Le 19 novembre 1990
Maison de L’Amérique latine
L’imposition du monothéisme et de l’écriture est une modalité de la colonisation ?
Quels sont les modes subjectifs induits par les polythéismes ?
De quelles manières le monothéisme des théologiens espagnols du XVIème siècle a-t-il forcé cette organisation subjective par l’imposition d’un père symbolique tout puissant qui structurait la leur ?
Au départ, je me demandais non sans une certaine naïveté si on avait le droit de coloniser au nom du monothéisme et de l’alphabétisation ? Est-ce que le monothéisme et l’écriture comportent un progrès ? Au nom de quelles valeurs ?
Il y a pour Flavius Joseph quatre raisons pour écrire l’histoire. La première est issue du sentiment d’avoir de belles paroles ou la beauté du dire, la deuxième veut servir et plaire aux princes. La troisième témoigne de faits qui ne sont pas déclarés avec l’intégrité de la vérité, et la dernière vise l’utilité commune trouvée par la mise en lumière des événements qui sont tombés dans le brouillard de l’oubli. Ce sont les deux dernières raisons qui ont amené Flavius Joseph à écrire l’histoire.
Ces quatre raisons sont de nos jours actuelles. Et en nous appuyant sur la quatrième, Utilité commune, un parallèle est possible entre le discours de l’historien et l’anamnèse d’un patient en tant que récit nécessairement soumis aux lois du refoulement ainsi qu’à l’effet de vérité propre à la levée du refoulement.
Mais est-il pertinent de parler de levée du refoulement dans le social, dans un lien social donné, c’est-à-dire déterminé par la prévalence d’un certain discours ?
Plusieurs siècles plus tard, vers la fin du XVIème, alors que l’Espagne est en pleine Inquisition, Las Casas commence son Historia de las Indias avec cette citation de Flavius Joseph.
En 19531, Lacan disait que « l’Inconscient est ce chapitre de mon histoire qui est marqué par un blanc ou occupé par un mensonge. C’est le chapitre censuré. Mais la vérité peut être retrouvée ; le plus souvent elle est déjà écrite ailleurs. A savoir:
– dans les monuments : et ceci est mon corps, c’est-à-dire le noyau hystérique de la névrose où le symptôme hystérique montre la structure d’un langage et se déchiffre comme une inscription qui, une fois recueillie, peut sans perte grave être détruite;
– dans les documents des archives aussi : et ce sont les souvenirs de mon enfance, impénétrables aussi bien qu’eux, quand je n’en connais pas la provenance;
– dans l’évolution sémantique : et ceci répond au stock et aux acceptions du vocabulaire qui m’est particulier, comme au style de la vie et à mon caractère;
– dans les traditions aussi, voir dans les légendes qui, sous une forme héroïsé véhiculent mon histoire;
– dans les traces, enfin, qu’en conservent inévitablement les distorsions, nécessitées par le raccord même du chapitre adultéré dans les chapitres qui l’encadrent, et dont mon exégèse rétablira le sens.»
On appelle légende noire le récit des abus commis par les conquistadores à l’égard des peuples d’Amérique. Cette “légende” fait en réalité écran à tous les abus qui ont suivi, ailleurs et encore de nos jours, sous des formes pas plus raffinées mais non moins éloignées du respect qu’exige le rapport à ceux qui ont un ordre symbolique différent. Ce que l’on sait sur les empires inca et méxica témoigne d’une administration qui fait preuve d’efficacité symbolique. Par exemple, le régime de prévoyance rodé et rigoureux assurait de quoi nourrir toute la population en cas de famine grâce à l’entretien régulier des silos publiques de stockage.
La modernité démarre dans une sorte d’aveuglement. L’unification du territoire espagnol par les Rois Catholiques s’accompagne de l’imposition d’une uniformisation religieuse. À la prise de Grenade aux musulmans fait suite l’expulsion des juifs qui venaient de la financer, alors que quelques siècles avant la re-conquête, les trois religions monothéistes co-existaient en Espagne.
