurèrent de rage face à cette trouvaille indésirable. Héritiers des alchimistes qui rêvaient de transformer toute chose en or primordial ils ne virent jamais l’or des civilizations natives démultiplié en mythes et en fables, en chants et en légendes, et ils renvoyèrent le tout à son plasma originaire et ont fondu ce Louvre d’or délicat en lingots pour barbares.
Je suis la plaie et la lame
La joue et la gifle
Je suis la roue et les membres
Le bourreau et la victime
Si appartenir à la modernité, comme le suggère Baudelaire dans ce poème, c’est avoir l’âme divisée, eh bien! nous les américains du Sud, fils des victimes autant que des bourreaux, nous sommes modernes depuis le commencement. En effet toutes les fusions de la modernité, de nombreuses vertus et tous les maux de la globalization nous accompagnent depuis le début de notre existence contemporaine. Nous sommes ce qu’un poète colombien avait appelé “la cicatrice ancienne d’un baiser”, et le miroir que nous recevons en retour de nos perles asphyxiantes ne reflète qu’à moitié. C’est la façon américaine de “voir en miroir et en énigme”. En dehors de quelque brillants auteurs de chroniques, en dehors de quelque poète incompris, malgré le regard profond et savant de José Celestino Mutis, l’Espagne aveugle du Moyen Age est repartie sans avoir vu l’Amérique, et il faudra attendre le début du XIXème siècle pour que les yeux romantiques d’Alexandre von Humboldt voient enfin notre monde grâce aux lunettes du siècle des Lumières. De ce regard est née la géographie moderne, et il en naîtra peut-être encore un jour une attitude plus délicate à l’égard d’une nature qui convulse encore comme un serpent pris dans les tenailles des conquistadors.
On pourrait résumer ce noeud de complexités qui constitue la Colombie en disant que c’est un pays plus grand que sa carte. Chaque région a le regard tourné vers un monde différent. Le Nord appartient au territoire légendaire des Caraïbes, contrée immense qui, comme le dit Garcia Marquez, s’étend du delta du Mississippi jusqu’à celui de l’Orénoque. L’Ouest qui s’ouvre depuis les falaises de basalte de la cordillère occidentale vers les forêts humides du Choco, et vers le nid des baleines chanteuses de Buenaventura, de Guapi et de Tumaco, appartient au bassin du Pacifique. L’Est, que nous appelons “Llanos Orientales”, fait partie de la grande région des plaines de l’Orénoque qui a en commun avec le Venezuela ses chevaux et ses harpes. La région montagneuse du centre appartient au monde des Andes qui s’étend vers le Sud et a toujours écouté comme s’ils étaient les siens les chants mélancoliques d’Equateur, les valses créoles de Lima, les cuecas du Chili, les chansons paysannes des troubadours du Cuyo et même les tangos douloureux de la grande Buenos Aires. Et le Sud de la Colombie ne peut se comprendre que comme une partie de l’immense bassin amazonien, qui est le refuge véritable des derniers dieux, la salle d’urgences de la civilization et l’antichambre de la destruction de la planète.
Un pays qui participe de tous ces mondes devrait avoir une vocation continentale et l’évidence est que, si elle ne l’a pas, la responsabilité principale en incombe à sa paradoxale classe dirigeante.
En effet la première question que tous nous nous posons est pourquoi la Colombie est le seul pays qui continue à être en guerre dans tout le continent américain. En dépit des explications acrobatiques données par les gouvernements successifs, on doit remarquer qu’il ne s’agit pas d’une guerre nouvelle, mais de la version plus récente de la même guerre qui se prolonge depuis la moitié du siècle dernier, en changeant de protagonistas ou de masques au fil de son déroulement. En effet, dans l’histoire, il n’est pas rare de voir des guerres modifier leur composition.
Le mal le plus ancien en Colombie est l’interprétation précaire de sa réalité de la part d’une classe dirigeante plus intéressée à défendre ses intérêts privés qu’à incarner un projet national; le rêve de nation apporté par l’Europe s’est pérennisé en tant que rêve européen, il n’a pas réussi à nous inspirer un regard clairvoyant sur le monde équinoxial, sur la nature américaine, sur notre richesse humaine, sur le métissage, il n’a pas ouvert le passionnant dialogue qui pourrait voir le jour entre la mémoire mythique des peuples natifs et la mémoire historique des peuples européens, entre le Dieu spirituel et l’ordre sacré de la nature, entre la parole orale et l’écriture, thèmes décisifs à l’ordre du jour de la modernité et de la cohabitation, et de plus en plus urgents en tous lieux de la planète.
