HOMMAGE À CHARLES MELMAN
Après Sigmund Freud et Jacques Lacan, Charles Melman est de la lignée des médecins neuropsychiatres psychanalystes cliniciens qui considèrent la psychanalyse comme la sœur aînée de la médecine où l’on dépose les doléances du corps et de l’esprit réunis quand le lieu de l’Autre vient à manquer. Charles Melman faisait corps avec la médecine, la psychanalyse, sa pratique, son enseignement, son école.
L’Homme sans gravité, sa nouvelle économie psychique, témoigne d’une lucidité pénétrante dans la description de l’homme postmoderne sans limites à la jouissance. La dysphorie de genre nous alerte devant les dérives anthropologiques qui compromettent aujourd’hui les attributs du genre humain. Aux progressistes scientistes qui nous promettent un monde sans limites où tout est possible, il répète que la saturation des objets de la demande ne saurait combler le manque de l’objet du désir « C’est une illusion de pouvoir espérer réaliser une jouissance qui serait un peu plus satisfaisante que celle que nous offre la différence des sexes et l’identité sexuelle toujours conflictuelle.»
L’une de ses dernières préoccupations était « Le symptôme de Lacan ?» Au cours de cet ultime séminaire, c’est le symptôme du psychanalyste qu’il interroge, le sien et le nôtre, nos inhibitions et nos angoisses face au réel de l’objet insaisissable. Il ne cède rien aux concepts de la psychanalyse ni au désir de l’analyste.
Avec tous ceux qui l’ont aimé, suivi, croisé, accompagné, ou simplement écouté, je partage la peine.
Merci Charles Melman.
Philippe Collinet