La notion d’universalité de la religion catholique s’affirmait conjointement à l’affirmation de la royauté chrétienne au détriment des minorités non-chrétiennes. Seule la religion catholique pouvait apporter l’ordre qui convenait, seule la religion pouvait mettre en place une filiation capable d’assurer une consistance nationale, voire internationale. Comment expliquer alors que dans le même territoire, quelques siècles auparavant et sous domination musulmane, une co-existence des trois monothéismes ait été possible ?
Il faut dire qu’il y avait une vraie menace : la loi des Rois catholiques avait imposé la conversion mais celle vers le judaïsme existait bel et bien 3.
Toute nouvelle idée était menaçante : les noyaux luthériens, les mystiques comme Ste Thérèse d’Avila et St Jean de la Croix, les Erasmiens… Ils étaient tous examinés et condamnés par l’Inquisition, au même titre que la bigamie et l’usure.
Les autres cultures de l’époque, comme celle de l’Orient, étaient aussi bafouées. Cela n’a pas empêché Gómara, le chroniqueur de Hernán Cortés, de comparer les empereurs Charles et Soliman4 en ces termes, « ces deux hommes se partagent la monarchie; chacun travaille à devenir le monarque et le seigneur du monde; mais nous voyons qu’à cause de nos péchés Soliman arrive mieux que Charles à satisfaire ses désirs et à mener ses intrigues. Tous deux ont presque le même âge (…) les turcs parviennent mieux à mettre en œuvre leurs projets que les Espagnols; ils se plient mieux à l’ordre et à la discipline de la guerre, ils sont mieux avisés, ils emploient mieux leur argent ». On peut dire qu’ils faisaient un bon usage de leur savoir inconscient, ce qui leur permettait une articulation efficace du désir à la loi.
Les Espagnols étaient le peuple chrétien dominant en Europe, leur résistance à l’altérité reflétait un impossible, un réel. Ce réel est aussi illustré par l’Inquisition. Selon Konetzke, il s’agissait de l’“institution de l’Etat pour assurer l’unité de la foi… Le « Santo Oficio » était franchement populaire. Le fanatisme religieux régnait sur les Espagnols de la Contre-réforme et ni la tolérance ni la liberté de conscience n’étaient encore considérées comme valeurs éthiques à révérer».5
Las Casas s’insurge. Il lutte pour informer l’Europe – tant au niveau de ceux qui avaient le pouvoir, que du côté du peuple. Il a tout fait pour dénoncer et modifier ce qui pouvait se passer outre-mer, ce dont les hommes étaient capables, leur jouissance sadique là où la loi défaillait. Il est certain que pour Las Casas et pour Francisco de Victoria, un Espagnol fondateur du Droit international et contemporain de Las Casas, il n’y avait pas de cause juste de guerre, la doctrine n’autorisait pas à conquérir pour convertir. Mais pas tous les théologiens partageaient leur position. En plus les bénéfices économiques de la conquête s’opposaient aux principes doctrinaux. « Les Espagnols qui, à l’époque, arrivaient au Nouveau Monde prenaient les Indiens en tant que force de travail, qu’ils exploitaient pour s’enrichir le plus vite possible, et l’idée de les convertir à la foi chrétienne et de sauver leurs âmes de la condamnation éternelle ne frôlait même pas leur esprit ».6
D’autre part, un écart se creuse entre les lois promulguées en métropole, et leur application de l’autre côté de l’Océan. À une doctrine qui, malgré ses contradicteurs, interdit les abus à plusieurs reprises, s’ensuit une pratique brutale de la colonisation faite en son nom et qui va jusqu’à manquer du moindre souci de la survie de ses sujets. Les bénéfices économiques, aussi inattendus que démesurés, devenaient un facteur de poids.
On perçoit une difficulté à concevoir ce que les analystes nous appellent la disparité des places du discours, ou altérité, puisque même Las Casas n’a pas hésité à désigner le musulman comme l’exclu de l’histoire. Le musulman incarnait pour lui ce qu’il y avait à exclure parce que résistant à la conversion. L’Indien répondait, par contre, aux critères qui rendaient possible une redéfinition du christianisme, un nouveau départ. C’était le projet de Fray Bartolomé dLas Casas.
C’est dans ce contexte, celui d’une époque, où la question du droit à l’altérité de l’Indien ne pouvait pas se poser, qu’ont eu lieu des controverses (disputatio) comme celle de Valladolid, en 1550.