La classe dirigeante coloniale, et pis encore dans le cas des élites créoles de la République, a fondé son projet sur un européisme schématique, qui a nié de mille manières les composantes originales de la nation possible. Avec la Constitution de 1886, qui a régi la Colombie pendant quatre générations, le centralisme a éclipsé la diversité du territoire; le Concordat avec le Saint Siège a soumis les consciences à la férule cléricale, la mise à l’index des livres et la proscription de la lecture libre a été fatale pour la formation d’une citoyenneté capable de soutenir un projet démocratique; le défi d’une économie adaptée à sa nature équinoxiale et à ses richesses singulières a été abandonné en faveur de la subordination de notre économie aux priorités des métropoles; les indiens et les noirs ont été perdus de vue à l’horizon d’une illusoire société blanche, catholique et libérale d’origine européenne, gouvernée par une capitale qui se vantait de se situer à 2.600 mètres plus près des étoiles pour mieux dissimuler qu’elle vivait à 2.600 mètres plus loin du pays qu’elle gouvernait.
De nombreux éléments constitutifs de la nation ont été relégués en chemin ou exclus du projet politique des élites. Encore maintenant les voyageurs qui s’émerveillent de notre nature, qui sont fascinés par nos climats, qui s’extasient à la lecture de la prose magique de Gabriel Garcia Marquez, qui se délectent de la finesse ironique des tableaux de Fernando Botero, qui admirent les merveilles de l’orfèvrerie précolombienne du Musée de l’Or, qui apprécient l’extraordinaire ingéniosité des colombiens, leur sens du travail et leur vitalité, ne peuvent comprendre la raison de tant de mendicité dans nos rues, de tant de misère dans nos quartiers populaires, de tant de ressentiment dans ces secteurs sociaux qui alimentent tout autant le trafic de drogues que la guérilla, la délinquance commune ou le paramilitarisme. Il est en effet difficile de comprendre ces abîmes qui séparent les minorités privilégiées des grandes majorités désemparées.
Il m’arrive souvent de penser que tandis que d’autres pays d’Amérique ont une vue plus claire de l’ordre culturel, humain et naturel auquel ils appartiennent, en Colombie, nous nous leurrons davantage sur notre réalité et nos origines.
Cette nation inexistante s’est configurée, non pas du fait de l’institution d’un Etat utile et protecteur, mais grâce aux liens créés par une langue imaginative et sceptique, et nombreux sont ceux qui ont repéré l’importance de la grammaire et des grammairiens dans la construction de nos institutions. Il semble que dans la Colombie du XIXème siècle, il était impossible d’être politicien sans être grammairien, et la Constitution de 1886, la même qui nous a gouvernés pendant un siècle, fut l’oeuvre perdurable de Miguel Antonio Caro, qui parlait en latin à l’ombre des araucarias équinoxiaux et qui gouvernait son pays de caïmans et d’anacondas, d’indiens et de mulâtres, come s’il s’agissait de la Rome de Marco Tulius Cicéron.
La Colombie est une fête du langage où personne ne croit, comme en Espagne, que les mots sont les choses. Ce scepticisme fondamental à l’égard la langue, dû au fait qu’elle n’exprimait pas complètement le monde où nous vivions, est le même scepticisme que nous retrouvons à l’égard de la loi car dès l’origine, la loi nous a trompés, et en feignant de représenter le bien commun, elle n’a été que l’instrument des conquistadores et des encomenderos, des esclavagistes et des bradeurs de patrie, et à aucun moment ne fut cette loi généreuse qui s’inscrit avec la même vigueur dans les codes et dans les coeurs.
Certains attribuent notre violence politique à la simple méchanceté humaine: pour ma part je l’attribue à cette lecture biaisée de la réalité. Joseph Conrad a écrit une nouvelle à propos d’un bateau nommé “La bête”, et qui de temps en temps était pris de soubresauts inexplicables et jetait ses marins dans les flots. Quelqu’un soutenait qu’il y avait quelque chose de mauvais en lui jusqu’à ce que l’on découvre que le pont avait été altéré par l’avidité des commerçants qui voulaient emporter plus de chargement que prévu et ce qui semblait être une incarnation du mal n’était en fait qu’une erreur délibérée de conception. La guerre colombienne a des explications qui sautent aux yeux. Les gouvernements oublient toujours que lorsque les maux semblent ne pas avoir de cause c’est parce qu’ils durent depuis si longtemps que les causes ont été perdues de vue. Notre démocratie existe, mais elle a vécu sous la menace de la terreur, une terreur omniprésente et subtile qui ne permet pas que le débat politique progresse avec loyauté et franchise, et qui recourt à la violence pour trancher des contradictions bien plus profondes et il ne faut pas oublier que ceux qui ont éduqué le pays dans l’intolérance sont les mêmes milieux qui prétendent incarner la civilisation.
