Contardo Calligaris ha muerto / La mort de Contardo Calligaris
07 avril 2021

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SOTA Maria-Elena
Hommages

Contardo Calligaris ha muerto.

Con mucha pena hemos sabido hoy de la muerte de nuestro colega y maestro Contardo Calligaris. Él nos visitó en Chile en los últimos años de la dictadura, por ahí por 1988. Un hombre muy apuesto, inteligente, culto. Psicoanalista, pero también escritor, guionista y quién sabe qué más. De origen italiano, sin embargo un hombre del mundo, más allá de su tierra natal. Nosotros lo conocimos viniendo de Francia, hablando perfectamente el francés. Lo había invitado Michel Thibaut quien dirigía el primer grupo lacaniano en nuestro país, el GIEP (Grupo de Investigación y Estudios Psicoanalíticos). Pronto supimos que Contardo vivía una parte del año en Brasil donde se desempeñaba como psicoanalista y escritor. Tuvo por años allí una columna en el diario Folha de São Paulo. Más tarde supimos que vivía en Nueva York, ejerciendo también esos dos oficios. Últimamente estaba radicado en Brasil. Una excelente serie brasilera llamada “Psi” tuvo como guionista a Contardo Calligaris. En efecto, a él le interesó llevar el psicoanálisis más allá del consultorio. Siempre estuvo comprometido con la vida cultural de los países donde vivió. Recuerdo que nos dijo, en aquellos años de fin de la dictadura en Chile y de los albores del psicoanálisis lacaniano en nuestro país, que era importante que nos acercáramos a los circuitos donde se estaba gestando la cultura, que no nos quedásemos encerrados.

Nos tocó hacer una reseña de su libro Clínica diferencial de las psicosis, antes de que éste apareciese en castellano, para la revista del GIEP, El Discurso Psicoanalitico.

Recuerdo varias conferencias suyas en Santiago: una en el hospital psiquiátrico Dr. J. Horwitz Barak, otra en el local de la ONG ILET (Instituto Latinoamericano de Estudios Transnacionales), esta última abierta a un público más amplio que el de los profesionales de la salud mental. También dio una conferencia en el Instituto francés, en su hermoso antiguo local, de la calle Merced y otra en la Universidad Diego Portales. Algunas de sus conferencias: “La seducción totalitaria” y “La sexualidad femenina” quedaron plasmadas en la revista ya mencionada. Contardo hablaba claro, no “en difícil”. Se dirigía al público que tenía delante suyo. Tenía la virtud de tornar el psicoanálisis asequible a los oídos de quienes lo escuchábamos o leíamos. Y era creativo. Un psicoanalista osado, que le daba vida a los conceptos y se atrevía a proponer modalidades de trabajo innovadoras.

Dije “maestro”, pues de veras nos enseñó asuntos que se nos han quedado grabados hasta el día de hoy, asuntos operativos para nuestro qué-hacer clínico: “dejen su yo colgado en el perchero antes de entrar a la sesión con sus pacientes”, por ejemplo. Nos hizo ver que las preguntas que nos avergonzaban porque estimábamos que eran de nivel de Kindergarten eran las fundamentales.

Nos enseñó el respeto a los pacientes psicóticos: esos pacientes son a menudo para toda la vida, nos dijo, luego de hablarnos de la errancia de estos por las ciudades.

También nos marcó su mirada del lazo social: nos habló – insisto: eran años de dictadura aún en Chile –de la obediencia total como perversión, un sujeto que no asume sus actos en nombre propio, que no se hace responsable.

Definitivamente le interesaba lo que acaecía en la calle, tanto como lo que se da en el consultorio.

Gracias por lo que nos transmitiste, Contardo Calligaris. Nos inspiras y nos sigues haciendo trabajar.

Vuela Contardo liviano a seguir descubriendo quién sabe ahora qué horizontes, tu que fuiste un viajero siempre.

El Grupo psicoanalítico PLUS te rinde homenaje. Siempre formarás parte de los cimientos de nuestra formación. Así te seguiremos recordando y dialogando contigo a propósito de nuestros desafíos actuales, pues nos ayudarás a seguir desentrañando la clínica que nos interpela hoy y la sociedad en la que vivimos.

