Un livre dont le centre serait à la périphérie
08 juillet 2024

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BEAUMONT Jean-Paul
Journées d'études

Les écrits de Marcel Cohen sont, au premier abord, troublants. On y lit des anecdotes, des listes, des récits pathétiques ou héroïques, des faits, quelquefois minuscules, des détails comme il le dit. Parfois terribles. Cela pourrait sembler oiseux, mais pourtant attache le lecteur, comme si quelque chose, dans cette démarche, en poursuivant, pourrait être atteint, mais quoi ? où ? Plus loin dans le livre, ou dans le livre suivant ? On continue à lire.

 

Ce ne sont pas des nouvelles, ni bien sûr des romans. Rien d’une sagesse. Quoiqu’il s’agisse souvent du passé ou plutôt de ses traces, on n’y trouve qu’à peine une nostalgie que nous pourrions partager. Ce sont, le plus souvent, des descriptions incroyablement minutieuses, rédigées dans une langue économe et précise. Mis en regard, les procédés du « nouveau roman » renverraient à la métaphysique, et finalement au sujet traditionnel ! Parfois, ce sont des notations comme celles d’un piéton de Paris (Mais Fargue suppose la Ville comme une unité dont il note des aspects). On y trouve aussi entre mille autres choses, des faits divers, la reprise d’un article de presse, l’évocation d’une vie héroïque ou ignoble, ou simplement un moment qui semble banal. Au chapitre suivant, des listes de mots anglais rencontrés sur les devantures des boutiques.

 

Je me suis demandé pourquoi j’avais le sentiment là d’une démarche singulière et essentielle.

 

Le déconcertant, c’est que Marcel Cohen, l’auteur, semble intervenir peu. Ces textes sont parfois comme anonymes : quelqu’un a remarqué cela, c’est tout ! Pour un peu, on penserait à Mallarmé : « Le droit à rien accomplir d’exceptionnel ou manquant aux agissements vulgaires, se paie, chez quiconque, de l’omission de lui et on dirait de sa mort comme un tel ».

 

Sauf que ce qui surgit, c’est que justement cette omission est rendue présente.

 

*

 

D’abord, dans ces textes courts et épars, il s’agit de la réalité, mais ce qui se profile, c’est quelque chose du réel.

 

L’auteur (j’aurais envie de dire le scriptor comme Pérec), a choisi d’isoler, de relater, d’écrire des faits. Ç’aurait pu être autre chose, mais c’est cela qui est « tombé », on dirait par hasard : Une consultation à l’hôpital, le récit d’une aventure courageuse, l’histoire d’un chien sur un bateau, Sinbad qui rappelle le souvenir d’un autre chien, Ulysse, etc. Une série de contingences. Il aurait pu écrire cela ou autre chose.

 

Pourquoi ne s’agit-il pas de la réalité mais, au-delà, du réel ?

 

Lacan en donne, dans La troisième, des définitions profondes, ce qui est d’autant plus difficile que le réel est plutôt ce qui échappe au concept.

  • Ce qui revient toujours à la même place. On peut prendre l’exemple de la révolution des astres, qui a fasciné les anciens (qui auraient pu n’en avoir cure). Mais on pourrait aussi dire que l’écriture est liée au réel, en ceci que le texte persiste. S’il n’est pas trivial, nous le lisons chaque fois différemment : la lecture, elle, est changeante, elle produit divers semblants
  • Une deuxième définition, c’est que le réel, c’est l’impossible. On peut l’entendre facilement si on considère que le possible est ce qui peut être autrement: le réel est impossible parce que c’est ce qui ne peut pas être autrement.

 

En ce sens, le passé, c’est l’impossible : impossible qu’il en ait été autrement. Mais notre accès au réel est fragile, pour les raisons que Marcel Cohen dit admirablement, la mémoire s’en efface sans cesse.