Las Casas fut le premier à dénoncer les horreurs pratiquées en Nouvelle Espagne. Au départ, il y était allé pour travailler dans les encomiendas[1]. Se rendant compte du traitement infligé à l’Indien, il renonce à cette fonction, et devient frère dominicain. Il passera le reste de sa vie, qui fut curieusement très longue (92 ans) à combattre ces abus, par la plume et la parole. Il écrira à toute sorte d’autorité de l’époque, le Roi, puis l’Empereur, les papes qui se sont succédés, au Conseil des Indes… Il publiera aussi des textes rédigés avec des mots simples adressés au peuple espagnol. Et ce ne sera pas sans effet: des lois finissent par être effectivement promulguées: l’Assemblée à Barcelone de 1529 décide de supprimer les encomiendas. Cette décision, comme beaucoup d’autres qui allaient dans le sens de la protection des Indiens, ne sera jamais exécutée. Il a fallu attendre deux siècles,1720, pour que cette institution soit abolie.
En 1532 sont publiées les leçons de Francisco de Victoria. Cet autre théologien s’est battu, lui aussi, contre les abus commis à l’égard des Indiens, sur le plan juridique. Voici quelques lignes de son De Indiis: « Croire est un acte de volonté; mais la crainte diminue beaucoup la volonté et accepter les mystères de la foi, recevoir les sacrements du Christ sous l’influence d’une crainte servile, c’est un sacrilège ».
Face à ces théologiens, vrais pionniers dans le monde des idées de l’époque, se trouvaient les défenseurs de la conquête et ses procédés.
Le style de la Disputatio mérite un commentaire, tellement elle est inusuelle dans notre monde actuel: toute l’argumentation, toute démonstration est basé sur le texte des Ecritures, et son interprétation.
La lecture des chroniqueurs de l’époque permet de dégager ce qui a vraisemblablement été l’enjeu du débat des théologiens, celui de décider si la décision du roi était condamnable auprès de Dieu, s’il y avait faute aux yeux de Dieu à mener la conquête. En somme, le roi avait-il le droit de conquérir ?
La question de la nature de l’être de l’Indien, s’il avait une âme ou pas, une question qui découlait de la première. Il s’agissait de démontrer que les habitants originaires en Amérique n’avaient pas le droit de posséder les terres pour autoriser théologiquement la conquête au nom du Roi.
Les musulmans ou les juifs étaient reconnus en tant qu’hommes, fussent-ils à la place d’ennemis. La place de l’autre, de l’hétéros, coïncidait avec celle de l’étranger, celui qui se revendiquait d’une autre filiation, d’un Autre Dieu le père. Et chacun à sa manière faisait valoir une tradition. Mais l’Indien était idolâtre, polythéiste, faisait des sacrifices humaines, et surtout, n’avait pas d’écriture. Il restait donc en dehors du forçage de la lettre, de la symbolisation qui a cherché péniblement à mettre en place une rationalité nouvelle. Les travaux de Muchembled[2] sur la chasse aux sorcières en Europe nous l’indique assez clairement : nous sommes à la sortie d’un moyen âge où l’obscurantisme va de pair avec une pensée magique qui règne dans les campagnes.
L’Ancien Testament c’est le Livre de la Loi. C’est de lui que sont tirés tous les arguments de cette disputatio et notamment celui du jugement de l’idolâtre, du paganisme. Les Indiens sont ainsi esclaves par nature, ou êtres privés de raison, ou infidèles, ou en état de péché. Le refus de l’existence de l’autre renforçait ainsi l’idée que la terre appartenait à ceux qui la découvrent, le Roi et ses sujets… Le statut inhumain des Indiens servant alibi pour leur enlever le droit de possession des terres qu’ils habitaient depuis des siècles, alibi pour justifier la conquête, le droit à la propriété des terres et leur exploitation.
A ces éléments d’ordre doctrinal s’ajoute la distance. Quand des ordonnances comme celles de 1543 définissent des mesures concrètes de protection des Indiens, elles seront très mal accueillies par les colons outre-mer et aboutiront à l’assassinat d’un vice-roi.