Santiago, 30 de marzo 2021.


La mort de Contardo Calligaris

C’est avec beaucoup de peine que nous apprenons aujourd’hui la mort de notre collègue et maître, Contardo Calligaris.

Il nous avait rendu visite au Chili dans les dernières années de la dictature, vers 1988. C’était un homme très beau, intelligent, cultivé, psychanalyste mais aussi écrivain, scénariste, et qui sait quoi encore. D’origine italienne, il était pourtant, au-delà de sa terre natale, un citoyen du monde. Nous l’avons connu venant de France, parlant parfaitement le français. Michel Thibaut qui dirigeait le premier groupe lacanien dans notre pays, le GIEP (Groupe d’Investigation et d’Études Psychanalytiques) l’avait invité. Nous avons très vite appris que Contardo vivait une partie de l’année au Brésil, où il exerçait comme psychanalyste mais aussi comme écrivain. Il a tenu pendant des années une chronique dans le journal Folha de Sao Paulo. Plus tard, nous avons appris qu’il vivait à New-York, où il exerçait aussi ces deux métiers. Ces derniers temps, il était retourné au Brésil. Il a été le scénariste d’une excellente série brésilienne, Psi. En effet, il voulait sortir la psychanalyse du cabinet. Il a toujours participé à la vie culturelle des pays où il vivait. Je me souviens qu’il nous disait, dans ces années de la fin de la dictature au Chili et à l’aube de la psychanalyse lacanienne dans notre pays, qu’il était important de rester proche des circuits où la culture était en devenir, de ne pas  nous laisser enfermer.

Nous avions fait paraître un article à propos de son livre Pour une clinique différentielle des psychoses, avant qu’il ne soit publié en espagnol, dans la revue du GIEP, El Discurso Psicoanalitico.

Je me souviens de quelques-unes de ses conférences à Santiago, une à l’hôpital psychiatrique Dr J. Horowitz Barak, une autre au local de l’ONG ILET (Instituto Latinoamericano de Estudios Transnacionales). Cette dernière était ouverte à un public plus large que celui des professionnels de la santé mentale. Il a aussi donné une conférence à l’Institut français, dans son bel édifice ancien, rue Merced, et une autre à l’Université Diego Portales. Certaines de ses conférences, « La séduction totalitaire » et « La sexualité féminine » ont été publiées dans la revue sus-mentionnée. Contardo parlait clairement, pas en langage difficile. Il s’adressait au public qu’il avait devant lui, il avait l’art de rendre la psychanalyse accessible à ses auditeurs ou à ses lecteurs. Et il était créatif, un psychanalyste hardi qui donnait vie aux concepts et proposait des modalités de travail innovantes.

J’ai dit maître car il nous a transmis un enseignement qui nous fait travailler jusqu’à aujourd’hui, un questionnement pertinent pour notre savoir-faire clinique : « Laissez votre moi accroché au porte-manteau, avant d’aborder vos patients » par exemple. Il nous a montré que les questions dont nous aurions pu avoir honte parce que nous les jugions enfantines étaient fondamentales.

Il nous a enseigné le respect dû aux patients psychotiques : « Ils sont nos patients pour la vie », nous disait-il, après nous avoir parlé de leurs errances dans les villes.

Il nous a aussi marqué par sa vision du lien social. Il parlait – j’insiste, c’étaient les années de dictature au Chili – de la perversion de l’obéissance totale chez un sujet qui n’assume pas ses actes en son nom propre, qui ne s’en reconnaît pas la responsabilité.

Décidément, il s’intéressait à ce qui se passait dans la rue aussi bien que dans son cabinet.

Merci pour ce que tu nous as transmis, Contardo Calligaris, tu nous inspires et nous continuerons le travail.

Vole, Contardo, continue de découvrir la lumière de qui sait aujourd’hui quels horizons, toi qui fus toujours un voyageur !

Le groupe psychanalytique  PLUS te rend hommage. Tu as toujours contribué au ciment de notre association. Ainsi nous continuerons avec ton aide, nous nous en souviendrons et dialoguerons avec toi sur les défis actuels, en poursuivant notre questionnement sur la clinique d’aujourd’hui et la société dans laquelle nous vivons.

Santiago, le 30 mars 2021.

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