La Révolution de 1905
25 février 2019

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FLORENTIN Thierry
Séminaire d'hiver

La Révolution de 1905

A la fin de son exposé du cas du petit Hans, Freud n’arrive pas à  s’empêcher de vouloir protéger son knaben, comme il l’écrit, c’est dans son titre, son fünfjähringen Knaben, son garçonnet-ce n’est pas ein Kind, un enfant, comme dans Un enfant est battu, Ein kind wird geschlagen, mais un knaben-de vouloir le protéger d’accusations mauvaises, qui, il le présume, ne manqueront pas à venir à son encontre.

A n’en pas douter, prévient-il ainsi le lecteur, ilsvont penser qu’Hans ne serait pas un enfant normal, mais un « dégéneré », un Hereditarier Dégéneré, cela s’écrit pareil en allemand et en français, les psychiatres allemands n’ont pas jugé bon de trouver un équivalent dans la langue allemande, l’expression est d’Augustin Morel, Traité des dégénérescences physiques, intellectuelles et morales de l’espèce humaine et des causes qui produisent ces variétés maladives, 1857, parfait germaniste au demeurant, et qui avait été recruté par Falret pour cette raison même, d’aller chercher ce qu’il pourrait y avoir de bon dans la psychiatrie allemande, donc juste retour ironique des choses, expression que Morel avait lui-même été chercher chez Buffon. Deuxième raison sine qua-non, à son recrutement par Falret, enterrer définitivement Esquirol et sa monomanie et renouveler le regard des aliénistes sur la maladie mentale, et sur leur classification.

Conception de la dégénerescence qui va elle-même rapidement devenir obsolète à la suite des travaux de Darwin, L’origine des espèces,  dont le titre exact laisse songeur, Sur l’Origine des Espèces au moyen de la Sélection Naturelle, ou la Préservation des Races les meilleures dans la Lutte pour la Vie, 1859, mais qui sera renouvelée, réactualisée, parMagnan et Legrain en 1895, dans leur ouvrage principal, Les dégénérés, où ils intègrent les théories évolutionnistes pour les renverser, et faire de l’ensemble des facteurs qui s’y opposent, dont la charge héréditaire, les causes principales de la pathologie mentale.

« Cela me fait de la peine, écrit Freud donc,de penser à la façon dont ils vont tomber sur notre pauvre petit Hans, dès qu’ils vont apprendre que l’on peut trouver chez lui une tare héréditaire ».

Ils, ce n’est pourtant pas tant Magnan, ni Morel, parce qu’entre temps, il y a eu un livre essentiel et révolutionnaire d’Edouard Toulouse, Les causes de la folie, Prophylaxie et Assistance, 1896, qui rend plus délicat de soutenir les théories de la dégénerescence en France et les fait tomber en désuétude, en ces années du tournant du XXième siècle naissant, où s’écrit le cas du Petit Hans, 1909, non, ils, ils sont beaucoup plus larges, ce sont, poursuit Freud, tous ces «  Bekenner des Normal Menschen », que Marie Bonaparte traduit en français par « sectateurs », du latin sectator, celui qui suit une doctrine, qui l’accompagne, qui l’escorte, le « tenant d’une foi », mais qu’il faudrait plutôt traduire pour être vraiment fidèle à l’inquiétude de Freud par « les inquisiteurs  de  l’homme normal », ceux qui viennent arracher l’aveu, la confession, non pas du symptôme visible, mais de son évidence dissimulée, celle de l’atavisme et de la tare héréditaire.

La tare en question étant bien évidemment chez Hans, nous rappelle Freud, la jolie mère, la « schönen mutter » en analyse avec lui, elle même proie d’une névrose, du temps, nous précise-t-il, où elle était encore une toute jeune mädchen, une jeune fille.

A vrai dire, le gentil petit Knabende ses parents, ainsi que du bon Professeur Freud, n’a pas grand-chose pour attendrir les inquisiteurs en question.

Outre les attentions subversives de sa mère, cas de séduction traumatique s’il en est, son observation clinique met en évidence qu’il est un petit masturbateur, à tendances homosexuelles, voyeur, exhibitionniste, sadique de sa petite soeur, etc…

Un vrai petit pervers, dont l’INSERM aurait certainement volontiers fait l’étude de cas dans ses recommandations pour le dépistage des enfants déviants.

Et Freud continue, c’est presque la conclusion, avant l’épilogue qui lui ne sera écrit qu’en 1922, treize ans après la parution princeps du cas, une fois Hans devenu adulte :

« Aucune frontière nette », écrit-il, « n’existe entre les « nerveux » et les « normaux », enfants ou adultes. La notion de « maladie » n’est qu’une question de plus ou de moins. La prédisposition et les éventualités de la vie doivent se combiner afin que le seuil au-delà duquel commence la maladie soit franchi. En conséquence, de nombreux individus passent sans cesse de la classe des bien-portants à celle des névrosés et un nombre bien plus restreint de malades fait le même chemin dans le sens inverse. 

Et il conclue : « Ce sont là des choses qui ont été si souvent dites et qui ont trouvé tant d’échos que je ne suis certes pas seul à les soutenir ».