Je préfèrerais me consacrer seulement aux merveilles de la Colombie, à sa nature tropicale qui reste la réserve de la pharmacie du futur, à son potentiel agricole et minier, à son extraordinaire richesse humaine, au trésor inexploré de sa mémoire, de ses arts et de ses carnavals, au vin de sept consuls longuement fermenté dans ses rêves, mais je ne peux oublier que nous sommes en guerre et que cette guerre doit être résolue pour que le pays véritable puisse montrer son visage au monde. Je ne peux oublier que le narcotrafic, s’il n’en est pas la cause, en est le combustible, et qu’il est une réalité qui s’alimente de l’addiction massive aux drogues dans les sociétés industrialisées de la planète. De sorte que, bien que l’Europe n’y pense guère, sa société est partie prenante de la guerre colombienne. Et même si face à la drogue, les Etats Unis, avec leur mentalité primaire, ne s’en tiennent qu’à des actions policières, la subtile Europe qui a enseigné tant de choses au monde, devrait être capable d’animer un changement profond d’attitude envers la toxicomanie qui aille dans le sens d’en faire une question de santé publique, et permette de passer de la prohibition au contrôle, de telle sorte que la production des drogues ne reste pas l’affaire de trafiquants brutaux guidés seulement par le maintien de leurs profits, mais qu’elle soit celle d’Etats susceptibles de prévenir les addictions et de contrôler la consommation. Il y a en effet derrière la prohibition de puissantes machineries, légales ou illégales, qui y trouvent leur intérêt.
Pour résumer, je voudrais dire que la Colombie s’est développée avec la conscience d’être un hôte tardif du monde, une sorte d’observateur en marge de l’histoire contemporaine, jusqu’à ce qu’un beau matin, au milieu d’un sommeil agité, nous nous sommes réveillés, étranges à nous-mêmes, aux prises avec toutes les crises de l’époque et convertis subitement, à la fois en un centre de gravité du trafic de drogues et en l’un des centres du débat sur l’avenir de la biodiversité planétaire, sur l’émigration forcée, sur la question de l’eau et de l’oxygène, sur celle de la lutte contre les privilèges centenaires de quelques uns, et pour une démocratie qui ne soit pas, comme le disait Carlyle, “un chaos décoré d’urnes électorales”, mais une forme véritable de l’égalité des chances et de la dignité des pauvres, et ceci tout en nous trouvant encore attrapés dans la dernière guerre de l’Amérique.
Mais il faut aller en Colombie pour voir ce que signifie assister sans trêve à la découverte de l’Amérique. Il y a là heureusement trop de questions. La Colombie est aujourd’hui un pays plein de projets et de rêves où presque personne ne croit que la nation soit déjà définie, ni que la vie soit au bout de ses ressources. Le Festival de Poésie de Medellin, le plus fréquenté de la planète, à qui le Parlement suédois vient d’octroyer le Prix Nobel Alternatif, est un bon exemple de cette société en effervescence qui, malgré la guerre, rêve et chante, sans ignorer que l’un de nos plus hauts devoirs est d’exiger que soit mis fin à la guerre et que sa solution soit politique, car comme le disait Wallace Stevens, “la guerre c’est l’échec de la politique”.
Et puis j’ajouterais que la Colombie est aujourd’hui l’un des plus surprenants pourvoyeurs de l’art contemporain, mais de ceci il faudrait pouvoir parler en détail. Le poète Aurelio Arturo nous a appris qu’il était exagéré de vouloir parler de la forêt et qu’il vaudrait mieux en réalité parler de chaque feuille. Ainsi je terminerai et vous dirai au revoir en évoquant quelques vers de son poème “La demeure au Sud”:
Je te parle aussi, parmi les bois, parmi les résines,
parmi les milliers de feuilles inquiètes
d’une seule
feuille
petite tâche verte de velours et de grâce
une seule feuille où vibrent les vents qui ont couru
dans les beaux pays où le vert est de toutes les couleurs,
Les vents qui ont chanté dans les pays de Colombie.