De Régine à Nora
Tout d’abord, merci de votre invitation. Votre titre m’enchante…
« Pourvu » pouvait vouloir dire pourvoir aux besoins, mais autrefois …pourvoir quelqu’un était aussi l’établir en le mariant, le mariage donc, mais remarquons que « se pourvoir en cassation », est un terme juridique comme la forclusion. Il s’agit d’un recours qui permet de contester une décision de justice comme contraire à la loi ou lorsque la procédure n’a pas été respectée. C’est le dernier recours possible dans une affaire judiciaire et il peut annuler le jugement ou l’arrêt. Il vient du latin Quassare, cassation secouer quelque chose avec force, il s’agit aussi de l’action de casser un acte (mariage, testament).
De sa mère, jamais rien n’est dit dans son œuvre. Cependant, c’est immédiatement après sa mort, en 1834 qu’il commence à écrire, et son premier article a pour titre Encore un éloge des qualités supérieures de la femme. Sa mère fut la deuxième épouse de son père, après une femme qui mourut sans lui laisser d’enfant. Son père, fils d’un métayer qui fit fortune comme bonnetier, fut un père très autoritaire, tel le classique du père dans la psychose, évoqué dans le séminaire de Lacan Les psychoses, et qui s’était consacré à étudier l’allemand. Dans la maison du premier couple, sa mère était une jeune servante. Huit mois après la mort de la première épouse, un enfant naît, après qu’il a épousé la servante, c’est-à-dire avant le délai de viduité qui existait pour les femmes.[2] Pater incertus, mater certissima… Entre le viol éventuel par un autre, et l’absence d’électricité, comme l’a souligné Lacan, il y a beaucoup de raisons auxquelles s’ajoute le risque du mensonge féminin… Et quand Soren naquit, son père fut certain que Dieu lui demanderait le même sacrifice qu’à Abraham.
Il y eut une autre faute, c’est la malédiction que le père enfant a porté sur Dieu lui-même. La curieuse coïncidence, c’est le changement de patronyme du grand père, même s’il ne faut pas confondre patronyme et Nom du père. Le nom du grand-père paternel était Christensen, c’est-à-dire enfant du Christ, et c’est parce que ce grand-père a été métayer d’une petite ferme (gaard), voisine d’une église (kirkc), qu’il a changé son nom, comme c’était courant, de Christensen en Kierkegaard. « Gaard » signifie également « cimetière », comme en anglais churchyard. Autrement dit le nom de famille est passé de « Monsieur fils du Christ” à “Monsieur cimetière ».
Régine, L’amour
Kierkegaard rencontre, dans l’hiver 1837-1838, une très jeune fille de quatorze-quinze ans, la bien nommée Régine. Immédiatement, il est fasciné par elle, et écrit pour elle des poèmes, tel Toi, Regina, la reine de mon cœur. Il met du temps pour faire sa demande en mariage, mais le fait et obtient sa main. Dès le lendemain, le témoignage de la jeune fille dit qu’il était défiguré, transformé, et qu’elle en fut effrayée.
Elle avait elle-même un père mélancolique. Son choix de ce fiancé n’est peut-être pas sans lien avec cela. Ces fiançailles tiennent à peu près jusqu’au moment où il présente sa thèse ; et c’est lorsqu’il a soutenu sa thèse, donc a été nommé, nommé docteur, qu’il renvoie l’anneau et rompt ces fiançailles.
Peut-on soutenir l’hypothèse qu’il s’agit là d’une forme de prudence, celle qui m’avait amené autrefois à qualifier James Joyce de Joyce le prudent, dans la mesure où ce désengagement l’a sans doute préservé d’un déclenchement. Celui-ci aurait pu se produire du fait de la rencontre avec un père réel, comme le soutient Lacan, en la personne du beau-père. Prudent, c’est peut-être une façon de faire à ce qui me parait proche mais différent de ce que Lacan a appelé « la divination de l’inconscient » à propos du Président Schreber.[3] Freud avait bien précisé, dans son texte de 1937, Construction dans l’analyse.