« Ich gewiss nicht allein stehe ». 

Gewisss Je n’ai aucun doute là-dessus, j’en suis certain».

Eh bien, rien n’est moins sûr, et le procédé rhétorique qu’utilise Freud, procédé classique, qui consiste à entrainer l’adhésion de son lecteur, en énonçant son propre argument à soi, celui qu’on veut faire admettre, lui faire passer, comme une évidence partagée et celui de son opposant éventuel comme une aberration dépassée, et bien ce procédé réthorique, s’il n’est pas nouveau, n’en est pas moins incertain quant à son succès.

Car Freud, en 1909, est encore très seul.

Déjà, quatre ans plus tôt, avec la parution des « Trois essais sur la théorie sexuelle, c’en était de trop pour les Bekenner, les inquisiteurs de l’homme normal.

Dès sa parution, qui connut pourtant une diffusion plutôt restreinte, mille exemplaires en quatre ans, en édition brochée, plutôt cheap, dirait-on aujourd’hui, quatre mille autres entre 1910 et 1920-pas de quoi fouetter un chat-les « Trois essais » rendirent Freud, les mots sont de Jones, « presque universellement impopulaire, et lui valut plus d’insultes et d’injures qu’aucun autre.

On trouva son ouvrage immoral et son auteur malfaisant et obscène. 

On cessa de le saluer dans la rue ».

Vous retrouverez tout ça dans l’introduction que fait Michel Grinbinski dans la nouvelle traduction des Trois Essaisde Philippe Koeppel.

Qu’avait donc écrit Freud pour mériter ça ?

Ce n’était pas tout à fait un inconnu, il avait déjà publié les Etudes sur l’Hystérie(1895), la Science des rêves (1899), on en savait grâce à lui un peu plus sur l’Inconscient, sur la psychopathologie de la vie quotidienne(1901), sur nos actes manqués, sur le refoulement de la sexualité, et sur la place qu’elle prenait dans la vie psychique de chacun.

Ben alors quoi d’autre ?

Eh bien cela justement.

Pas tant que les enfants auraient un éveil sexuel précoce, cela tout le monde le savait, il y avait bien longtemps que plus personne ne soutenait l’idée de  l’innocence et de la pureté de l’enfance.

Encore moins que la préoccupation sexuelle infantile soit de nature perverse polymorphe, comme il le disait, là-dessus aussi l’encre avait coulé depuis les écrits du puritain et moralisateur Tissot. Vous connaissez la gloire de Lasègue, je la cite parce que Foucault consacre un trimestre entier de séminaire, de janvier à Mars 1975, sur la masturbation et sa criminalisation par les moralistes et les aliénistes au XIXième, Cours au Collège de France, Les anormaux.

Lasègue fait deux articles sur les perversions. Il n’en fait pas quinze, il en fait  deux, trois si l’on considère que la kleptomanie est une perversion, mais ce n’est pas une perversion sexuelle proprement dite. Cela ne l’intéresse pas plus que ça, mais il travaille à ce qui va devenir par la suite l’infirmerie du dépôt, et à ce titre il reçoit le tout-venant de ce que lui amène la Police, pour troubles à l’ordre public. Premier article, sur les exhibitionnistes, il est l’inventeur du terme, 1877.

Deuxième article sur les perversions, l’onanisme, qui est plutôt une leçon à ses étudiants, où il reprend l’hésitation de l’époque sur la nécessité de classer la masturbation du côté du vice, de l’habitude vicieuse, ou de la maladie, de l’aberration génésique. Que dit-il cependant à ses étudiants, ce dont Foucault se garde bien de parler. Vous ne le trouverez nulle part, mais vous pouvez le vérifier. Il leur dit : Quant aux enfants, foutez leur la paix !!!! Textuellement : « Laissez donc cet enfant tranquille ».

Je reviens à Freud et au scandale des « Trois essais ».

Le reproche ne porte pas plus sur le fait d’avoir écrit que l’enfant fait usage sexuel de tout ce qu’il trouve sous la main, et que toutes les manifestations de son corps, de la bouche à l’anus en passant par le contenu intestinal et les matières fécales, et du pénis au clitoris en passant par la vessie, puisent être sources et occasions d’excitation sexuelle.

Pas tant non plus sur son affirmation que la sexualité échappe à son usage naturel, celui d’être vouée à la reproduction de l’espèce, et qu’elle ne fonctionne finalement que pour son bon plaisir et pour elle-même. Cela on va y revenir, lui-même va y revenir. De plus, l’hypocrisie de cette morale-là en 1905 n’émeut plus grand-monde, rappelons que la même année, en France c’est la loi de séparation de l’Eglise et de l’Etat, à l’instigation d’Aristide Briand. En 1905, c’est l’ensemble du continent européen qui a hâte d’une autre morale, affranchie des canons théologiques sur la sexualité, affranchie tout court si on pense à ce qui est en train de se dérouler sur le territoire russe à cette même époque.

