Présentation de La Revue lacanienne n°21, Le marché de l'identité - Table ronde avec Pierre-Christophe Cathelineau, Marc Morali  
02 mars 2021

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Séminaire d'hiver

Présentation de La Revue lacanienne n°21, Le marché de l’identité

Table ronde avec Pierre-Christophe Cathelineau, Marc Morali

Directeur de la publication : Marc Morali

Comité de rédaction :

Norbert Bon, Pierre-Christophe Cathelineau, Jean-Louis Chassaing, Marc Darmon, Marie Jejcic, Angela Jesuino,

Charles Melman, Esther Tellermann, Anne Videau.

 

 

Claude Landman Nous allons continuer par une présentation du dernier numéro de la Revue lacanienne « Le marché de l’identité ». Cette présentation va être faite par Marc Morali, directeur de la revue. C’est lui qui a organisé et charpenté ce numéro qui est important parce qu’il abordant des questions sociales, politiques, le changement des mœurs et qui est dans le droit fil de ce séminaire d’hiver « Identification ou subjectivité ». Après la présentation de Marc, chacun des membres du comité aura l’occasion d’intervenir. Je passe la parole à Marc Morali.

Marc Morali

Avant de présenter ce numéro 21 de la revue lacanienne paru en novembre 2020, je voudrais rappeler qu’il a été initié en septembre 2019 et que les textes publiés ont donc été écrits depuis plus d’un an, bien avant que se décident les journées auxquelles nous participons. En écoutant les remarquables travaux exposés depuis hier, nous pouvons mesurer le chemin parcouru depuis quelques dix huit mois.

Le thème, le marché de l’identité, a été adopté par l’ensemble du comité de rédaction en référence à la fameuse phrase de Lacan « avec de l’offre je fabrique de la demande », mais aussi à partir de la lecture d’une statistique montrant que depuis que les théories de genre fleurissent aux USA, plus de 20 % des étudiants se sentent concernés et se posent des questions sur leur propre identité. L’offre ainsi produite induit la nécessité d’une question quitte à ne pas savoir exactement ce qu’elle signifie réellement. C’est un exemple important concernant la question de la mise sur le marché de réponses jusque-là non envisagées par la plupart des adolescents. Pour donner une idée plus précise, il faut savoir que le questionnaire d’admission à l’université de Palo Alto offre six items différents à la question du genre, qui remplace aujourd’hui la question jusque-là traditionnelle du sexe

Prenons d’abord le premier terme : l’identité. Ce terme a donné quelques boutons à certains amis de travail qui m’ont rétorqué que ce numéro relèverait de la sociologie. Je ne pouvais bien sûr pas accepter cette réponse tout en sachant que le terme identité lui-même posait un énorme problème dans le champ de la psychanalyse, depuis la formidable question de Freud, Psychologie collective et analyse du Moi. Il ne s’agit pas de savoir si oui ou non l’identité est un concept psychanalytique mais plutôt d’entendre ce terme d’identité comme à le lire sur une surface bilatère, recouvrement sans intersection de deux champs conceptuels.

Comme l’a dit Charles Melman dans l’introduction des journées de Grenoble : « L’identité concerne chacun d’entre nous parce qu’elle pose les problèmes à partir des symptômes que nous sommes amenés à vivre et dont les conséquences, quand il s’agit de l’identité, ne sont pas quelconques. ». Le terme qui vient là est symptôme ; ce qui nous amènerait à définir l’identité à partir de la possibilité de la repérer au travers de la question du symptôme, qui est sans doute la part la plus singulière de chacun d’entre nous mais qui, comme dit Freud au début de son enseignement, n’en reste pas moins qu’un compromis, compromis entre deux exigences de la structure, compromis qui indique déjà le deuil d’une supposée complétude.