Il écrit, sous le pseudonyme de Constantin Constantius, qui évoque l’empire romain, et la constance de son amour, La répétition qui a été traduit par La reprise par Nelly Viallaneix pour dire combien dans la répétition, il y a du nouveau et non pas seulement du re petere soit re demander. Déjà la constance est là et on la voit dans sa constance amoureuse. Il incarnera l’amoureux éternel. Et c’est un fait qu’il a inscrit Régine avec lui dans le couple des amants éternels dans les cieux.
Kierkegaard se retire après cette rupture et se consacre à ce qui a été appelé son œuvre esthétique dans laquelle il décide de se faire passer pour un vil séducteur afin que la jeune fille ne soit pas trop triste de son abandon, la jeune fille, une anadyomène, une venue des eaux… Il décide de se montrer sous les jours les plus sombres, tout en s’étant retiré. Son pseudonyme est alors Victor Eremita, le vainqueur retiré en ermite. Victor Eremita est le vainqueur qui devient ermite, fuyant devant la concrétisation de l’amour. Peut-on supposer qu’il a eu l’intuition d’éviter le risque de la paternité à venir, Kierkegaard le prudent ? [4]
Bien sûr, ce n’est qu’une hypothèse, une construction de psychanalyste comme le disait Freud.
Autre point essentiel : Pas de nostos pour le chevalier de la subjectivité, pas de retour, pas, à l’horizon du chevalier de la subjectivité, la retrouvaille du Même comme pour Hölderlin avec sa bien-aimée Diotima. C’est pourquoi, me semble-t-il, Lacan se sert de Kierkegaard pour l’opposer au Nostos hölderlinien et pour soutenir que, dans la répétition, il y a du nouveau. Lacan pointe l’importance de Kierkegaard dans le même paragraphe de RSI déjà cité, quand il dit :
« Quelque chose a rejailli sous le nom d’un nommé Kierkegaard, vous savez que j’ai dénoncé comme convergente à l’expérience bien plus tard accomplie d’un Freud, sa promotion de l’existence comme telle. Songez à cette mise en valeur de la répétition comme plus fondamentale dans l’expérience que la résolution dite thèse-antithèse-synthèse sur quoi un Hegel tramait l’Histoire. »
S’agit-il d’être « Le séducteur qui manque à une femme » ? Kierkegaard avançait clairement que, pour toute jeune fille, il y a un séducteur, et qu’il faut simplement qu’elle le rencontre. Serait-il donc « Le » séducteur qui manquait à Régine ? En tout cas c’est cette figure qu’il va immortaliser. Sa conviction est forte. La jeune fille épouse en fait Frédéric Schlegel qui était un de ses professeurs qu’elle connaissait d’ailleurs avant Kierkegaard ; elle lui était un peu promise avant que Kierkegaard ne la séduise. Il gardera une conviction profonde, plutôt une certitude que, malgré son mariage avec un autre, cette jeune fille est à lui, qu’il « la mène en triomphe comme un maître de cérémonie » (Cela huit ans après la rupture des fiançailles) ; il va jusqu’à considérer que son mariage n’est probablement qu’un « mariage de théâtre » avec Schlegel ; et que c’est peut-être une dernière ruse pour l’aimer encore plus passionnément qu’auparavant.
On pourrait y voir une touche d’érotomanie. Mais cette certitude n’est néanmoins pas sans écho chez l’Objet, puisque Régine elle-même, quand elle est une vieille dame et qu’elle décide enfin de faire ses confidences, parce qu’elle estime qu’on a trop parlé d’elle à Copenhague, ne cache pas que Kierkegaard est resté pour elle jusqu’à la fin de ses jours quelqu’un de très important.
Elle lui a inspiré ainsi :
« Nature merveilleuse, si je ne t’admirais, la femme m’enseignerait à le faire car elle est le Venerabile de l’existence. Tu as fait d’elle une créature splendide, mais ce qui est plus splendide encore, c’est que tu n’as jamais façonné deux femmes identiques. Chez l’homme, l’essentiel c’est l’essentiel et de la sorte il est toujours le même ; chez la femme, l’essentiel c’est l’accidentel et, ainsi, l’inépuisable diversité ».[6]
Nous approchons de très près les aphorismes lacaniens tels que La femme n’existe pas et aussi la dite « pas-toute ».