Non, ce qui ne passe pas, mais alors vraiment pas, c’est que Freud prétend, à travers sa description de la sexualité infantile, que la perversion, toutes ces pratiques sexuelles perverses par la recension desquelles il commence son ouvrage, qui occupe le premier essai, ces Abirrungen, ces aberrations, comme le traduira là aussi Marie Bonaparte, comme on le disait à l’époque « aberrations génésiques », je cite un autre ouvrage de Magnan, Des anomalies, des aberrations et des perversions sexuelles(1885), première utilisation du terme perversions sexuelles-d’autres traductions vont être proposées, Jacques Sedat : ErrementsTatonnementsEgarements,Désorientationspour Michel Gribinski – ces aberrations donc, font partie constituante, intégrante, intégrale, de la sexualité de l’adulte.

Malaise dans la bourgeoisie viennoise…

L’essence même de la sexualité de l’adulte, du Normal Erwachsener, l’adulte normal, son fondement, son caractère, serait ainsi composée, selon Monsieur le Professeur Freud,  de la réunion de ces pulsions partielles aberrantes.

Pulsions partielles qui, dans le meilleur des cas, et dans le meilleur des cas seulement, finiront par succomber au refoulement, à la sublimation, et finiront par s’unifier dans la seule pulsion qui vaille, la pulsion génitale, ou resteront si l’opération se passe mal, en totale et pleine liberté dans leur errance, dans l’attente de leur révélation et de leur expression sans plus de vergogne chez l’adulte.

C’est cela au fond, et cela seul, qui est insupportable, et qui constitue la véritable rupture épistémologique par rapport aux écrits aliénistes antérieurs, qu’apporte ce nouveau livre de Freud en 1905, la mauvaise nouvelle, il n’est plus possible de penser qu’il y a les dégénérésd’un côté, malheureux, mal-nés, à qui nous devons notre compatissance ou notre condamnation morale, cependant infréquentables, et les normaux, bien-nés, et chanceux, de l’autre, et qui n’ont rien à voir avec ces tares.

Il n’y a pas, différenciés des sujets normaux, des dépravés précoces à l’hérédité chargée, prédisposés à l’exercice monstrueux d’activités sexuelles perverses, pathologiques, anti-sociales, mais plutôt chez ces personnes devenues adultes, une fixation, une stagnation, une régression, un exercice immature-immaturité inhérente à l’universel de la période de l’enfance-d’activités qui reposent sur une curiosité infantile salutaire à tout devenir-adulte bien-portant.

Plus que salutaire même, nécessaire, à l’exercice ultérieur d’une sexualité adulte saine.

Et de toutes les manières destiné à être oublié lors de la période de latence.

Il n’est donc pas utile de s’en offusquer, puisque, et c’est bien normal, personne ne s’en souvient, ce que Freud ne manquera d’ailleurs pas de souligner dans son épilogue du cas du Petit Hans devenu Erwasechner.

C’est la fonction du refoulement.

Si le refoulement s’opère trop bien, le risque est d’aboutir à une inhibition de toute sexualité, de tout plaisir possible, mais s’il vient à manquer, alors l’enfant ne trouvera de lui-même aucune raison de renoncer aux plaisirs que l’excitation des zones érogènes de son corps lui procure.

La perversion se situe ainsi à un bord d’un gradient de refoulement dont la névrose constitue l’autre bord.

Et au milieu, en équilibre, l’adulte normal.

La névrose est ainsi le négatif de la perversion, elle n’en est pas, du fait de ce centre qu’est l’adulte normal, son envers.

Si elles ne sont pas suffisamment refoulées, les pulsions partielles vont se satisfaire soit indépendamment les unes des autres, soit en élisant l’une d’elles de manière élective, ce qui va devenir l’essence de la sexualité perverse de l’adulte.

A l’inverse, si elles ne peuvent se satisfaire directement, et suffisamment, elles auront à se frayer une issue, par l’intermédiaire des symptômes névrotiques.

Ce n’est pas le pervers qui a mal tourné, mais l’adulte normal, anciennement pervers, qui a bien tourné, puisqu’il a pu traverser de manière heureuse les épreuves de la sexualité infantile et se sortir avec bonheur de la tourbe de la perversion polymorphe, qui risquait bien de l’entrainer dans sa fange.

Précarité également de la solution normale, dont l’adulte ne peut s’enorgueillir, puisqu’il doit savoir d’où il vient et d’où il est issu et constitué.

De plus, il s’en faut de peu pour qu’il revienne en arrière. Et  Freud à ce propos ne retient pas comme pervers des comportements sexuels qui se tiendraient comme tels, de manière exceptionnelle ou contraignante.

Onanisme, homosexualité des situations carcérales, par exemple.

Il retient comme seul critère le retour à la norme lorsque les conditions le permettent.

Ils ne sont pas plus pervers que l’abstinence, écrit-il.

« Quand la perversion ne se manifeste pas à côté de la vie sexuelle normale, selon que les conditions sont favorables à l’une et défavorables à l’autre, mais qu’elle écarte la vie normale et la remplace, alors, c’est seulement dans ce cas, et dans ce cas seulement, où il y a exclusivitéet fixation, que nous sommes justifiés en général de considérer la perversion comme un symptôme morbide ».