On peut constater donc qu’au niveau officiel, les mauvais traitements à l’égard des Indiens n’étaient pas acceptés, et que des décisions ont été prises, mais tout cela restera lettre morte. La distance de l’Océan est aussi grande que la distance culturelle entre la population partie à la conquête, fidèle à une interprétation populaire du catholicisme, et certains théologiens soucieux d’une interprétation juste de la doctrine.
Il faut rappeler que les colons partis aux Indes étaient pour la plupart des paysans ou des vagabonds. L’armée de Castille a recruté une majorité de ses effectifs dans l’Extremadura, une région de climat rude et de terre ingrate. Il s’agissait d’hommes aussi implacables et durs que leur terre natale. Ils avaient acquis l’expérience et l’habitude des combats lors de la lutte contre les Maures. Cette guerre étant désormais gagnée, ils recherchaient de nouveaux champs d’action en tant que mercenaires. Ils devaient certainement être fascinés par les récits des contrées au-delà de l’Océan, au climat clément, et des terres riches revenant à ceux qui les conquerraient. Les hidalgos n’avaient donc pas de peine à recruter des milliers de fantassins parmi ces hommes qui n’avaient littéralement rien à perdre… La conquête devenait facilement pour eux une promesse de prospérité.8 Cette population qui partait à la conquête n’hésitait pas à tuer un vice-roi si les ordres venus de métropole les gênaient…
La Controverse de Valladolid a été convoquée par ordre du Roi. Elle eut lieu en 1550. Elle opposa donc Fray Bartolomé de Las Casas à Juán Ginés de Sepúlveda, historiographe de l’Empereur et traducteur d’Aristote à la Cour du Pape à Rome. Il s’agissait pour ce dernier de prouver que ce n’était pas un péché pour le Roi de conquérir pour convertir, et que pour cela tous les moyens semblaient bons. Las Casas s’efforça de démontrer que cette position était insoutenable du point de vue doctrinal. Selon lui, il fallait disposer les esprits à entendre la vérité.
Un grand nombre de personnes puissantes prirent parti pour Sepúlveda. Le Roi chargea le Conseil des Indes d’examiner la question après avoir entendu les deux opposants devant une assemblée de théologiens et de jurisconsultes qu’il nomma lui-même. La décision de l’assemblée adopta finalement la position de Las Casas, mais les mesures arrêtées, une fois de plus, ne furent appliquées que très tard et partiellement.
Sepúlveda soutint qu’il est permis de faire immédiatement la guerre aux Indiens pour les soumettre et seulement ensuite leur prêcher l’Evangile. Las Casas assura que la guerre est un mauvais moyen, et qu’elle est en plus injuste et opposée à l’esprit de la religion catholique.
Pour Sepúlveda, la guerre est juste, les Indiens l’ont méritée par l’énormité de leurs crimes, particulièrement, ceux de l’idolâtrie et du sacrifice humain. Il dira aussi que les Indiens sont une nation grossière, servile par nature, et par conséquent l’esclave obligé des autres nations plus distinguées telles que la nation espagnole. Il dira aussi que ce moyen est le seul pour assurer l’établissement de la religion chrétienne dans les Indes et qu’il faut mettre un terme aux maux que les Indiens font à l’humanité puisqu’ils tuent d’autres hommes pour les immoler à leurs idoles, et même pour les manger…
Las Casas répliquera que les Indiens sont régis par des lois qui ne punissent que les actions qu’ils jugent eux-mêmes criminelles… Leurs arts, leurs habitudes et leurs coutumes ne ressemblent en rien à ce qui distingue les Espagnols. Il y a constamment chez Las Casas un rappel de la dimension du pacte, qu’il soit méconnu ou à mettre en place, et chez ses contradicteurs, par contre, il y a le souci de faire prévaloir l’autorité de la force.
Pour Las Casas, la religion ne permet pas de prouver ses vérités sans un engagement des missionnaires. Il faut que ceux qui entendent ses ministres les regardent comme des hommes de bonne foi, incapables de vouloir tromper, et il fait appel à la conduite vertueuse, pacifique, désintéressée, et entièrement franche du prédicateur. L’humanité qui inspirait Las Casas est très éloignée de l’insensibilité pour autrui des conquistadores. Et pourtant, à aucun moment Las Casas contestera le droit à l’implantation des Espagnols, ni le devoir d’évangéliser.