Pour que cette identité puisse avoir quelque valeur dans le champ social, elle doit bien entendu être reconnue. Reconnue non pas seulement par le grand Autre mais aussi par le pouvoir temporel qui organise le champ social dans lequel nous vivons. Quoi qu’il en soit, il y a dans l’identité quelque chose qui nous échappe radicalement, qui échappe à tous les modèles pour essayer de la cerner parce que c’est le nom d’un lieu de compromis, c’est-à-dire un lieu où se tiennent les effets de suggestions propres à la foule, et en même temps, celui de l’ébauche d’une résistance à l’appel d’air du grand tout. L’identité est un terme biface : il y a dans l’enseignement de la psychanalyse, dans la lecture des séminaires de Lacan quelque chose qui, effectivement, pose en permanence la question d’un envers. Il y a toujours un envers comme s’il y avait toujours Lacan contre Lacan. Par exemple, un certain nombre de phrases ont été relevées hier comme propositions de travail. On pourrait, à chaque citation de Lacan, en opposer une autre, une autre phase de son travail, autour d’un point de balance qui serait le séminaire Encore. Car, dans celui-ci, il existe un renversement de la question du Réel avec l’apparition de ce que l’on pourrait désigner du terme de jouissance : « Il paraitrait que j’ai parlé d’amour, mais en fait j’ai parlé de la bêtise ! ». L’apparition du concept de jouissance introduit chez Lacan un bouleversement qui va atteindre à peu près toutes les définitions, toutes les notions qu’il avait amenées jusque-là. Prenons un exemple simple…, la question de la vérité. La vérité se voit transformer en varité c’est-à-dire en variété de vérité, en modes de vérité, en modulation possible de la vérité. Prenons celle du symptôme : Lacan dit du symptôme « qu’une interprétation se révèle juste que d’éteindre le symptôme ». A partir de la jouissance, il précise qu’il y a des symptômes qui ne s’éteignent pas complètement, avec lesquels il faudra inventer un savoir-y-faire. Il part bien sûr de l’idée qu’il y a quelque chose qui organise le symbolique, qui s’appelle le Nom du Père, avec toutes les transformations de cette formule que vous connaissez. Et l’amour pour le père pourrait organiser nos sociétés. Et il ajoute plus tard : « mais aujourd’hui, nous sommes à une époque où il est possible de ne pas aimer son inconscient ». Dans le séminaire la psychanalyse à l’envers, Lacan introduisait une lecture qui ne peut manquer — en tout cas c’est une proposition — d’évoquer la surface unilatère comme la bande de Moebius : il y a un envers mais cela n’implique pas qu’il soit le contraire de l’endroit : l’absence de contradiction indiquant un mécanisme inconscient sous-jacent. Nous ne sommes pas dans un principe torique et pour approcher la question de l’identité, il faut quitter l’idée de savoir si elle existe ou n’existe pas comme concept de la psychanalyse. Il est d’ailleurs très intéressant de constater que la sociologie réfute aussi la plupart du temps ce même concept !  Nous nous proposons dans ce numéro d’examiner ce qu’elle introduit, à savoir un autre espace de pensée au travers duquel nous pouvons aborder la clinique et les propositions théoriques non seulement comme un progrès dans la théorie mais comme l’influence de ce qui se joue dans le champ social sur la théorie de la psychanalyse elle-même.

Deux possibilités : soit on pense que la clinique que Lacan introduit avec les nœuds borroméens est un progrès dans la théorie, soit on pense que ce progrès ne peut être aperçu qu’à partir des modifications radicales que nous constatons dans le champ social. La clinique actuelle impose de penser les choses différemment.

Je donnerai deux exemples. Premier exemple : l’argument de nos journées convoque la question du Japon dont nous savons l’importance, Lacan allant jusqu’à dire : « les japonais n’ont pas d’inconscient ». Cela n’a pas été sans modifier son rapport à l‘inconscient et à considérer qu’il y avait plusieurs possibilités d’organiser la psyché humaine autour de quelque chose qui ne se donne pas aussi simplement que cela dans notre culture. Je vous rappelle à ce propos cette phrase poétique : « sous le pont Mirabeau coule la scène primitive », que je propose de traduire par « chaque civilisation voit la question du sexuel sous un angle qui lui est propre, et qui se déplace suivant les époques ». Le deuxième exemple concerne le travail de Charles Melman, qui est fondateur des derniers développements dans notre institution, c’est la parution de L’homme sans gravité, qui postule tout simplement l’existence d’une « nouvelle économie psychique », liée à la nécessité de prendre en compte ce qui se passe dans le champ politique. Donc l’identité ne peut être abordée aujourd’hui qu’à travers les signifiants qui organisent le champ social, et dont nous tirons la possibilité de nous identifier et de soutenir notre singularité.

Venons-en à la question du marché. Le terme « marché », dans notre proposition de travail, fait tout simplement référence à la phrase de Lacan concernant les évènements de Mai 1968. Nous nous souvenons tous du fameux « il est interdit d’interdire » sur les murs de la Sorbonne, à propos duquel il s’exprimera au cours de son séminaire, je le cite de mémoire : « Vous ne voulez plus de maître, vous en aurez un qui sera plus terrible que tous ceux que vous avez connus jusque-là ». Il visait là quelque chose d’une position de Maître sans auteur, d’un système qui, un fois lancé, fonctionnerait tout seul. Je ferai ici remarquer que les théories complotistes qui pullulent sur nos réseaux ne sont rien qu’une tentative paranoïaque désespérée de symboliser ce qui est perçu souvent comme une machine à broyer toute tentative de défendre la singularité. Le délire est une tentative de guérison !