« Il y a des pervers non-pathologiques, capables de satisfactions normales aussi bien que de satisfactions perverses, ne préférant pas systématiquement les secondes aux premières, et des pervers pathologiques, rivés à la perversion et étrangers à toute autre jouissance sexuelle ».

Au final, avec les Trois Essais, c’est désormais toute une représentation de la perversion, ainsi que du Mal, qui se trouve irrémédiablement bousculée, et qu’il n’est plus possible de projeter avec les arguments de la science sur les déviants et les pervers sexuels.

Le pervers n’est plus le déchet, l’anomalie, l’aberration,  que l’on doit écarter et éloigner du normal, mais c’est au contraire la perversion qui se trouve être le noyau organisateur et central à partir duquel le sujet se construit.

Et comme si cela ne suffisait pas, le pervers peut être de haute valeur morale, et prendre sa place dans la société, où il peut accéder aux fonctions et aux responsabilités les plus élevées « Beaucoup sont anormaux dans leur vie sexuelle qui se conforment en tous autres points à la ligne générale et qui ont suivi dans leur personne le développement culturel humain dont le point faible reste la sexualité », et cela même si le contraire, comme on pouvait s’y attendre, n’est pas vrai, à savoir que « celui qui d’une manière ou d’une autre, est mentalement anormal, celui là l’est aussi dans sa vie sexuelle ».

Troisième et dernier point, la perversion est constituée de pulsions partielles, dont le refoulement n’est pas homogène, et se manifestera donc par des tendances, à la différence de la mariée du « mot d’esprit », écrit la même année 1905, mariée que l’on cherche à tout prix à présenter au bon parti, et qui s’avère être « juste un tout petit peu enceinte », la présentation de Freud permet le gradient de la perversion, et ouvre sur les autres grands textes à venir, sur le problème économique du masochisme, sur le fétichisme, sur le sadisme, etc.., en tant que composante évolutive, et non en tant qu’état fixé et définitif.

Et c’est cela, les trois véritables essais sur la théorie sexuelle, et c’est cela que l’on ne pardonne pas à Freud, autant au sein de l’univers médical et psychiatrique, que dans la population viennoise, tout aussi éduquée et éveillée soit-elle, et même si elle ne sent pas encore tout à fait libérée.

C’est précisément cette provocation là que Freud recherche.

Non pas être rejeté, il se plaint de sa solitude, dit-il, mais bousculer les théoriesdiscourcourantessur la sexualité.

LesTrois essaissont écrits dans cette intention.

Il sont un ouvrage de combat, celui de la psychanalyse encore naissante, et qui a à s’imposer et à se faire reconnaitre.

A s’affirmer dans sa doctrine, et celle que porte les Trois Essaisest celle des avatars de la pulsion sexuelle, qu’il va défendre jusqu’en 1920, puisqu’après comme vous le savez, il va inscrire la pulsion sexuelle dans un autre combat, celui de l’affrontement entre les pulsions de vie et les pulsions de mort, entre Eros et Thanatos, ce sera un autre temps doctrinal, celui de l’Au-delà du principe de plaisir.

Après 1920, à l’occasion de la quatrième édition des Trois essais, qu’il aura enrichi et remanié sans cesse entre temps, il en rédige la dernière préface :

« En dehors des praticiens de la psychanalyse », y écrit-il, « personne n’a la moindre occasion d’accéder à ce domaine, ni de se former un jugement qui échappe à l’influence de ses propres aversions et préjugés ».

En vérité, Freud se mesure à un immense monument.

Un Viennois, comme lui.

Professeur de psychiatrie et de neuropathologie à l’université de Vienne, et directeur d’une clinique psychiatrique à Graz, dont il est le propriétaire.

Un homme qui, pourtant, comme Freud, pense, je le cite, que « la vie sexuelle est le facteur le plus puissant de l’existence individuelle et sociale »

Un homme à qui s’adresse indirectement, par lecteur interposé, le premier des Trois essais, qui il faut bien le dire, ce premier des Trois Essais, apporte en lui-même peu au final de bien neuf à la psychanalyse-on saisit mal en quoi une recension aussi exhaustive soit-elle, de la diversité des actes pervers, aberrations de but d’un côté, aberration d’objet de l’autre, peut servir à faire avancer la théorie-mais dont la convocation, l’esprit, la référence à son travail, vont libérer Freud dans sa démonstration, puisqu’elles vont lui permettre de se débarrasser de la description des perversions, travail ennuyeux, de taxinomie, de contourner habilement les questions de l’étiologie, celles de l’hérédité, de la prédisposition, de la dégénerescence, de la constitution, de l’entourage, des circonstances, de la biographie, questions plurielles et disparates, qu’il n’attaque pas, comme vous pouvez le constater, vraiment directement, pour déplacer le centre de son travail sur la seule chose qui vaille, la psychopathologie, seul enjeu véritable de l’ouvrage.

Cet homme va lui être très utile.

Il se nomme Krafft-Ebbing.

Il a écrit déjà un Traité clinique de Psychiatrie, fort apprécié, puisque Jung dira dans ses Mémoires, que c’est sa lecture qui aura déterminé sa vocation de Psychiatre.

Ce n’est pourtant pas des maladies mentales stricto sensudont il s’agit ici.