 

Si Lacan dit aussi que s’il y a une science du réel, c’est la logique, c’est que celle-ci fait détermine comment, à partir de prémisses, découlent inéluctablement des conclusions :  « l’impossible » donc. Les exemples d’une rationalité en acte sont légion chez Marcel Cohen : la description précise d’un élevage rationnel de porcs, à la limite du supportable. Ou on pose le livre, saisi d’horreur lorsqu’on lit qu’on faisait payer le billet de train aux déportés, avec demi-tarif pour les enfants, et gratuité au-dessous de quatre ans.

 

  • Il y a un troisième caractère qui est essentiel : c’est que le réel n’est jamais Un, il n’est jamais un tout. Le réel ne renvoie pas à une réalité totale, un monde, ou un univers dont nous ne verrions que certains aspects

 

Lacan ajoute que chaque élément est complet en lui-même, mais « qu’il n’y a que des ensembles, à déterminer dans chaque cas ».

 

Or, dans ces travaux de Marcel Cohen, ces « faits » qui ne sont pas triviaux justement mais toujours saisis dans une singularité, ou encore ces « détails » ne signifient pas : ils ne renvoient pas à un tout, ce ne sont pas les fragments d’un puzzle, même incomplet.

 

S’agit-il de fragments ?

 

« Le fragment comme propos déterminé et délibéré, assumant et transfigurant l’accidentel et l’involontaire de la fragmentation » écrivent Lacoue-Labarthe et Nancy, dans L’absolu littéraire.

Le fragment est un morceau d’un tout brisé ; il supposerait qu’il y a, ou qu’il y a eu un monde. Comme pouvaient le recréer Proust, ou Lowry, ou différemment, le constituant par un nouvel usage des langues, Joyce.

Disons qu’ici il y a écriture : est noté quelque chose de ce que Blanchot appelait le neutre : non pas tant ce serait sans forme, que ce qui nous obligerait à sans cesse lui donner une forme.

Le réel à quoi ouvrent ces livres est avant tout dispersion. Un mathématicien disait que le réel est discontinu, et que le continu n’en est qu’un cas particulier.

Tout de même, si Mallarmé dit qu’un coup de dés n’abolit pas le hasard (pour lui non plus le réel n’est pas un, il est fait de hasards) mais un jeu de dés, un procédé symbolique, peut faire une constellation.

 

*

 

Ces notations effectuent  un travail de mémoire.

Le passé, je le disais, est un impossible, il ne peut plus être autrement, mais la mémoire en est instable et s’efface.

 

Marcel Cohen nous dit pourquoi dans Sur la scène intérieure :

 

« les souvenirs les mieux établis [ne sont] pas menacés seulement par le temps. Ils [le sont] aussi par la prolifération et la multiplicité des ressemblances, comme par un jeu sans fin de miroirs » :

 

C’est vrai, le réel se dissout dans la réalité. La réalité est tissage d’imaginaire et de symbolique : imaginaire avec la multiplicité des ressemblances, symbolique puisque, à l’encontre de la démarche qui va au détail, il y a tant d’homonymes pour des choses si différentes !

 

Cette mémoire, est-ce qu’on pourrait espérer la ramener à celle de l’écrivain, comme on dit, « en personne » ; et, dans une association de psychanalystes, aborder l’auteur comme sujet. D’autant plus qu’il nous a fait la grâce de s’incarner et de venir parmi nous ! Laissons Foucault et la question de ce qu’est l’auteur, mais demandons naïvement : s’il y a mémoire, c’est celle de qui ?

 

Car à la lecture, la mémoire apparaît comme celle de quelqu’un, l’auteur, le personnage, en tout cas quelqu’un qui offre à identification : et nous lui prêtons une âme comparable à la nôtre, si bien que nous finissons par constater avec soulagement… qu’il s’agit de nous.

