Les filles parlent de leur mère, et de ce que leur mère leur dit. La relation à leur mère et à sa parole constitue-t-elle l’essentiel de leur identification, et cela suffit-il à situer leur savoir inconscient ?
Il semblerait que cette relation se décline sur une partition complexe. Freud d’ailleurs distingue deux courants : un, précoce, qui fonde un attachement à la mère, et qu’il considère comme décisif pour l’avenir de la fille, et un autre, qui met cette mère en situation de rivale.
C’est bien en ce sens que Lacan soutient qu’une femme attend du rapport à sa mère plus de subsistance comme femme que de son père. Par ailleurs, cette lecture freudienne l’amène à rendre compte de la double division caractéristique pour une femme : celle du sujet, et celle de la féminité, entre jouissance phallique et jouissance Autre.
Qu’en est-il de cet état de choses dans le dialogue de la fille à sa mère ?
L’expérience de la cure nous indique que le savoir inconscient de la femme se fait valoir selon la signifiance phallique, et se fait aussi reconnaître sous les traits de l’objet cause du désir. Ces deux modalités comportent chacune des points de butée spécifiques. Leur repérage est constitutif de ce dialogue dans la mesure où ce qu’apprend une fille avec sa mère concerne le corps et ses objets pulsionnels et la façon dont ils auront pu, ou non, être « causés ».
Le procès de l’aliénation et de son destin, en tant que supportés par le désir du sujet comme désir de l’Autre vient poser la question de la position Autre de la mère : Autre du langage et Autre que phallique. Qu’advient-il alors du procès de séparation, s’il est vrai que cette relation mère-fille tend à se déployer hors de la dimension symbolique ?
Intervenants
G.Amiel, G. Bastrenta, C. Brand-Gaborit, J.-L. Caccia/i, F. Davion, A.-M. Dransart, M. Febvin, M. Fiumano, J.-P. Hiltenbrand, C. Hopen, D.Janin, C. Lacôte,J. Légaut, G. Letuffe,]. Marchioni-Eppe, A. Maurin-Feltin, R. Miletto, S. Morath, C. Pouget-Dompmartin, F. Rey-Sentenac, C. Robert-Brini, E. Sormano
Edition de L’ Association lacanienne internationale
IBSN 1775-6871 20€
CAHIERS DE L’ASSOCIATION LACANIENNE INTERNATIONALE
Aliénation-séparation : qu’apprend une fille avec sa mère ?
(Actes des journées à la Salle des congrès de Chambéry des 25 et 26 mai 2002)
SOMMAIRE
La rédaction : Aliénation-séparation : qu’apprend une fille avec sa mère ?
LACÔTE Christiane : “La suggestion maternelle” (intervention du 18 janvier 2002)
JANIN Dominique : Che vuoi ?
AMIEL Gérard : Désapprendre de la mère
DRANSART Anne-Marie : Du palimpseste entre mère et fille
BASTRENTA Gisèle : Trinquons ensemble
POUGET-DOMPMARTIN Claire : Ciao bambina !
MARCHIONI-EPPE Janine : Qu’est-ce qu’une fille n’apprend pas avec sa mère ? A propos de la névrose obsessionnelle
SORMANO Elena : Subsister avec sa mère
MILETTO Renata : Une économie domestique
LÉGAUT Jacqueline : Horreur d’elle
LACÔTE Christiane : “Rien qu’à…”
BRAND-GABORIT Chantal : Les deux sœurs et leur mère
CACCIALI Jean-Luc : Qu’est-ce que la jeune fille anorexique ne veut pas apprendre de sa mère ?
MAURIN-FELTIN Annie : “Je peux apprendre qu’avec maman”
ROBERT-BRINI Colette : “Rituelles”
HOPEN Cécilia : “La mère peut-elle apprendre quelque chose à sa fille ?”
FIUMANO Marisa : Notes sur l’infertilité
MORATH Suzana : “Chocolat amer”
DAVION Frédéric : Aliénation-séparation : qu’apprend une fille avec sa mère ? Sonate d’automne
FEBVIN Maryvonne : Adoption au féminin
LETUFFE Gilbert : Apprend-tissage
REY-SENTENAC Françoise : Entre mère et fille : ce qui s’apprend du désir
HILTENBRAND Jean-Paul : “Oh mammaire !” Conclusion aux journées