Mais des perversions sexuelles.

Et dans ce domaine, il est incontournable.

Psychopathia Sexualis.

Un ouvrage immense, colossal, un véritable « phénomène de civilisation », en diront certains commentateurs, et qui couvrel’ensemble des manifestations pathologiques de la sexualité et de la pulsion sexuelle.

Autant le domaine des perversions proprement dites que celui des conduites sexuelles pathologiques.

Autant le vice, comme on disait à l’époque, que la maladie.

Un ouvrage initialement destiné selon les propos de son auteur à venir en aide aux psychiatres et aux médecins légistes, qui n’avaient jusqu’à la parution du premier Psychopathia Sexualisen 1886 à leur disposition pas grand-chose en ce qui concernait les déviations sexuelles, en dehors de l’ouvrage d’Ambroise Tardieu, les Etudes médico-légales sur les attentats aux mœurs, 1857, qui faisait jusque-là référence, six fois remanié jusqu’à la mort de son auteur, en 1878.

Il en dépassera dès sa première parution largement le cadre.

C’est immédiatement un immense succès.

Succès de librairie, immédiat, massif, dès sa parution en 1886, succès international, il sera très vite traduit en plusieurs langues, bien que pour le français il faudra attendre 1895, on en sera déjà à la 8èmeédition allemande de 1893 (près de deux cent observations).

Ouvrage sans cesse remanié, augmenté, qui s’accroit et s’enrichit d’une manière considérable au fil de ses éditions successives.

Il y en aura dix-sept au total.

Cinq chapitres dans la première édition, 110 pages, 45 observations,  vingt-deux chapitres dans la dernière édition de 1924, 908 pages, 447 cas cliniques rapportés. C’est celle-ci, la dernière, traduite en 1931, que vous pouvez trouver chez Payot, avec une préface dithyrambique, laudative à l’excès, de Pierre Janet, et dans laquelle vous ne trouverez pas une seule référence ni à Freud, ni à la psychanalyse.

Pourtant Richard Von Krafft-Ebbing apprécie Freud, il l’a soutenu du mieux qu’il a pu afin qu’il obtienne lui aussi un poste à l’Université, et n’a jamais cessé de lui adresser, dédicacées, les éditions successives de ses livres.

Mais il ne croit pas à la psychanalyse. Une fois, une seule, il a assisté à une conférence de Freud sur l’étiologie sexuelle de l’hystérie, et, rapporte Jones, il aurait déclaré à la sortie qu’il s’agissait d’un « conte de fées scientifique ».

Freud quant à lui apprécie les descriptions de Krafft-Ebbing, qu’il trouve justes et définitives, il l’écrit même clairement dans ce premier chapitre des Trois Essais : « les données contenues dans le premier essai sont tirées des publications bien connues de Krafft-Ebbing, de Moll, etc.. », mais par contre il ne s’abstient pas de dire qu’il n’adhère en rien à ses interprétations et qu’il trouve que c’est de la foutaise. « Totalement inexactes », écrit-il pour être plus précis.

En 1905, lorsque paraissent les Trois Essais,  Krafft-Ebbing est déjà mort.

Il est mort en 1902, prématurément, à l’âge de 62 ans, en corrigeant les épreuves de la douzième édition de sa Psychopathia Sexualis, qui paraitra en 1903, ainsi que de la septième édition de son Traité de psychiatrie.

1902-1924, quelque chose ne colle pas, me direz-vous.

C’est qu’en réalité, Psychopathia Sexualisn’est pas l’œuvre de Krafft-Ebing tout seul, c’est une petite entreprise, qui ne connait pas la crise, et dont deux de ses plus proches élèves et collaborateurs vont prendre, après la disparition de Krafft-Ebing, la suite, d’abord Alfred Fuchs, qui veillera aux ré-éditions de la Psychopathia Sexualisde 1907 à 1918, puis Albert Moll, tout seul, psychiatre berlinois renommé, expert auprès des tribunaux, lui-même auteur d’ouvrages sur les perversions sexuelles, et qui ne peut pas supporter Freud, qui par ailleurs lui rend bien. D’ailleurs, et certainement en réaction aux « Trois essais », Moll  va se dépêcher d’écrire un ouvrage sur la sexualité infantile en 1907, qu’à son tour Freud méprise.

Moll, Fuchs, Krafft-Ebbing, s’ils sont les rédacteurs de la Psychopathia Sexualis, dont ils rédigent les observations grâce à leurs fonctions d’expertise- le meilleur poste possible d’observation des perversions sexuelles, qui ne consultent pas d’eux même s’ils n’y sont pas obligés, celui par ailleurs de Lasègue, à l’Infirmerie du dépôt, dont j’ai cité les articles sur l’exhibitionnisme, sur les voleuses à l’étalage, celui de Legrand du Saule, celui de Clérambault, sur le fétichisme de la soie, et les érotomanes, dont il arrivera non sans mal à imposer l’idée qu’il ne s’agit pas d’une perversion sexuelle-s’ils en sont les rédacteurs, donc, n’hésitent pas à emprunter aux travaux des aliénistes de leur temps, et pour ne citer que les grands contributeurs français, à Regis, à Magnan, à Binet bien sûr, l’inventeur du fétichisme, et qui l’était lui-même, fétichiste de la main, qui se guérira par son mariage, et qu’il banalisera, c’est un petit fétichisme, il y avait pour lui les petits et les grands fétichistes, Alfred Binet, le fétichisme dans l’amour, 1887, qui défend un rapport associationiste entre la perversion et le souvenir d’un évènement ou d’une sensation perçue antérieurement, à Charcot, au lyonnais Lacassagne, etc ..