Le marché, c’est l’endroit où l’on va acheter… quoi ? ce qui est promis au travers d’une offre, celle de pouvoir acquérir tout simplement tous ces objets, toutes ces idées, toutes ces néo-organisations quasi-claniques qui ne sont rien d’autre que la promesse de résoudre ce qui caractérise la jouissance du parlêtre c’est-à-dire d’être amputé d’une part non récupérable. Lacan appelle cela « « la jouissance marquée par une flétrissure », en opposition avec la jouissance sans limite. Le parlêtre se trouve dans l’impossibilité de retrouver la première trace de la jouissance en tant qu’elle ne se satisfaisait pas d’un objet du monde, mais d’une hallucination. C’est une position très freudienne, qui n’est pas contredite par les dernières propositions de Jacques Lacan et des maîtres qui ont suivi.

Il y a là quelque chose d’irrécupérable, d’inatteignable, et ce que nous appelons aujourd’hui le marché, c’est le dévoiement de l’objet dont parle Karl Marx, dès le début du Capital, et dont Lacan fait usage, dans les leçons du séminaire qui suivent les évènements de Mai 1968, en rapprochant la plus-value de ce qu’il nomme le plus-de-jouir. Karl Marx avance des formules prophétiques, comme celle de la perversion de l’objet et précise que le fétichisme de l’objet est introduit dans le champ social par la possibilité de sa fabrique industrielle. Beaucoup plus tard, Walter Benjamin reprendra cette idée, avec « l’œuvre d’art à l’époque de sa reproduction industrielle… ». Cette fabrique de l’objet vient proposer la possibilité, dans le marché ainsi perverti par le système qui nous occupe maintenant depuis deux siècles, d’acheter objet qui viendrait obturer, annuler le manque à jouir (et donc le manque à être) qui caractérise, pour Freud déjà, la structure de l’appareil psychique humain.

Nous avons donc réuni deux termes qui n’appartiennent pas au même champ conceptuel, mais ne peuvent pas faire autrement que de se recouvrir puisque, comme le dit Charles Melman dans le texte cité plus haut, c’est là que nous vivons. C’est le pari de ce numéro, celui d’essayer de déplier ces différentes articulations pour essayer de clarifier ce qui, au cours d’une psychanalyse, se produit pour un parlêtre. La psychanalyse n’empêche pas d’exister, disait déjà Freud en son temps. Nos patients viennent à la psychanalyse pour essayer de continuer à vivre, c’est-à-dire de rendre vivable d’une part ce qui pousse de façon continue, le Drang de la pulsion, à la recherche de la satisfaction, conforme à la structure dont nous sommes nous-même le produit, et d’autre part, ce qui relève du désir, une singularité difficile à soutenir : le peu d’être que l’on ne rencontre que dans l’objet a, au plus proche de ce que Lacan a appelé « le sujet réel »,  en 1955, au cours du séminaire intitulé  les formations de l’inconscient. La notion de sujet réel est introduite par la prise en compte de ce « qu’il faut bien sûr là quelque chose d’un réel ». Et il précise : « Un Dieu, un animal, on ne sait pas ce que c’est, mais il faut là quelque chose qui soit un pont entre l’identité et un réel », C’est ce qu’il appelle le « Je ». Il y a toujours du Je dans le Moi. En moi, l’enjeu c’est le Je. On a traduit ce Ich allemand par Moi ! Entre le Ich, le Je et le Moi, il y a le savoir de l’élangue. C’est la raison pour laquelle un certain nombre de choses n’ont pu être inventées qu’en allemand et d’autres ne peuvent être dites autrement qu’en français.

Le symptôme, comme modèle de l’identité, peut disparaître sous une interprétation, ce qui avait amené Freud à utiliser pour la première fois le mot Sujet : Das Neues Subject, c’est ce qui jaillit lorsqu’une interprétation réussie fait tomber un certain nombre d’identifications imaginaires, c’est un nouveau sujet, nouveau à chaque fois, qui se renouvelle non-identique à lui-même, sinon sur le mode de postuler qu’il existe un Sujet Réel auquel nous n’aurions en effet aucun accès par le sens. Mais quand un symptôme ne peut pas céder devant l’interprétation, nous avons effectivement la nécessité de recourir à quelque chose qui viendrait — Lacan dit — « se cristalliser » — et introduire à cet endroit la question du temps, une structure de défense, ce qui effectivement n’est pas sans poser problème.

Voilà donc en quelques mots le projet qui était au départ de l’élaboration de ce numéro.  Le sommaire du numéro en atteste par la diversité des textes proposés. L’actualité par exemple, en analysant l’effet de l’irruption du Covid dans notre monde, irruption dont on peut se poser la question de savoir si elle ne donne pas de l’intrication de l’intime et du champ sociétal un éclairage tout-à-fait nouveau au point de ne plus savoir si l’on souffre d’un virus singulier ou du mal du siècle. Il est aussi question de jeux vidéo, des écrivains, de l’art, de Joyce… Il y a plusieurs façons de lire une revue : la première est d’y faire le marché des idées ; la seconde — mais les deux sont compatibles — est d’essayer d’y lire ce qui peut se donner à lire, à savoir la façon dont chacun, du point où il en est de sa singularité et de son expérience, va essayer de trancher de cette difficulté que représente le rapport de l’identité au marché.