Une autre raison invoquée par Sepúlveda est que les Indiens outragent l’humanité en égorgeant des personnes innocentes lors des sacrifices humains. Ce péché permet à tous les souverains de leur faire la guerre. Las Casas nie cette conséquence parce qu’il n’est prouvé ni par les Evangiles, ni par l’Ecriture Sainte que Dieu ait imposé à un souverain l’obligation de détruire les abus qui règnent dans un pays qui n’est pas soumis à ses lois. Plus loin, il rappellera qu’immoler des victimes humaines c’est offrir ce qu’ils croient le meilleur et le plus élevé, c’est-à-dire l’homme lui-même. Las Casas cite ceux qui attestent que cette pratique a été commune à un grand nombre d’anciens peuples. «Voulant éprouver sa fidélité, Dieu commande à Abraham de lui sacrifier son fils, et n’arrête le bras qui va le frapper que lorsqu’Abraham a commis son péché, s’il est vrai que ce doive en être un dans toutes les occasions que de consentir à l’immolation de victimes humaines».
Quelques remarques
Ce n’est pas ici le lieu de juger la religion. Remarquons simplement que la Conquête a eu lieu à un moment historiquement daté, celui de la reconquête et de l’unification préalable de la Péninsule Ibérique, au nom des valeurs catholiques. Soulignons que ces valeurs étaient plus fragiles et instables qu’on l’imagine, chez les Espagnols mêmes, ceux qui n’avaient pas encore trouvé leur place dans l’Espagne en voie de construction, comme les paysans ou les mercenaires.
Rappelons que l’affirmation de la religion catholique visait l’instauration d’un nouveau message au lieu de l’Autre pour le sujet. Un message qui vient d’une figure paternelle, un message d’amour qui par ailleurs vise à instaurer une morale et une logique nouvelle. Il déplace la notion du maître absolu et incarné, vers celle d’une autorité qui ne vaut parce que représentante de ce Un dans le réel. L’autorité du Roi venant de Dieu et devant en rendre compte.
Soulignons aussi que son opération a un prix puisque son efficacité, ce refoulement qui s’applique à tous c’est un refoulement en prêt-à-porter. Il opère au prix de la dénégation de ce qui a été refoulé : le sexuel, la haine, la mort…
La psychanalyse ne peut pourtant que s’inscrire à la suite de cette opération. Parce que nous partons de cet appel au père comme premier geste du sujet dans l’angoisse, et de la demande d’amour comme moteur même, mais du mécanisme du transfert cette fois pour autant qu’elle prend en compte le refoulement en tant qu’opération ayant pris des défilés singuliers pour chacun. Dans l’analyse, il n’y a pas de frontière au-delà de laquelle le sujet pourra se débarrasser de tout ce qui l’encombre ou dérange, de tout ce qu’il ne veut pas reconnaître comme lui appartenant. Bien au contraire, c’est dans ce qu’il dénonce ou rejette que se trouve intimement la réponse de ce que le sujet est.
À suivre.
Notes
[1] Système apparenté à du servage appliqué par les Espagnols dans leur empire colonial et consistant à regrouper des indigènes sur un territoire pour travailler sans rétribution dans des mines ou des plantations.
[2] Robert Muchembled, La Sorcière au village (XVᵉ-XVIIIᵉ siècle) , Folio Histoire, Gallimard.
Lacan, J. Ecrits, Fonction et champ de la parole et du langage, Seuil, Paris, p. 259
Vilar P. Histoire d’Espagne, Que sais-je Puf, 1947, p. 30
Turberville A.S.La inquisición española, Breviarios del fondo de cultura económica, Méjico, p. 32
Gruzinski S et Bernand C. Histoire du nouveau monde, Fayard, 1991 p. 242
Konetzke, R. Historia Universal, América Latina, II La época colonial, Siglo XXl, Madrid,p.260
Ibid., p.226
Vanderpol, Oeuvres de F. de Victoria, De Indiis, p. 414
Gilbert J. et Mortelmans E. La vie d’un conquistador au temps de l’empire aztèque, Flammarion, 1992