Ils leur empruntent, ne serait-ce que partiellement, cela va de quelques lignes à des pages entières, si ce n’est toutes, leurs observations et leurs rapports d’expertise, en les introduisant de quelques lignes.

Mais les plus grandes contributions viendront de ce que Krafft-Ebbing appellera ses informateurs.

Plus particulièrement d’homosexuels, le plus souvent viennois ou berlinois, à la fois outrés et ravis que l’on daigne enfin s’intéresser à eux autrement qu’en termes pénaux, et qui vont affluer vers le cabinet privé de Krafft-Ebbing, ou de Moll, pour témoigner de leurs situations et de leurs pratiques sexuelles.

Krafft-Ebing va ainsi recevoir des centaines de lettres, près d’un millier, venant de toute l’Europe, de Russie, de France, d’Angleterre, d’Allemagne, d’Italie, qui n’ont jamais pu encore à ce jour être totalement exploitées, du fait de la mort prématurée de Krafft-Ebing.

Mine d’informations, Psychopathia Sexualisse retrouve pour finir un vaste catalogue des perversions, mis un peu bout à bout, sans classification véritablement, aux chapitres assez indépendants les uns des autres, introduit et commenté, parfois très brièvement, en quelques lignes,  par Krafft-Ebing ou par Moll.

Et c’est la ruée, chacun voulant savoir comment s’y prenait le voisin.

Succès que n’avait guère prévu Krafft-Ebing, malgré sa mise en garde, et qui avait essayé de lui-même de prendre les devants d’une éventuelle censure, d’être accusé de pornographie, et d’être interdit, mésaventure qui est arrivée à Havellock-Ellis, qui lui, fût interdit de publication en Angleterre, et qui n’eut d’autre choix que de se faire éditer en Allemagne.

« Les pages qui vont suivre, écrit Krafft-Ebbing dans sa préface de 1886, qui sera reprise dans toutes les éditions ultérieures, s’adressent aux hommes qui vont faire des études approfondies sur les sciences naturelles ou la jurisprudence. Afin de ne pas inciter les profanes à la lecture de cet ouvrage, l’auteur lui a donné un titre compréhensible seulement des savants, et il a cru devoir se servir autant que possible de termes techniques. En outre, il n’a trouvé bon de n’exprimer qu’en latin, certains passages qui auraient été trop choquants si on les avait écrit en langue vulgaire.

De fait, dès qu’il s’agit de décrire les pratiques sexuelles, Krafft-Ebbing passe au latin, soit des locutions, soit des paragraphes entiers.

Mais lorsque Moll écrira cinq ans plus tard, en 1891, son ouvrage sur l’inversion sexuelle, et lui demandera d’écrire une préface, Krafft-Ebbing, très engagé politiquement sur la reconnaissance et les droits des homosexuels, écrira, ravi,  « qu’il serait à désirer dans l’intérêt de ces malheureux malades et pour l’édification des esprits éclairés que ce livre fût aussi répandu que possible. Ce travail n’est pas un ouvrage populaire, et l’auteur s’est efforcé de le rendre tel en employant des artifices de style et des termes techniques. Mais tout homme cultivé les lira facilement et je n’hésite pas à les recommander à quiconque a le souci de la vérité, du droit, et de l’humanité.

Il ne faudrait cependant pas en déduire que Krafft-Ebbing soit un progressiste. Tous ses travaux viennent en défense et en illustration des théories de la dégénérescence, et s’appuient sur Lucas, Traité de l’Hérédité naturelle, 1847, et sur Morel, déjà cité, auquel il se réfère explicitement.

Krafft-Ebing est un adepte, un Bekenner,  des théories de la dégénerescence, que celle-ci soit héréditaire, atavique, ou acquise, à la suite d’un trauma, d’une maladie cérébrale, ou d’une anomalie du développement.

« Chez les hommes civilisés de notre époque, les fonctions sexuelles se manifestent très souvent d’une manière anormale. Cela s’explique en partie par les nombreux abus génitaux– il s’agit de l’onanisme-en partie aussi par le fait que les anomalies fonctionnelles sont souvent le signe d’une disposition morbide du système nerveux central, disposition résultant dans la plupart des cas de l’hérédité, symptômes fonctionnels de dégénérescence».