Kierkegaard croise Régine de nouveau en 1849, à l’enterrement de son père à elle, Terek Olsen, conseiller d’État. Il cherche alors à renouer avec elle, et écrit deux lettres au couple Schlegel, une pour Régine et une pour son mari. Dans la lettre au mari, Kierkegaard écrit :
« Dans cette vie, elle vous appartient ; dans l’histoire, elle sera à mes côtés ; dans l’éternité, cela ne peut évidemment vous déranger qu’elle m’aime aussi ».
Frederik Schlegel les empêchera de se voir et de communiquer après la réception de la lettre. C’est lorsque le couple Schlegel part en 1855 aux Antilles danoises, qu’il se trouve que Kierkegaard tombe malade et meurt. Son testament fait de Régine son héritière légale, elle refusera l’héritage et ne récupérera que des effets personnels et les lettres qu’elle lui avait adressées, lettres que, vraisemblablement, elle a détruit.
Kierkegaard soutiendra, dans Crainte et Tremblement (1843), que la résignation infinie ou renonciation doit précéder la foi. Le chevalier de la foi est capable de renoncer à vivre de manière temporelle son amour pour la princesse, certain de vivre cet amour pur dans l’éternité. Il faudrait reprendre les textes où est fait référence à Abraham qui aime Isaac et l’aime encore plus, alors qu’il doit le perdre.
Mais, son héros, Johannes précise aussi :
» Pas de blague, moi je veux jouir. Celui qui ne comprend pas qu’il y a un impératif catégorique « Jouissez » est un imbécile et celui qui ne saisit pas sa chance est sans doute membre d’une secte religieuse puritaine. »[7]
Vous voyez ici comment ce concept de l’impératif catégorique qui dit « Jouis », que Lacan reprendra dans le séminaire Encore, comment ce concept anticipe, sous sa plume, Freud, qui a mis en lumière la persistance du tabou et l’avait rapporté à l’impératif catégorique kantien [8], et ce dès Totem et tabou :
» Nous avons une vague idée que le tabou des sauvages de la Polynésie ne nous est pas aussi étranger que nous étions disposés à le croire tout d’abord; que les prohibitions, édictées par la coutume et par la morale, auxquelles nous obéissons nous-mêmes, se rapprochent, dans leurs traits essentiels, du tabou primitif et que l’explication de la nature propre du tabou pourrait projeter une certaine lumière sur l’obscure origine de notre propre « impératif catégorique » »
Il le reprendra ainsi dans l’Introduction à la psychanalyse :
« Le tabou survit encore de nos jours, dans nos sociétés modernes ; bien que conçu d’une façon négative et portant sur des objets tout à fait différents, il n’est, au point de vue psychologique, pas autre chose que l’Impératif catégorique de Kant, à la différence près qu’il veut agir par la contrainte en écartant toute motivation consciente. »
Lacan ajoute :
« Qu’est-ce que la jouissance ? Elle se réduit à n’être rien qu’une instance négative. La jouissance, c’est ce qui ne sert à rien […]. »
Là on entend du Bataille, bien sûr. Puis Lacan :
« Rien ne force personne à jouir, sauf le surmoi. Le surmoi, c’est l’impératif de la jouissance – Jouis ! »
Lacan évoque, certes, cet ancien concept de l’impératif catégorique, référence à Kant entre autres, mais de façon oxymorique. Inutile de préciser combien le titre du livre de Kierkegaard Le concept de l’angoisse, était aussi un énoncé paradoxal, oxymorique, dont Lacan souligne la fréquence chez les mélancoliques, et lui sera utile pour s’éloigner du concept au sens hégélien, éloignement qui a été majeur dans le travail de Lacan et qui s’est appuyé, entre autres, sur Kierkegaard.
