Jorge Cacho est mort paisiblement, en sa ville de San Sebastián, ce 6 mai 2023, à l’âge de 83 ans.      

Est-il nécessaire de rappeler l’importance de son implication dans les activités et travaux de l’Association lacanienne internationale depuis plus de cinquante ans ? Arrivé à Paris, depuis Rome où il avait quitté son engagement catholique chez les jésuites, il participe en 1992 à l’organisation du colloque consacré au syndrome de Cotard tenu à la Salpêtrière avec les Docteurs Marcel Czermak et Yves Baumstimler. Ces travaux, dans la suite de sa thèse consacrée au syndrome de négation et publiés par l’A.L.I., font référence dans le champ psychiatrique comme dans le champ psychanalytique et sont à l’origine d’une amitié indéfectible auprès de Marcel Czermak. Ce lien s’est associé à un engagement dans le cadre de l’École Psychanalytique de Sainte-Anne, dont il a constamment soutenu les travaux, organisant à San Sebastián des journées d’études régulières au cours de ces dernières années.

À la demande de Charles Melman, il avait fondé avec Claude Landman et Denise Sainte-Fare-Garnot, le Collège pour les Psychanalystes en Formation qu’il dirigera jusqu’à son retour à San Sebastián.

Ses travaux, écrits et interventions sont innombrables, rappelons juste la tenue de son séminaire consacré en 2015 à une Approche freudienne et lacanienne de la théologie chrétienne, dans le cadre de L’École Pratique des Hautes Études en Psychopathologie.

Depuis son installation à San Sebastiàn, il y a plus de dix ans, il avait su maintenir ses engagements avec l’ALI et l’École de Sainte-Anne, mais aussi avec certains de ses analysants.

Nombreux parmi nous savent la valeur inestimable de son amitié, cette philia qu’il tenait comme enjeu essentiel de son existence, l’attention pour ses proches comme à ses patients et cette capacité à se montrer d’une présence sans faille aux temps cruciaux d’un parcours de vie. Son parcours lui-même aura été constitué de choix courageux successifs qui témoignent d’une fidélité dans ses engagements intimes et du maintien d’une position analytique qui savait allier l’attention à la dimension tragique de toute existence et le maintien d’une délicatesse et d’un humour plein de tact auprès de chacun.

Christiane Lacôte-Destribats, Nicolas Dissez