En 1866, cela faisait déjà un an que Mendel avait publié ses travaux sur les lois de l’hérédité mais ceux-ci, bien que Mendel soit autrichien, et ait étudié à Vienne, n’avaient pas dépassé le milieu des botanistes-Mendel vivait dans un monastère, dans une grande inhibition vis-à-vis du monde extérieur-et il faudra attendre près de 35 ans pour que ceux-ci soient reconnus, redécouverts, et diffusés, ce qu’on a appelé la redécouverte des lois de Mendel, de manière indépendante, par plusieurs chercheurs, De Vries en Hollande, et notamment un viennois du nom de ..  Erich Von Tschermak…

Il n’est donc pas certain que Krafft-Ebing en ait eu connaissance avant sa mort.

Le deuxième point de discorde auquel Freud s’attaque est le but de la sexualité.

Pour la question du choix de l’objet, il sera beaucoup plus pertinent, plus tard, dans les textes sur le narcissisme, en 1914, en définissant l’homosexualité comme de l’ordre de l’impossible pour l’homosexuel à investir au final autre chose que son propre corps comme objet d’amour, ainsi que dans le texte sur le fétichisme, c’est à ce moment qu’il apportera la notion du déni, mais sur la question du but, il y a un écart majeur avec Krafft-Ebing,  pour qui le but de la sexualité se définit par la procréation, l’immissio membri in vaginam mulieris.

Pour Krafft-Ebing, la perversion sexuelle doit être définie comme une Anomalie der Geschlechtstrieb, une anomalie, un déficit, une erreur, de la pulsion de reproduction.

Doit être considérée comme perverse, c’est la définition qu’il en donne, « toute manifestation de l’instinct sexuel qui ne répond pas au but de la nature, c’est-à-dire à la perpétuité de la race, si cette manifestation s’est produite malgré l’occasion propice pour satisfaire d’une manière naturelle le besoin sexuel».

Ce n’est pas ce que pense Moll, il faut lui rendre cette justice. Pour lui, la sexualité est une fonction physiologique parmi les autres, et doit le rester comme telle, son exercice est destiné à entrainer le maximum de plaisir, et le clinicien n’a à s’y intéresser que dans la mesure où le patient qui s’adresse à lui en souffre.

C’est aussi l’avis de Magnan, pour qui la vie sexuelle ne se réduit pas et ne doit pas se réduire, à la procréation, mais à des fonctions régulées ou dérégulées, et qui va de fait, chercher les troubles pervers du côté de la neuro-physiologie et du localisationnisme, dans un défaut d’équilibre entre les différents relais afférent et efférents de l’encéphale. C’est ainsi que Magnan va finir par considérer l’homosexualité comme une agnosie,  et abandonner la notion de dégenérescence pour celle de déséquilibre, et opter pour le terme de déséquilibré pour qualifier les pervers.

Moll cependant, va poser une autre question, tout à fait déséquilibrante, il va dire qu’il ne voit pas la raison pour laquelle l’homme se sentirait poussé spontanément vers un rapprochement avec la femme, puisque l’éjaculation de sperme peut être obtenue de toute autre façon.

C’est une question fondamentale, qui ne cesse d’intriguer Freud tout autant.

Si la sexualité en effet s’émancipe du lit de la nature-c’était ainsi que Krafft-Ebing appelait les pervers sexuels, les enfant d’un autre lit de la nature, enfants non reconnus, les malheureux Stiefkinder der Natur, ceux qui refusaient de la servir-alors comment aborder les questions de la perpétuité de l’espèce humaine.

Et je vous renvoie à un très beau texte de 1908, la morale sexuelle civilisée, où Freud s’en prend ironiquement, sans jamais le nommer, à l’idéologie véhiculée par Krafft-Ebing, et plus globalement à la répression morale de la sexualité qui n’aurait pas de visée reproductive, mais où il pose pour finir la question d’une sexualité qui permettrait de concilier une certaine dose de bonheur et de liberté avec le développement de l’humanité.

Question que Lacan n’a pas manqué de relever à son tour, et qu’il pose dans un séminaire aussi fondamental que L’Ethique :

« Notre position », dit il dans la leçon du 30 Mars 11960, est ambigüeBien sûr, nous avons dès longtemps appris à connaître comme telle dans notre expérience, la jouissance de la transgression. Et il s’en faut de beaucoup que nous sachions simplement, à la présenter, quelle peut être sa nature.

Nous avons certes redonné à la perversion son droit de cité, que nous avons appelée Pulsion partielle, impliquant par-là l’idée que, dans la totalisation, elle s’har­monise.

Mais du même coup, nous avons déversé je ne sais quelle suspicion sur l’ex­ploration révolutionnaire – car elle fut à un moment du siècle dernier révolutionnaire – de la Psychopathia Sexualisde l’œuvre monumentale de Krafft Ebbing. 

La prétendue objectivité scientifique qui s’étale dans ces livres qui ne constituent qu’un ramassis à peine critiqué de docu­ments, vous donne bien un de ces exemples vivants d’une canaillerie fondamentale dont, si cette lecture peut être recommandable, c’est au seul titre de vous montrer, non pas seulement la différence de fruits et de résultats mais de ton qui existe entre un certain mode d’investigation futile, et ce qu’à proprement parler la pensée d’un Freud et l’expérience qu’il dirige, réintroduit dans ce domaine de ce qui s’appelle tout simplement la responsabilité ».

Alors cette responsabilité de l’expérience que Freud dirige, cette expérience analytique, quelle est-elle?