 

Est-ce le cas ici ? Est-ce que, dans cette œuvre, nous pourrions nous « reconnaître » ? Bien sûr ! en partie. Pourtant Marcel Cohen nous déroute. Ou il n’apparaît pas, s’efface dans quelque chose qui est comme relaté objectivement (le terme est fuyant, bien sûr) ; ou il apparaît à peine, désigné sobrement comme « un homme »

 

La mémoire est complexe : l’inscription en soi n’est nullement étonnante, mais bien plus l’effacement sélectif de presque tout, comme nous le dit Marcel Cohen – effacement d’ailleurs nécessaire à la pensée (ainsi le patient de Luria qui ne savait pas oublier avait quelques difficultés pour réfléchir). De quelle mémoire s’agit-il ici ?

 

Jacques Roubaud éclaire le problème en distinguant trois sortes de mémoire :

  • La première organise une projection de ce qui s’évanouirait autrement dans un espace analogue à un espace physique. Il y a de cette mémoire dans les livres de Marcel Cohen : il importe que ce dont nous voulons garder trace trouve place, scène, lieu analogue d’une certaine manière, propre à la projection de ce qui est raconté.

 

Au passage, disons que l’auteur ici nous fait nous sentir coupables : devant ce réel qui affleurait, où étais-je donc pour avoir été aussi inattentif ? Ces papiers gras et roses qui entouraient la viande du boucher, ils étaient donc restés dans ma mémoire, mais flous, puisque je les retrouve ici, et mieux que je ne les ai jamais perçus.

 

  • La seconde, je ne fais que la citer, serait la mémoire platonicienne, d’où nous pouvons nous souvenir des Idées, Eἴδη. Nous retrouvons dans ces relations de faits, quelque chose qui nous est commun en tant qu’hommes (au sens de L’espèce humaine d’Antelme). Idée de ce qu’est un homme, ou de ce qu’était un homme.
  • Mais il y a aussi une mémoire « poétique », liée à la lettre, à la ποίησις comme fabrication, à l’écriture.

 

Cette mémoire est forme : elle n’est pas pensée de quelque chose d’extérieur, appartenant à la réalité, qui aurait pu être dit autrement. Elle n’admet pas les synonymes. En cela chacun de ces textes (que nous imagions écrits avec tant de soin) est unique dans sa forme en « piégeant » le réel à sa manière à lui. Impossible de le dire autrement. Aussi, que Marcel Cohen ait été traduits en dix langues, comme nous l’a rappelé Esther Tellermann, laisse perplexe.

 

Évidemment, pour le psychanalyste, c’est à cette mémoire que ressortit la lettre, non pas écriture mais « support matériel que le discours concret emprunte au langage », support alors de l’inconscient.

 

Mais, je l’ai dit tout à l’heure, dans cette fixation du mémorable, que chez Marcel Cohen, une distance demeure et intimide. Ces fragments creusent une absence qui est non seulement l’effacement de l’auteur, mais aussi l’omission du lecteur : après tout, je pourrais souvent y rester indifférent, « charmé qu’il ne s’agisse pas de moi, et que rien ne m’y concerne à première vue ». Or je me trouve cerné – je veux dire comme un blanc au milieu de traits, ou comme la tache sur le visage du tableau de Saura que nous a proposé Marcel Cohen pour l’affiche de notre rencontre.

 

D’ailleurs, j’ai été frappé par un exemple : ce texte où l’auteur prend conscience que dans le métro, les gens qui attendent sur le quai d’en face sont somme toute dans un autre espace, ne le voient pas. Il n’est pour eux qu’une vague tache, un regard oublié, omis.

 

Pris au réel dans sa dispersion, ces mémoires renvoient à une absence.

 

Au réel, les psychanalystes s’intéressent directement, et non pas comme les scientifiques, pour y légiférer. Rappelons ici – avec Lacan bien sûr – trois points :

 

  • le réel, c’est ce dont on jouit (du réel de la Chose, mais plus précisément de l’achose),
  • le réel ne peut être abordé que par le langage, La pulsion est elle-même, dans le langage, elle est dérive (c’est ainsi que Lacan proposait de traduire Trieb), détour du rapport au réel.
  • le chemin, le désir, est le même pour un sujet donné.

