10ème Chambre, instants d'Audience", film de Raymond Depardon
09 juillet 2004

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VINCENT Denise
Billets



Elle est admirable de calme, de clarté et d’humanité, Madame la Présidente du Tribunal. Elle montre bien que pour elle, expliquer la procédure aux prévenus et le but de la peine aux délinquants, est l’essentiel du rôle qu’elle a à jouer dans notre société. La peine devrait toujours avoir pour objectif d’amener le condamné et le public à une réflexion. La 10ème chambre juge des délits mineurs dans un souci de rapidité pour tenter de désencombrer les tribunaux.

Deux caméras fixes, selon un cadrage unique, filment, l’une le juge et le procureur, l’autre le prévenu avec ou sans avocat. Il s’agit de délits récents. L’audience réunit des marginaux déjà familiers de la cérémonie et monsieur et madame Tout le monde qui ont violé la loi et sont convoqués pour la première fois.

Les uns et les autres ont des réactions opposées, ceux qui se débattent avec des mensonges, ceux qui s’enferment dans des attitudes de déni et ceux qui se font humbles dans l’espoir de sortir au plus vite de ce passage angoissant.

Raymond Depardon, grâce à un montage rigoureux, ne dramatise pas, évite les effets. C’est la Comédie humaine de notre époque qu’il saisit sur le fait.

Les personnalités sont mises à nu. Ce qui prédomine c’est la rigueur du regard de Depardon et l’émotion qui se dégage de la confrontation de la justice la plus humaine représentée par madame le juge et des coupables et des victimes.

Dans ce temps où la Justice se présente un peu comme une machine à broyer les vies comme dans le procès Outreau, il est réconfortant de voir son autre visage au quotidien. Raymond Depardon, il y a dix ans avait laissé tourner sa caméra dans les couloirs du tribunal avec "Délits Flagrants", au moment où les accusés s’apprêtaient à affronter la Justice. Les 12 affaires mineures qu’il nous présente aujourd’hui peuvent un peu nous rassurer sur la sérénité de nos magistrats.