Claude Landman  Excellente présentation qui marque bien les enjeux de la revue. Je propose de donner la parole tout de suite à Pierre-Christophe Cathelineau pour une brève intervention qui permettra de lancer la discussion.

Pierre Christophe Cathelineau 

Le thème de la revue est le marché de l’identité. Ce numéro s’interroge sur les transformations des problématiques de l’identité dans son rapport avec le développement de l’économie de marché. Il constate que le sujet est aujourd’hui sollicité par une offre identitaire multiple et qu’il peut choisir d’investir tel ou tel identité en fonction du malaise qui le traverse. C’est pourquoi la métaphore de la couture a été utilisée dans l’édito : prêt-à-porter ou sur mesure, c’est ainsi que se présente l’identité aujourd’hui, comme un costume acheté, prêt à porter ou sur mesure, auquel vient s’ajuster le sujet.

Ainsi le premier article met-il en évidence ce que doit au déclin du phallus et du Nom du Père la prolifération des identités, quand le second souligne à travers les nœuds de trèfle qu’implique l’identité contemporaine la logique à l’œuvre dans la fixation paranoïaque d’identités imaginaires ou réelles : cela va du réveil populiste de l’identité nationale aux nouvelles identités de genres trans et non-binaire qui prétendent maintenant régir le champ de la sexualité humaine. Identité convulsive qui a peut-être aussi à voir avec une fétichisation. Alors fixation paranoïaque ou fétichisation, telle a été l’enjeu du questionnement poursuivi par la revue au cours de ce numéro, à mi-chemin entre une réflexion sur la psychose ou la perversion sociale pour penser l’identité.

Un certain nombre d’article renvoient comme il se doit au séminaire de Lacan sur l’Identification et au chapitre de Massenpsychologie sur l’identification, en soulignant combien toute analyse de l’identité chez Freud comme chez Lacan suppose la référence aux trois formes d’identification. Il y a d’abord l’identification réelle par incorporation, que Freud associe au père originaire et que Lacan va effleurer sans véritablement l’explorer. Il y a ensuite l’identification symbolique au trait unique, prélevé de l’Autre qui constitue dans le séminaire sur l’Identification le point d’ancrage de la théorie lacanienne de l’identification et qui est un véritable fil conducteur dans ce séminaire jusque et y compris pour la topologie du tore et des traits de comptage des tours de la demande. Il y a enfin l’identification imaginaire par contagion, qui est aussi un fil conducteur du séminaire : une jeune fille dans un pensionnat reçoit une lettre de rupture d’un amoureux, elle pleure et les autres jeunes filles pleurent aussi par contagion, identification du désir au désir, emprunt de l’objet du désir virtuel. « Tout l’effort de Lacan dans le séminaire va être d’insister sur ce que la psychanalyse doit à cette identification imaginaire » nous dit l’un des rédacteurs de ce numéro. Elle est parfois aussi le gage d’une identité aussi factice que fugace, semblant et faux semblant.  

En tout cas, dans l’article Personnes à risque l’identité a bien été pointé aujourd’hui comme symptôme que les réseaux sociaux et les jeux vidéo viennent faire fleurir dans la clinique des adolescents sur la base de cette identification imaginaire.

Le rappel de ce que doit à l’idéologie nazie le mythe de l’identité raciale est là pour nous avertir face à des catégories cliniques qui héritent subrepticement du nazisme, tel l’autisme Asperger, auquel le bon docteur Asperger, ex-nazi reconverti dans la clinique de l’autisme, a donné ses lettres de noblesse.

Il aura été donc maintes fois relevé que Freud parle moins d’identité que d’identification, pour insister sur le fait qu’il existe trois identifications sur lesquels peut prendre appui un sujet dont l’identité n’est que le résultat et qu’à l’heure où l’identification au trait unaire est devenue plus incertaine et plus erratique avec le déclin des noms du père, le développement de l’objet de jouissance addictif dans le capitalisme, qui réunit les affranchis,  et le triomphe des techno-sciences la proclamation d’une identité, quelle qu’elle soit, pose question. Un détour par les espaces virtuels des jeux video, par l’identité en mouvement des auteurs d’autofiction,  ou par la poésie ou l’art contemporains suffit pour en convaincre : ces évolutions disent l’atteinte portée à la métaphore dans le sillage de nouvelles identités fluctuantes. On assiste à une désesthétisation de l’art et de la littérature. 