 

Ce qui caractérise un sujet, son désir qui est visée d’une jouissance « perdue », c’est la forme de son rapport au réel.

 

Aussi la mémoire dans son rapport avec le réel nous concerne au plus haut point, et je reprends mes rubriques tirées de Roubaud :

  • que ce soit ce qui trouve lieu dans le souvenir,
  • que ce soit les « faits » (impossible qu’il en ait été autrement, et il y a un travail de démonstration)
  • que ce soient les « détails » qui trouvent forme dans une lettre précise, et ainsi seulement.

 

Ainsi, bien avant Daniel Arrasse, Freud s’était intéressé aussi aux détails dans l’art. Ainsi, dans Le Moïse de Michel-Ange (en 1914)

 

« Longtemps avant que j’aie pu entendre parler de psychanalyse, j’avais entendu dire qu’un connaisseur d’art, Ivan Lermolieff […]  avait opéré une révolution dans les musées d’Europe, en révisant l’attribution de beaucoup de tableaux, en enseignant comment distinguer avec certitude les copies des originaux, et en reconstruisant, avec les œuvres ainsi libérées de leurs attributions primitives, de nouvelles individualités artistiques. Il obtint ce résultat en faisant abstraction de l’effet d’ensemble et des grands traits d’un tableau et en relevant la signification caractéristique de détails secondaires, minuties telles que la conformation des ongles, des bouts d’oreilles, des auréoles et autres choses inobservées que le copiste néglige, mais néanmoins exécutées par chaque artiste d’une manière qui le caractérise […] Je crois sa méthode apparentée de très près à la technique médicale de la psychanalyse. Elle aussi a coutume de deviner par des traits dédaignés ou inobservés, par le rebut (« refusé ») de l’observation, les choses secrètes ou cachées. »

 

Mais bien avant lui, les psychiatres, je pense par exemple à un excellent manuel de sémiologie comme celui de Chaslin, ont transmis que la clinique s’intéresse toujours au détail, qu’elle est un rapport au réel. Il y a des symptômes qui indiquent la structure de la maladie. Le clinicien transmet à l’élève, lui apprend à repérer ce que sinon il laisserait échapper, il ne verrait pas, il ne saurait pas écouter (toujours à cause de la dissolution dans les ressemblances, la sympathie ou l’antipathie, la réalité commune). Rappelons que c’est Leuret qui a insisté le premier sur l’importance de noter un entretien pour savoir exactement ce qui a été dit,  et sans oublier les questions du médecin parce qu’elles encadrent le réel de ce que dira le patient ;

 

Freud, cinquante ans plus tard, à la même époque que le héros de Conan Doyle, enquête sur les choses secrètes ou cachées, comme il le dit ici. Mais ce sur quoi il s’acharne (et avec quelle passion, dans le cas de l’Homme aux loups) est la « scène primitive ». Et il s’oriente par le complexe de castration ; ou, pour le dire autrement, par une interprétation sexuelle du réel.

 

Est-ce la seule interprétation possible de ce réel impossible,  qui ne peut apparaître crûment que comme trou dans le tissu symbolique ?  Pouvons-nous supposer que c’était le cas dans  e monde d’hier (suivant le titre de Zweig) ?

 

En tout cas, dans les livres de Marcel Cohen, le lecteur est affronté au trou du réel, cerné par l’impossible du fait, matérialisé dans le détail, comme il nous le fait valoir. Or nous sommes n’y sommes pas renvoyés à la castration mais, directement ou obliquement, à l’horreur du génocide nazi.