Joyce et Nora
Joyce lui, l’a revendiquée, sa monogamie. Il déclara en Irlande à Ettore Schmitz :
« Ce qui est sûr, c’est que je suis plus vertueux que tous, moi qui suis réellement monogame et qui n’ait aimé qu’une seule fois dans ma vie. »[10]
Jacques Lacan souligne cette monogamie, tout en en relevant un trait particulier : la répugnance :
« Pour Joyce, il n’y a qu’une femme, elle est toujours sur le même modèle, et il ne s’en gante qu’avec la plus vive des répugnances. Ce n’est que […] par la plus grande des dépréciations qu’il fait de Nora une femme élue. »[11]
Il faut dire que Joyce écrivit ainsi à Nora le 21 aout 1909 :
« D’une certaine façon, tu n’étais pas la jeune fille dont j’avais rêvé et pour qui j’avais écrit des poèmes que tu trouves maintenant si enchanteurs… »
Mais, c’est après ce qui semble un bref délire de jalousie, du début aout de la même année qu’il écrivit :
« Georgie est-il mon fils ? Peut-être rient ils lorsqu’ils me voient montrer fièrement « mon » fils dans les rues ? »[12]
Si l’on relit Les exilés, on peut voir dans le héros cette jalousie particulière. Richard et Berthe sont mariés et Robert est l’ami le plus proche de Richard. Robert a donné rendez-vous à Berthe, à 8 heures du soir, dans une villa écartée. Il l’attend, on sonne, et c’est Richard qui entre et lui dit :
« Au plus profond de mon cœur, j’ai souhaité être trompé par vous et par elle, dans l’ombre, dans la nuit, bassement, sournoisement. Par vous, mon meilleur ami, et par elle. Je désirais cela passionnément : être déshonoré à jamais dans mon amour et dans ma volupté… être à jamais une créature honteuse, et reconstruire mon âme sur les ruines de sa honte. » Joyce écrivit à Nora qu’elle « avait ouvert en lui une faille profonde ».
Elle fut l’objet de ce qu’il appela la « mariolâtrerie », qu’il avait connue plus jeune pour la Vierge Marie. Il n’y avait pas chez lui, c’est frappant, le classique freudien chez le névrosé du ravalement de la vie amoureuse. (même si deux femmes brièvement rencontrées suscitèrent son intérêt).
Nora fut aussi, en même temps que celle qu’il idolâtra, la partenaire de moments d’une vie sexuelle où se déployait l’ensemble du magasin des accessoires du voyeurisme, du fétichisme, du masochisme, mais aussi de la coprophilie et de l’ondinisme, en somme d’un goût pour toutes les émissions du corps. Joyce équivoqua à plusieurs reprises à propos de ces émissions corporelles, en les appelant des omissions, équivoque qui vaut en anglais comme en français. L’omission, et pas l’émission, fut justement ce qui arriva au très gros point par lequel il voulait conclure Ulysse et qui fut omis par l’éditeur. Le monologue de Molly Bloom fut ajouté après coup, du fait de cette omission. L’omission est aussi présente, dans une plainte réitérée : « Pourquoi ne puis-je pas connaître ce mot que tous les hommes savent ? » Ce mot est l’amour dans le même texte.
Peut-on y voir « une divination de l’inconscient » de Joyce, pour reprendre le terme de Lacan dans Question préliminaire au traitement possible de la psychose, que je cite:
» Sans doute la divination de l’inconscient a-t-elle très tôt averti le sujet que, faute de pouvoir être le phallus qui manque à la mère, il lui reste la solution d’être la femme qui manque aux hommes. » lui indiquant, à lui James Joyce, qu’il lui manque quelque chose ? Est-ce la signification phallique ?
Non sans ironiser sur lui-même, il lui écrivit, déjà européen :
« Il faut que toute la baise soit faite par toi, ma chérie, car je suis si petit et si mou qu’aucune fille d’Europe, sauf toi, ne perdrait son temps à tenter l’affaire[13] », « l’affaire » étant, en l’occurrence, de susciter son désir.