Est-il toujours bienvenu d’entendre-encore dans la revue- que l’inconscient n’aime pas l’identité, et que ce n’est certes pas au principe d’identité que se réfère Lacan lorsqu’il parle du signifiant, toujours différent de lui-même ? Et pourtant c’est vrai. Et cependant si ce n’est pas vrai du symbolique, il y a dans ce réel qui revient toujours à la même place quelque chose d’identique pour tous, comme le révèle l’affirmation de Freud en haut de l’Acropole. Mais s’agit-il encore d’identité, quand il s’agit pour le psychanalyste d’y renoncer et de se confronter à cette expérience de la différence absolue où il découvre que le manque inauguré par la chaîne signifiante ne permet pas de conclure à une fixité du côté des signifiants et de l’identité. Mais c’est la différence absolue que le trait unaire rend possible laissant ouvert le parcours autour de cet objet cause du désir, voire de cette lettre, dont se soutient le désir pour un sujet.

Je crois que ce numéro de la revue aura peut-être répondu à son titre- ne soyons pas triomphaliste- et qu’il essaie de donner à notre association la position d’un bien dire, quand l’espace public est saturé par le fracas de polémiques sans argumentations et d’assignations dans l’accusation. Il le fait en résonnance avec les travaux qui s’y poursuivent comme aujourd’hui. Nous gardons comme notre bien le plus précieux cette possibilité qui nous est donnée de penser la clinique contemporaine avec la distance du discours psychanalytique et c’est le but que nous nous sommes assignés avec cette revue que nous élaborons grâce à une réunion par mois de notre comité de rédaction et à travers des échanges passionnants, souvent vifs que notre nombre relativement restreint permet d’apparenter à des échanges de cartel.

Nous avons fait un effort de présentation par une couverture écarlate agrémentée d’un montage photographique et multicolore qui rappelle à la fois Magritte et Andy Warhol : c’est une série d’hommes au chapeau melon de dos dont chaque élément est différent de celui qu’il suit ou qu’il précède, identités formant marché où l’identification au trait finit par poser problème. Qu’ils soient quatre n’est pas non plus un hasard, puisque c’est finalement au quatrième rond du symptôme que se réfère l’identité quand elle est le symptôme des temps nouveaux. Tel a été notre propos sur le marché de l’identité.     

Claude Landman  Merci beaucoup Pierre-Christophe. Vous avez été obligé de faire vite mais il y a beaucoup de choses dans ce que vous avez avancé. Il y aura sûrement l’occasion de discuter certains points. Alors je vous propose d’avancer de la manière suivante. Est-ce qu’il y a parmi les membres du comité de rédaction ou parmi les collègues qui ont écrit dans ce numéro et après ces deux présentations, y-a-t-il des questions ? J’en profite pour vous dire à quel point je suis content d’acceuillir Jean Allouch qui nous a rejoint. Il est vrai qu’il est agréable que ces collègues viennent en présence au local de l’ALI. Il aura l’occasion de faire son intervention un petit peu plus tard mais sur ces questions de l’identité il a beaucoup réfléchi et beaucoup travaillé.

Jean Allouch  Pas beaucoup, non…

Claude Landman  Pas beaucoup, non ,il ne s’y est  pas beaucoup intéressé…enfin il nous y a intéressé il y a bien longtemps. S’il a le souhait de participer à la discussion, ce sera avec plaisir. En attendant est-ce qu’il y a parmi les membres du comité de rédaction…

Marie Jejcic  Bonjour à tous, les présentations ont été très complètes donc il n’y a pas grand-chose à ajouter mais je voudrais dire peut-être personnellement la chance d’avoir une revue de cette qualité-là dans le paysage aujourd’hui, proposée à la réflexion, une chance parce que c’est d’une très grande diversité. Je voudrais aussi signaler qu’il y a des intervenants du comité de rédaction de l’association mais pas seulement, il y a également des gens qui ne sont pas psychanalystes, c’est une chose importante. Par ailleurs il y a un traitement fondamental des différents traitements de ce thème et par différents abords. Cela Pierre Christophe Cathelineau et Mar Morali l’ont dit. Il y a également un abord clinique sur les adolescents, la façon dont notre modernité fait de l’identité un marché. Et puis je voudrais ajouter et j’en aurais terminé, le cabinet de lecture propose différentes références qui ne sont pas forcément psychanalytique. Il y a Fossel, Nicole Lapierre mais il y a également des références à des livres décisifs comme celui de notre amie Jeanne Wiltort (« Mais qu’est-ce que c’est donc d’être noir ? ») et Christian Fierens sur le principe de jouissance. Je voulais juste vous raconter cela. Oui c’est une chance d’avoir un document aussi riche car l’intérêt d’une revue, ce n’est pas forcément d’être lue comme un livre du début jusqu’à la fin mais c’est de pouvoir s’y reporter à chaque fois qu’on le souhaite, et de trouver là une substance suffisamment riche pour pouvoir y trouver son intérêt. La dernière petite chose c’est que l’identité genrée n’est pas abordée dans ce volume mais je pense que l’on peut avancer qu’il le sera dans le prochain numéro. Voilà ce que je voulais ajouter.

Claude Landman – Merci Marie, merci beaucoup. Jean-Louis Chassaing.