Ne serait-ce pas précisément pour l’analyste celle qui consiste à soutenir chez le petit parlêtrel’effort d’unification des pulsions, à lui permettre de ne pas abandonner son corps à sa jouissance propre, à donner une place à l’inquiétante étrangeté semblable à celle que le petit Hans pouvait ressentir face à l’érection de son pénis, place que ni Hans ni ses parents n’arrivaient à lui donner, et le laissaient ainsi démuni, dans l’Hilflosigkeit.

Place pour laquelle il aura fallu l’intervention du Professeur Freud, auprès de son Knabbe: « Si j’avais été seul maitre de la situation, j’aurais osé fournir encore à l’enfant le seul éclaircissement que ses parents lui refusèrent. J’aurais apporté une confirmation à ses prémonitions instinctives en lui révélant l’existence du vagin et du coït. J’aurais ainsi largement diminué le résidu non résolu qui restait en lui et j’aurais mis fin à son torrent de questions. Il n’aurait perdu par ces éclaircissements ni son amour pour sa mère, ni sa nature enfantine, et il aurait compris que ses préoccupations relatives à ces imposantes questions devaient pour le moment entrer en repos, jusqu’à ce que son désir de devenir grand fût réalisé.. »

Voilà me semble t-il l’opération que fait Freud, le déplacement qu’il fait du travail de Krafft-Ebbing, et qui part d’une révolution qui était bien partie, de s’intéresser enfin à l’activité sexuelle non-procréative de l’humain autrement qu’en termes de morale et qui va cependant tourner à la canaillerie, celle de la taxinomie du vivant, va cependant laisser place à une autre révolution, psychanalytique celle-ci, qui va consister à donner une fonction de vérité à la relation sexuée des corps, et décrire le chemin qui mène de la jouissance d’organe, l’érection impensable du petit Hans, à la jouissance phallique, celle du lit de plein emploi.

Et cela qu’il s’agisse du lit des parents, ou de la promesse d’un lit à venir….

FIN

 

Petite orientation bibliographique pour aller plus loin :

– Excellente synthèse sur l’histoire du traitement psychiatrique des perversions, l’ouvrage du Professeur Georges Lanteri-Laura :Lecture des perversions. Histoire de leur appropriation médicale. Masson. 1979

– Dans la foulée, on peut lire les deux articles de Charles Lasègue, Les exhibitionnistes, Union médicale. Mai 1877. Et De l’onanisme, leçon recueillie par M. Marfan, qu’on peut se procurer par exemple dans ses Ecrits Psychiatriques, textes choisis et présentés par J.Corraze. Privat.1971.

– D’Alfred Binet : Le Fétichisme dans l’amour. Petite Bibliothèque Payot. Réed. 2001.

– De Valentin Magnan :Des anomalies, des aberrations, et des Perversions sexuelles. Communication faite à l’Académie d emédecine séance du 13 Janvier 1885. Et avec Paul Serieux : Les dégénérés. Etat mental et syndrômes épisodiques. Rueff. 1895.

– Sur la Psychopathia Sexualis: il faut consulter les deux éditions en français, celle de 1895 et celle de 1932, que l’on trouve encore dans le catalogue Payot. Une réimpression a été faite par la maison d’édition camion blanc en 2012. Un ouvrage récent au titre trompeur, paru chez l’Harmattan en 2011, Psychopathia Sexualis une œuvre majeure dans l’histoire de la sexualité n’apporte pas d’élément nouveau par rapport à ce qu’on peut trouver dans le remarquable travail de thèse ultra-documenté d’un psychologue d’origine libanaise, Amine Azar. Remarquable travail également, celui de Sylvie Chaperon, Les origines de la sexologie, Petite Bibliothèque Payot, 2012, ainsi que l’ouvrage du psychiatre américain Vernon Rosario, l’irrésistible ascension du pervers, entre littérature et psychiatrie, traduit et préfacé par Guy Le Gaufey, chez EPEL. 2000

– Sur Sacher-Masoch, dont l’histoire complète reste toujours à écrire, on peut parcourir bien évidemment l’ouvrage le plus connu, celui de Gilles Deleuze, Présentation de Sacher-Masoch. Le froid et le Cruel. Ed.de minuit. 1967. Mais il faut surtout lire La Venus à la Fourrure, de Sacher-Masoch, et si l’on peut dans la collection Bouquins, un recueil de quelques-uns de ses sous le titre malicieux d’Œuvres maitresses, préfacé par Cecile Guilbert, mais également Wanda Von Sacher-Masoch, de son vrai nom Aurora Rümelin,Confessions de ma viecollection Rivages poche. 2014, ainsi que Wanda sans masque et sans fourrure par Carl Felix de Schlichtegroll (« le redresseur de torts »), suivi des nouvelles confessions de Wanda, Tchou. 1968. A noter que le nom de Masoch avait été accolé à la demande du grand-père maternel de Leopold, qui n’avait pas eu d’héritier mâle, et qui l’avait exigé par peur que le nom de famille s’éteigne dans le monde. La psychanalyse est la seule discipline pouvant attester qu’il n’aura pas été déçu…..

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