« Il y a plus de vingt ans nous avons vu apparaître L’homme sans gravité – Jouir à tout prix. Nous lisons dans ce livre-entretien une thèse, un repérage clinique précurseur, le sujet contemporain allait se révéler affranchi, débarrassé du père. Charles Melman nous décrit finement les enjeux et les conséquences cliniques de cet affranchissement, pas toujours heureux certes, mais indéniablement moins névrotique. L’objet psychique cause du désir, fondé sur le manque et l’insaisissabilité se trouve d’avantage positivé, présent dans le champ de la réalité, objet des jouissances à portée de main, prêt à consommer et à consumer. Il semblerait que la perversion soit venue faire figure d’idéal, cela est-il un progrès à la névrose de papa ?
A partir de là, toute structure psychique (névrose, psychose et perversion) est soumise à ces mutations culturelles et subjectives, et par conséquence aux effets de ce jouir à tout prix. Oui, tout a changé, mais le malaise de notre espèce continue, le réel ne cesse de s’écrire dans son rapport au sexe, à la vie et à la mort. Il n’y a que l’éthique, à savoir, ce que chacun est prêt à supporter de sa propre jouissance, qui vienne faire boussole dans cette mer sans amarres. Voilà, ce que m’inspire L’homme sans gravité aujourd’hui. »