Jean-Louis Chassaing – Voilà, je dirai juste un mot et non pas seulement sur le numéro le marché de l’identité mais comme étant au comité de rédaction, je voudrais dire qu’il y a des discussions entre les différents membres du comité de rédaction et des discussions intéressantes, importantes et parfois vives et qui amènent parfois à refonder le thème choisi au départ avec d’une part cette possibilité de reprendre des concepts psychanalytiques mais aussi, comme c’est le cas avec ce numéro, la possibilité d’attraper les choses de l’actuel ou du contemporain. L’actuel et le contemporain, ce n’est pas tout-à-fait la même chose, ce qui est délicat, difficile parce que cela demande à la fois de l’invention mais aussi de la rigueur, avec les concepts qui nous ont été légués par Freud, Lacan et Charles Melman. Je suis d’accord avec Marc lorsqu’il dit que parler à ce sujet-là lorsque l’on attrape les concepts ou des difficultés dans le champ de l’actualité, ça n’est pas de la sociologie, c’est essayer de travailler avec nos concepts psychanalytiques des choses, ou nouvelles, ou contemporaines et ça donne des discussions passionnantes au comité de rédaction.

Marc Morali – Je voudrais ajouter deux choses. D’abord, je remercie Pierre-Christophe Cathelineau de rappeler le contenu de la revue. Le numéro en cours, « le corps » fait suite aux deux précédents et je citerai le numéro qui précédait – « le refus de savoir » – qui n’était rien d’autre qu’un traitements de la question des fakes news et ce que Lacan a appelé les varités. On voit bien qu’aujourd’hui ce qui a bougé — et c’est peut-être l’ouverture du débat — c’est le rapport au réel.

Lacan dit quelque part qu’il n’a pas de modalité possible sans un accord sur la vérité. Le déploiement des modalités n’est possible que, si et seulement s’il y a un accord sur la vérité. On voit bien que ce qui caractérise notre époque, c’est l’émergence des varités et de ce que le dictionnaire d’Oxford avait appelé « post-thrue ». Nous sommes à l’époque de la post-vérité c’est-à-dire que toutes les vérités deviennent équivalentes, que chacun peut trouver dans sa vérité quelque chose qui ferait assise, permettant une identification qui soit en même temps pseudo-singulière, on pourrait appeler cela une particularité, et en même temps faire des petits c’est-à-dire avoir des « followers » sur les réseaux sociaux, c’est-à-dire qu’on ne s’identifie jamais de soi-même mais parce qu’il y a quelques autres, ( vous reconnaitrez ici la paraphrase de la formule de Lacan concernant le s’autoriser ).

La deuxième chose qui me semble tout aussi importante c’est qu’il y a dans le concept d’identité, quelque chose de biface qui nous oblige à penser…on pourrait dire contre nous. Il m’est venu à propos du « ou » à propos duquel Claude Landman avait dit dans le titre de ce séminaire « subjectivité ou identification », qu’on pouvait se poser la question de savoir si c’était un OU inclusif ou un OU exclusif. Il me venait à l’idée que quel que soit le choix, cela faisait penser à une lecture possible du « il n’y a pas de rapport sexuel de Lacan ». Dans la tradition qui est celle de quelques-uns d’entre nous, il est dit d’Adam que Dieu lui donna une femme en fabriquant une aide contre lui. Nous ne pouvons penser que contre un signifiant, nous ne pouvons penser le plus souvent que contre une orientation et peut-être est-ce cela le rôle du maître de nous donner parfois, dans l’idée d’un choix, la possibilité de penser contre ou pour ce choix, à savoir une aide contre ce qui pourrait dans notre pensée apparaître comme totalitaire. C’est toute la question de l’identité, de l’identification et peut-être même celle de la fin de l’analyse.

Angela Jesuino  Je voulais aussi dire un mot en emboîtant le pas à Marc. Je trouve très heureux qu’il parle par le biais de la présentation de la revue. Ce terme d’identité s’ajoute au débat que nous avons démarré hier sur la question de l’identification ou subjectivité. Ce que nous avons essayé de travailler dans ce numéro de la revue avec ce titre passionnant, c’est de savoir avec quoi fabriquons nous une identité aujourd’hui, à partir de quoi et la question de l’offre et du marché mais aussi la façon dont la fabrication de l’identité vient mettre en question l’identification et la subjectivité elle-même. Ce numéro de la revue rentre parfaitement dans le cadre de nos débats d’aujourd’hui et ne fait que l’enrichir et non du point de vue sociologique mais du point de vue clinique, individuelle et collective.

Claude Landman – Y-a-t-il d’autres questions ?

