Wesh, wesh, qu'est-ce qui se passe ?
16 mai 2002

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VINCENT Denise
Billets



Qu’est-ce qui se passe dans certaines cités ? Dans le film de
Rabah Ameur Zaîmeche nous sommes à Montfermeil, en Seine Saint Denis à la Cité des Bosquets où ce cinéaste compte des amis et des membres de sa famille. Kamel, le héros du film est un personnage d’une grande vraisemblance interprété par le producteur lui-même. Kamel sort de prison où il a purgé sa peine mais comme est algérien sa peine est doublée de la remise aux frontières. Il est revenu clandestinement en France, il est sans papier et sans travail. Il est de plus soumis à l’arnaque des vigiles et aux tracasseries d’une police anonyme qui peut le coincer à chaque instant et l’expulser. Ce film est une fiction, mais il se nourrit d’observations très fines. Dans cette communauté où le lien social se dégrade du fait de l’exclusion, les parents de Kamel font tout ce qu’ils peuvent. Sa mère possessive mais chaleureuse infantilise ses fils, se montre xénophobe quand une jeune femme française devient amoureuse de Kamel. Kamel de son côté, grand frère responsable ne peut empêcher pour ses frères la petite délinquance, le trafic du haschich et le chapardage.

Ce qui frappe dans cette réalité désolante, mais qui est décrite sans misérabilisme, c’est à quel point ces jeunes garçons maltraitent la langue française, comme si l’école avait été impuissante à leur faire acquérir cet outil indispensable à leur intégration. Ces garçons désœuvrés, qui semblent toujours attendre on ne sait quoi. Il est cependant des moments de poésie avec des paysages bucoliques quand Kamel part à la pêche et des moments comiques avec une partie de golf improvisée. Ce cinéaste est assez remarquable par sa mesure et son désir de montrer sans appuyer ce qui est la véritable douleur d’être tenu à l’écart. Il est trop facile d’accabler les hommes politiques et leur insuffisance. Lionel Jospin avait promis d’annuler la double peine pour les délinquants primaires. Cette mesure risque d’être renvoyée pour longtemps.

Quelles vont être les mesures prises dans l’urgence dont le Président fait sa priorité pour lutter contre l’insécurité ?

Nous avons plus à craindre de la montée des communautarismes et de leurs affrontements. Il y a plus à craindre des minorités qui ressassent leurs différences et leur isolement.