 

Il me semble qu’il y a plusieurs manières de parler de la Shoah,

  • On peut mettre en scène la souffrance, parfois admirablement (je pense au Dernier des justes d’André Schwart-Bart) et lui donner un sens mythique.
  • Il y a une manière sèche, beaucoup plus claire et terrible, qui suscite l’horreur par la rationalité des chiffres. Il y a un livre chez Minuit, il me semble, je crois que c’est « La déportation des juifs d’Europe », qui relate cet inéluctable, cet « impossible que cela ne se soit pas passé ainsi ».
  • Et cette manière de Marcel Cohen, qui évoque les meurtres, et la déportation dans une sorte de pudeur qui loin de la masquer la fait valoir comme d’autant plus atroce.

 

Il faut rappeler, devant la beauté l’élégie de Rilke : « Car le beau est le commencement du terrible, ce que tout juste nous pouvons encore supporter ». Et il y a sûrement ici une relation entre la beauté indiscutable des textes, et l’horreur du réel qu’ils cernent.

 

Je n’ai pas parlé de ces portraits bouleversants qu’on trouve dans « Sur la scène intérieure ». Là aussi, ce sont des détails qui sont narrés, des faits, inéluctables, voire des photos (comme chez Breton, ou Sebald) qui font ressortir l’absence de Jacques, de Monique. Chaque trait renvoie à cette absence. « L’aura » du coquetier, et le terme est choisi avec prudence et pudeur par Marcel Cohen, c’est l’absence de Marie qui la lui donne.

 

Ces portraits ne prêtent pas à une reconstitution psychologique, ils sont biographiques parce qu’importe l’exactitude des faits ; Je suppose qu’on pourrait  tenter d’écrire une histoire de l’auteur, de ses rapports avec ses proches à partir des éléments qu’il nous livre, mais il s’agit pas de reconstitutions. Le psychanalyste laisse tomber son carnet et son crayon.

 

Ces portraits donnent chair aux victimes des assassinats, mais par des moyens qui leur sont propres. D’une manière nouvelle et essentielle, ces figures sont rendues sensibles comme ces silhouettes noires découpées, ombres cernées par les traits des ciseaux, et qui gardent en négatif, mieux que des portraits traditionnels, mystérieusement, quelque chose de vivant. Par ces notation, le ts ts de sa mère lorsque l’enfant lui prend la main gauche qui doit servir à masquer l’étoile jaune. Par les différents modèles de chapeaux de feutre de la modiste.

 

C’est pour cela que j’avais donné à la hâte pour titre à cet exposé « un livre dont le centre serait à la périphérie ». Je suppose que je me souvenais d’un passage de Blanchot que je ne retrouve pas. Nous n’y trouvons pas de centre.

 

Aussi est-on presque soulagé de rencontrer Marcel Cohen, et il est très étrange de pouvoir faire converger sur sa personne le faisceau de ces mots, de ces phrases, de ces détails, de ces faits que nous avons lus. Oui, c’est bien quelqu’un, avec une histoire saisissante et horrible, où interviennent le judaïsme, l’origine, l’histoire, le crime. Quelqu’un qu’on peut admirer, qui survécu par hasard, et qui nous raconte le rôle de personnes courageuses qui sont intervenues – souvent des femmes. Qui a un sourire, une poignée de main, une voix, il y a là une présence qui donne chair, origine, à ce qui nous a bouleversés en le lisant.

 

Pourtant quelque chose reste et inquiète. Sa présence vient masquer le réel incohérent, le centre vide que désigne chaque fragment, et qui pour lui a pris la figure du meurtre.

 

La psychanalyse nous donne des lumières, mais souvent l’artiste dit souvent mieux qu’elle et montre la voie. Par des moyens inhabituels, la description sèche, le détail, le fait, il renvoie non pas à la réalité, mais à un effet de réel, d’horreur – et aussi de beauté. Et à cette absence que nous avons en commun et qui est la seule chose qui nous lie.

 

 

 

 

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