Thierry Florentin – J’ai surtout, pour ma part alerter, évoquer, reconstituer les conditions dans lesquelles se fait une assignation identitaire, cela dans le cas de figure d’Asperger, des critères médicaux qui s’avèrent au final complètement idéologique, de l’idéologie de l’époque, de la période, qui conduisent à la stigmatisation si ce n’est à l‘extermination. J’ai trouvé cela particulièrement pertinent par rapport à la période actuelle d’autant que le destin par un curieux retournement d’ailleurs, le destin de ce signifiant s’est retourné, s’est transformé en revendication identitaire afin de se démarquer d’un diagnostic encore plus péjoratif qui est celui de la schizophrénie. Voilà j’ai voulu mettre en lumière ce qui m’a semblé actuel avec toutes les revendications identitaires, la cancel-culture et autre, qui nous tombent dessus, qui nous viennent des USA notamment mais pas que. Je me suis appuyé sur la sociologie, le travail de deux historiens de cette période : Edith Scheffer, « les enfants d’Asperger » et un historien viennois qui a fait un travail plus fouillé pour retrouver les survivants de cette période-là.

Claude Landman – Je conseille à chacun de lire, s’ils ne l’ont pas déjà fait, cet article très fouillé, très précis et très orientant de Thierry Florentin « Monsieur Asperger ». Y-a-t-il d’autres question ? Stéphane Thibierge ?

Stéphane Thibierge – Je ne souhaite pas particulièrement discuter de telle ou telle chose, ça me paraît très riche, c’est un exposé de travaux, c’est plus que de poser une hypothèse qu’il y aurait à discuter. Parmi les questions qui ont été évoquées tout à l’heure, il y a le moment, comme Marc Morali l’a dit, où Jacques Lacan a déplacé la question vers le champ de ce qu’il a appelé la jouissance et comment cela nous donne l’occasion de remarquer -c’est très banal de le faire- combien … Cela concerne la question de l’identité parce que lorsque nous évoquons la jouissance, nous savons aussi, et l’analyse nous l’apprend tous les jours, combien il est difficile de déplacer si peu que ce soit la jouissance d’un parlêtre, d’un corps parlant c’est-à-dire qu’il est vrai que l’identité, nous y tenons, le symptôme qui est une des manifestations les plus parlantes que l’identité, et bien, nous y tenons. Et c’est pour cela que la jouissance, c’est difficile à déplacer…pour toutes ces raisons, je trouve bien venu qu’un numéro de notre revue viennent questionner cette notion. Un mot très rapidement : l’identité nous la rencontrons…Ah oui peut-être une remarque quand même, à propos du concept, à propos des concepts, la psychanalyse, évidemment la psychanalyse travaille avec des concepts, c’est tout-à-fait important, il faut le rappeler et il est évidemment souhaitable que ces concepts soient aussi affutés et rigoureux que possible mais néanmoins nous n’avons pas au concept le même rapport que d’autres disciplines puisque le concept -Lacan disait qu’il était entré dans la psychanalyse avec une balayette qui s’appelait le stade du miroir-, il faut rappeler que le concept dans son acception philosophique traditionnelle ancienne, le concept participe de cette identification imaginaire première que le petit parlêtre rencontre sur son chemin pour son plus grand…je ne sais pas s’il faut dire bonheur ou malheur, en tout cas qu’il va le rendre un peu dingo pendant toute sa vie c’est-à-dire, vous savez, cette espèce de façon avec laquelle il va faire tout, il va faire Un dans le registre imaginaire…Et bien le concept, je le rappelle juste ici, le concept est une modalité de cette montée imaginaire. C’est pourquoi Freud se méfiait des concepts, il avait toujours peur d’être pris dans leur histoire. Il disait par exemple que ses histoires de cas, il craignait qu’on les lise comme des romans, à cet égard et je pense que c’est pour nous important de remarquer -pardonnez-moi ça paraît très banal- que quand nous travaillons par concept en tant qu’analyste à la charnière entre ce qui fait identité imaginaire et ce qui fait la logique du signifiant, une logique essentiellement différentielle qui empêche ou qui rend difficile, tout comme celle de la parole, de prendre assise sur une identité. C’est pourquoi nous trouvons chez Freud et surtout chez Lacan… par exemple, un exemple parmi beaucoup d’autre, je ne parlerai même pas de la topologie qui l’illustre tout au long mais juste l’exemple de ce que Lacan a donné dans le séminaire les quatre concepts de la psychanalyse, il amène la nasse. Il l’amène comme un cercle (complétude conceptuelle) qu’il troue avec l’objet a, ce que nous pouvons éprouver toutes les fois où nous essayons de parler de nos difficultés, nous éprouvons justement tout ce qui tend à se figer dans l’identité dans une parole est quand-même troué par la référence à quelque chose de l’ordre du réel  qui vient contrecarrer, remettre en question nos tensions, nos efforts souvent calamiteux pour figer les choses. Je voulais juste rappeler que le concept c’est quelque chose qu’un analyste respecte beaucoup puisque c’est un instrument de travail en sachant aussi que si nous avons besoin de prendre appui sur l’écriture, si nous avons besoin de prendre appui sur la topologie, si nous avons besoin de prendre appui sur la parole telle qu’elle vient c’est parce que nous devons être attentifs à la manière dont, tout comme nous tenons à nos symptômes, nous tenons à nos identités y compris conceptuelles. Si la revue vient questionner cela et bien tant mieux.