Elle inspira sans doute le personnage de Molly, « la chair qui dit toujours oui » , ce renversement fait par Joyce en allusion à « l’esprit qui toujours nie » du Faust de Goethe (et de toute la tradition démoniaque en théologie) . Une sainte, une femme elle-même particulière, mais au regard de sainte … souvent pas loin de la dite petite mort, et avec un homme timide…ou pour reprendre le terme de Lacan, d’une « tenue phallique un peu lâche. »
Joyce avait fréquenté les prostituées. Et Vierge, tel l’objet de sa mariolatrie et putain, si l’on en croit le Lacan de La signification du phallus ne sont pas si différentes. Ce n’est pas simple pour le névrosé, mais là chez Joyce elles peuvent être la même. Il le précise ainsi :
« Mais, tout à côté et à l’intérieur de cet amour spirituel que j’ai pour toi, existe aussi un désir sauvage, bestial, de chaque pouce de ton corps, de chacune de ses parties secrètes et honteuses, de chacune de ses odeurs et de ses actions. »
L’enroulement d’une étoffe autour d’un corps, tel un barnacle [18], sens commun du nom de Nora, qui veut dire entre autres, ce coquillage appelé bernique en français, doté d’un pied ventouse, qui vit sa vie entière collé au même rocher et souvent à la même épave d’un bateau naufragé. Le père de Joyce ne manqua pas de lui dire quand il apprit le nom de sa future compagne : « Avec un nom pareil, elle ne te quittera jamais. » Jacques Trilling remarque dans James Joyce ou l’écriture matricide comment, dans la rencontre d’Odysseus et de Nausicaa, le héros est dit cacher aux yeux de la jeune fille une « barnacle incrusted body[19]« , soit les parties essentielles de son corps… incrusté d’arapèdes ».
Bernacle, c’est aussi une oie sauvage, ou marine, et le surnom dont étaient affublés les émigrants irlandais. Le mouvement de la bernique me semble tel ce mouvement, sur lequel dans son cours aux Beaux -Arts, Clérambault dit que seule la photographie permet de le saisir. Grâce à des séries cinétiques, on peut en effet photographier, étape par étape, l’enroulement d’une étoffe autour d’un corps.
Le père de Joyce ne manqua pas de plaisanter quand il apprit le nom de sa future compagne :
« Avec un nom pareil, elle ne te quittera jamais. »
Mais barnacle est aussi le nom anglais d’un instrument dénommé en français moraille qui désigne les tenailles utilisées par le maréchal-ferrant afin de maîtriser un cheval en lui pinçant les naseaux, ou, plus récemment et plus vulgairement, le tord-nez, avec lequel on pince le nez des chevaux pour les ferrer, poser un fer sous les pieds, quand ils s’affolent. L’on pourrait dire que Nora usa parfois de contrainte par corps, pour retenir celui qui aurait pu choisir de dire « J’irai comme un cheval fou ». Mais de cette acception dérive également, en anglais, la signification de n’importe quel instrument de torture. Les commentaires sur le masochisme de Bloom faits par Joyce dans sa correspondance, de nombreuses demandes adressées à Nora de le battre et de le fouetter, autoriseraient peut-être à accentuer aussi ce sens- là.
Il faut cependant préciser qu’il l’épousera seulement en 1931, soit dix ans avant sa mort. Un peu comme Kierkegaard et les fiançailles, mais là un engagement suspendu, sa suspension, est associé au suspens d’allure perverse, sans être un vrai pervers. Lacan le précise. Mais Joyce avait décidé s son Non serviam, je ne servirai plus l’Église.
Il existe, bien sûr, la multiplication des partenaires, souvent inconnus, en phase maniaque souvent, mais l’union sans fin et la monogamie, sont deux points souvent présents chez les sujets psychotiques. C’est un de leur trait d’exception…
Levi Strauss dit dans son hommage à Montherlant à l’Académie :
« sans même craindre de proclamer avec Renan, qui nous précéda dans ce fauteuil et dont il aurait pu reprendre la phrase, que « le moyen d’avoir raison dans l’avenir est, à certaines heures, de savoir se résigner à être démodé ».[20]
Comme toujours, je laisserai le mot de la fin à une poétesse, Louise Labé, dite la belle cordière, fille et femme d’un cordonnier lyonnais, qui écrivit le Débat de Folie et d’Amour :
Ainsi Amour inconstamment me mène ;