Claude Landman – Est-ce que Marc Darmon tu veux dire quelque chose ?

Marc Darmon  Je participe au comité de rédaction de cette revue et je peux reprendre ce qui a été dit c’est-à-dire le caractère passionnant de nos discussions qui vont jusqu’à remettre en question le thème choisi pour le numéro à venir. C’était assez frappant aussi de la cohérence entre le travail de l’association et le travail de la revue. Eh bien, il y a des échanges entre le travail du comité de rédaction et les différents groupes dans le choix des orientations du séminaire de Lacan à l’étude durant cette période de réflexion. Je suis frappé par le caractère volontairement actuel du thème choisi pour la revue. Marc le rappelait tout à l’heure, le refus de savoir c’est quelque chose qui est apparue de façon évidente ces dernières années, les vérités du post-vérité et le caractère du Nom propre comme désignateur rigide à travers les mondes possibles, c’est en échos…On en est là. La question du corps, Marc veux-tu qu’on en parle ? pour le prochain numéro de la revue. Nous attendons de l’Ali un soutien pour alimenter le travail à venir cette année.

Claude Landman – Marc Morali est-ce que tu veux intervenir, rapidement sur le prochain numéro ?

Marc Morali – Oui, je voudrais, pour répondre à Stéphane, dire un petit mot sur la notion de concept. Cela m’a rappelé deux choses. La première c’est le fameux rêve d’Anna Freud ; on voit bien qu’elle perçoit tout-à-fait la dimension infinie des mots qui s’alignent : les fraises, les framboises… tout ce qui pourrait faire concept à partir de l’objet interdit, de l’objet de transgression et qu’elle ponctue par hasard par son nom propre. Il faut bien que cette dérive imaginaire trouve un point d’arrêt. On peut imaginer un collier de perles sur le fil duquel on ferait un nœud et qui ferait que lorsque qu’on le bouge un peu, les perles ne foutent le camp. Tu as bien sûr raison de souligner que si nous écrivons, si nous utilisons des nœuds c’est pour nous épargner d’utiliser dans la théorie l’irruption de cet imaginaire dont Lacan disait que nous avons une théorie névrotique de la névrose. Totem et tabou est un produit névrotique. Le fait de parler nous condamne à introduire dans ce que nous disons de la psychanalyse, immanquablement, une dimension imaginaire. C’est important ce que tu as dit.

Par ailleurs, pourquoi le corps aujourd’hui ? parce qu’il me semble que nous ne parlons que de cela. Il n’est question que du corps et de tout ce que nous lui faisons subir. Auparavant il y avait de l’hystérie, un peu de conversion par-ci, un peu de mise en scène par-là… Aujourd’hui c’est un peu plus violent. On prétexte une théorie fumeuse pour le torturer, pour le couper, le découper, l’augmenter, le façonner…Il m’est venu une impression et je m’arrêterai là-dessus. Aujourd’hui l’homme fabrique son corps à son image, cela résume le procès et le progrès que nous essayons de faire valoir difficilement dans le prochain numéro. L’homme d’aujourd’hui fabrique son corps à son image.

Claude Landman  C’est très intéressant ce que tu dis là parce que cela rejoint ton point de départ, à savoir qu’avec l’identité, du deuil à faire de la complétude et il est bien évident que cette aspiration à la complétude se manifeste et s’éprouve le plus souvent dans le confort narcissique, qui renvoie dans le confort d’une image de soi garantie par un idéal. Les temps ont changé mais le marché aujourd’hui de l’identité est un marché qui propose ce qui serait la possibilité de ne pas faire le deuil. Les grandes idéologies nationalistes ont permis d’éviter à avoir à faire le deuil de la complétude et de se penser comme Un, en référence au leader. Mais aujourd’hui, on voit bien que cette dimension a un peu changé, encore qu’elle soit encore latente, mais que le marché de l’identité c’est peut-être aussi tout ce que l’on propose sur le marché qui permet effectivement d’avoir à faire le deuil de la complétude. Cela ne marche pas évidemment, ça ne peut pas marcher, il y a un obstacle structural réel à ce qu’il y ait la permanence d’une complétude. C’est prometteur que le prochain numéro soit consacré au corps et aux éclats du corps. Y-a-t-il quelqu’un qui voudrait intervenir ?

Marie Jejcic – J’ai oublié de citer un ouvrage très intéressant, celui de notre ami Thierry Roth Les affranchis et la question des addictions qui figure dans la revue avec un excellent article de Jean-Louis Chassaing.

Claude Landman – S’il n’y a plus d’autre question…ça a été un véritable échange. Nous allons prendre dix minutes de pause et ensuite nous entendrons l’intervention de Jean Allouch.